Le Beauvau de la sécurité, une réflexion sur les forces de l’ordre lancée par le Gouvernement, s’est clos sur un discours du président de la République, mardi. Ian Boucard était l’un des députés à avoir suivi l’ensemble des débats. Il livre son analyse de cette conclusion. Et des espoirs déçus.
Le Beauvau de la sécurité, une réflexion sur les forces de l’ordre lancée par le Gouvernement, s’est clos sur un discours du président de la République, mardi. Ian Boucard était l’un des députés à avoir suivi l’ensemble des débats. Il livre son analyse de cette conclusion. Et des espoirs déçus.
Ce mardi 14 septembre, l’initiative gouvernementale du Beauvau de la sécurité s’est achevée dans le Nord, à Roubaix, par un discours du chef de l’État, accompagné de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, et Éric Dupont-Moretti, ministre de la Justice. « Je l’ai vu à la télévision comme vous », relève, avec sarcasme, le député Les Républicains du Territoire de Belfort, Ian Boucard. Il était l’un des deux députés à suivre les travaux du Beauvau de la Sécurité, une réflexion engagée par le Gouvernement pour moderniser la politique de sécurité intérieure. Elle a duré près de neuf mois. Des séries de tables rondes et de visites ont été organisées tout au long de cette période, dont une à Belfort et Montbéliard (lire notre article).
« Il y a eu des échanges intéressants avec les forces de l’ordre, les représentants du personnel et le ministre, qui a joué le jeu », convient le député. Mais cela ne l’empêche pas d’avoir un peu d’amertumes. Les annonces formulées par le président de la République dès la fin du Beauvau montre « que beaucoup de décisions ont été prises en amont ». Le parlementaire n’a même pas eu le temps de rédiger « ses comptes rendus ». Ils ne seront vraisemblablement pas lus.
Campagne électorale
Le chef de l’État a annoncé une rallonge de 500 millions d’euros au budget des forces de l’ordre, en 2022, qui s’ajoutent aux 900 million d’euros annoncés par Jean Castex rappelle Francetvinfo. Les dépôts de plainte seront possible en ligne en 2023 et une « instance parlementaire de contrôle des forces de l’ordre » est programmée.
Il a aussi notifié sa volonté de renforcer la présence des policiers et gendarmes dans la rue. « On annonce 10 000 personnes de plus, relève le parlementaire. Comme au début du mandat. » Sont-ce les même 10 000 ou 10 000 encore supplémentaires questionne Ian Boucard. Ce dernier rappelle que Gérard Darmanin veut moins de monde au commissariat et plus dans la rue. « Mais on manque aussi de monde dans les bureaux pour mener des enquête, déplore Ian Boucard. Le délai d’enquête est extrêmement allongé. » Il regrette de ne pas avoir entendu Emmanuel Macron sur la réforme du code de procédure pénale ni sur le temps de procédure.
S’il reconnaît les efforts liés à l’investissement dans les véhicules et le projet de revoir les tenues, il regrette l’absence de réflexions sur la qualité au travail et un travail sur les parcours de carrière. « Il faut s’attaquer aux raisons du manque d’attractivité de la profession », estime-t-il. « Ce n’est pas sûr que d’avoir un calot à la place d’une casquette change quelque chose », pique Ian Boucard.
Pour lui, ce discours n’est pas celui d’un chef d’État, mais plutôt les promesse « du candidat Emmanuel Macron ». « Ce qu’il a dit, ce sera pour le mandat suivant ». Il en veut pour preuve le report, à 2022, de l’étude de la prochaine loi de programmation sur la sécurité intérieur (Lopsi). Va-t-il finalement rédiger le rapport ? « Ce n’est pas perdu, sourit-il. Car nous discuterons de Lopsi, nous pourrons faire des amendements [à partir de ce travail]. »