C’est un évènement symbolique. À partir du 10 septembre, au plus tard, la 308 ne sera plus produite par l’usine Stellantis de Sochaux, refermant une parenthèse de 14 ans. C’est une étape de plus vers Sochaux 2022, la nouvelle organisation de la production en cours de déploiement. Pour les uns, c’est un virage déterminant pour l’avenir, pour d’autres, un exemple supplémentaire d’une casse de l’emploi.
C’est un évènement symbolique. À partir du 10 septembre, la 308 ne sera plus produite par l’usine Stellantis de Sochaux, refermant une parenthèse de 14 ans. C’est une étape de plus vers Sochaux 2022, la nouvelle organisation de la production en cours de déploiement. Pour les uns, c’est un virage déterminant pour l’avenir, pour les autres, un exemple supplémentaire d’une casse de l’emploi.
À partir du 10 septembre, l’usine Stellantis de Sochaux va tourner une page importante de son histoire*. On ne produira plus la Peugeot 308, lancée en 2007. La production s’arrête le 9 septembre. La deuxième génération de ce modèle, produite depuis 2013 et restylé en 2017, a été fabriquée à 1 310 000 exemplaires à Sochaux indique la direction de l’établissement. Au-delà du modèle, cet arrêt entraîne une révolution. L’usine n’aura, dorénavant, qu’une seule ligne de production. C’est l’une des dernières étapes vers l’organisation Sochaux 2022, en mono-flux, qui doit assurer la pérennité pour les prochaines décennies de l’usine sochalienne, avec un investissement de 200 millions d’euros (retrouvez ici notre article sur la dernière phase du chantier). La nouvelle ligne sera totalement opérationnelle à l’été 2022.
« Avec cette ligne fermée, on va former le premier bataillon d’opérateurs du système 3 (le nom de la nouvelle ligne de production, NDLR) », explique-t-on du côté de la direction de l’usine. « Cet arrêt permet la poursuite de Sochaux 2022 », ajoute-t-on. Des éléments de cette ligne de production seront aussi démontés et remontés dans le nouveau bâtiment de montage. L’arrêt a été « progressif », insiste un porte-parole de l’usine, qui rappelle également les formations mises en place. La CFE-CGC, syndicat catégoriel de cadres et techniciens, se dit très vigilante sur les formations qui doivent être dispensées aux équipes transférées. « Nous attendons de vraies formations. Une personne qui quitte son poste ne doit pas être parachutée sans compétences ni informations sur une nouvelle mission », relève Christelle Toillon, de la CFE-CGC.
« Quasiment tout le monde connaît son point de chute », rassure la direction. Les salariés du système 1, qui produisait la Peugeot 308, sont redirigés vers le système 2, qui produit les Peugeot 3008 et 5008, ou le système 3. Pour cette dernière, les salariés préparent la mise en route de la nouvelle ligne de production. Ils assureront les essais, dont celui du premier passage d’un véhicule, programmé le 13 décembre. La direction précise que les salariés ont pu émettre des souhaits sur les tournées du système 2 (journées ou nuit) qu’ils voulaient rejoindre. Une possibilité de mobilité vers l’usine de Mulhouse, avec une prime de 4 500 euros.
Moins d’intérimaires
L’arrêt de cette ligne, qui comprend près de 400 personnes actuellement, signe « un coup d’arrêt pour l’emploi dans la région », dénonce Éric Peultier, délégué syndical Force ouvrière. La CGT parle même de « casse de l’emploi », dixit Jérôme Boussard, secrétaire général du syndicat à l’usine Stellantis de Sochaux. Si les salariés sont redéployés, ce n’est pas forcément le cas des intérimaires. « Il y aura pas mal de fin de contrats pour les intérimaires dans les jours à venir », dénonce Jérôme Boussard. Selon les sources, on évoque ainsi le départ de 250 à 300 personnes. En termes de pertes d’emploi, « l’impact [réel] est difficile à évaluer », relève un porte-parole de l’usine. L’impact est « considérable » pour le pays de Montbéliard, observe François Guillerey, de l’Unsa.
Au 30 juin, le site comptait 6 746 salariés en CDI et CDD, dont 3 974 opérateurs en production. À cela s’ajoutaient 680 intérimaires. Le volant d’intérimaires va donc encore se réduire. « On n’aura plus 2 000 intérimaires comme on a eu il y a deux ans », relève Éric Peultier, qui replace les effectifs de l’usine, dans le temps long : au 31 décembre 2012, on comptait 11 293 salariés à Sochaux, auxquels s’ajoutaient un millier d’intérimaires. « Nous avions proposé d’autres solutions pour lisser la production et réduire la cadence, rappelle Jérôme Boussard, dans une logique travailler moins pour travailler tous. »
« Contexte hyper perturbé »
« Socialement, ce n’est pas facile à gérer, dans un contexte hyper perturbé par le covid-19 et la crise des semi-conducteurs », analyse Benoit Vernier, délégué syndical CFDT. La ligne de production des 3008 et 5008 fonctionne difficilement et les prévisions ne sont pas réjouissantes pour l’automne. « La crainte avec Sochaux 2022 et avec ce qu’on vit à l’heure actuelle, c’est d’avoir un site à l’arrêt complet en cas de gros problème », embraie justement Éric Peultier. C’est par exemple le cas de l’usine de Rennes, cette semaine, mais aussi celui du site italien de Sevelsud ou d’Eisenach en Allemagne. Selon le syndicaliste, le site peut aussi se retrouver en difficulté s’il y a un mauvais choix de véhicules. « Avec deux lignes, on limite le risque », estime-t-il. Avec le lancement du futur flux, dans les mois qui viennent, les salariés de Sochaux vont guetter l’attribution de nouveaux véhicules à l’usine. SI le nouveau 3008 sera bien fabriqué à Sochaux, le nouveau 5008 n’est pas encore confirmé.
François Guillerey relève que l’on réduit fortement les capacités de production de Sochaux. « Avant, on produisait 110 véhicules par heure, contre 60 demain », calcule-t-il. La diminution de la production va aussi avoir des conséquences sur les sous-traitants, selon lui. Certes, l’avenir industriel de l’automobile de l’usine de Sochaux est assuré par ce nouvel investissement conséquent, mais « il est urgent de réfléchir à une reconversion, à d’autres activités pour le pays de Montbéliard », estime-t-il.
La nouvelle génération de la 308 sera produite par l’usine Stellantis de Mulhouse. Cette production doit relancer cet établissement, qui n’a produit que 50 000 véhicules en 2020 (DS7 et Peugeot 508), contre 230 000 en 2019, selon l’Agence France Presse.
- La situation étant délicate actuellement, la production pourrait même s’arrêter avant, en cas de pénurie de semi-conducteurs. Au plus tard, la Peugeot 308 sera produite à Sochaux jusqu’au 9 septembre.