Dans un communiqué publié très tôt ce jeudi matin, l’industriel McPhy confirme avoir présélectionné Belfort pour installer son usine d’électrolyseurs. L’objectif est de débuter la production au premier semestre 2024.
Dans un communiqué publié très tôt ce jeudi matin, l’industriel McPhy confirme avoir présélectionné Belfort pour installer sa gigafactory d’électrolyseurs alcalins. L’objectif est de débuter la production au premier semestre 2024 dans cette usine, qui s’installera à l’Aéroparc de Fontaine. Plus de 400 emplois sont à la clé. – mis à jour le 20 mai à 10h24
McPhy confirme le choix de Belfort pour installer son usine d’électrolyseurs alcalins, nouvelle génération. Ces équipements doivent permettre de fabriquer de l’hydrogène par électrolyse de l’eau. Le Territoire de Belfort était en concurrence avec des sites dans les Hauts-de-France et en Auvergne-Rhône-Alpes.
La production doit débuter au premier semestre 2024, « avec une montée en charge progressive jusqu’à atteindre une capacité de 1GW par an », annonce l’industriel dans un communiqué de presse publié très tôt ce jeudi matin. Cette usine implique un investissement de 30 à 40 millions d’euros projette McPhy. À pleine charge, cet outil doit permettre la création de 500 emplois, dont 400 en France et une centaine en Allemagne et en Italie, où l’industriel, dont le siège est dans la Drôme, a des sites. Ces sites sont à Wildau, en Allemagne, et à San Miniato, en Italie. Belfort se situe entre les deux. “Fort de cet investissement majeur dans son outil industriel, McPhy disposerait d’une capacité annuelle totale de production équivalente à 1,3 GW2, en phase avec les perspectives de croissance des marchés de l’hydrogène vert, notamment celui de l’industrie lourde”, observe l’industriel dans son communiqué de presse. “La Gigafactory McPhy est un outil stratégique pour répondre aux enjeux de compétitivité, à travers le renforcement et la pérennisation de la position de leader de McPhy sur le marché des électrolyseurs alcalins et la matérialisation d’économies d’échelle permettant de diminuer drastiquement le coût de l’hydrogène vert produit par électrolyse par rapport aux énergies carbonées”, complète McPhy.
L’usine de Belfort est positionnée sur la haute-technologie confirme McPhy dans sa communication. Ce choix repose sur quatre raisons : existence d’un écosystème industriel, de recherche et développement, dédié à l’innovation et à l’hydrogène, et existence de partenaires potentiels au sein de la filière ; bassin d’emplois industriels et environnement attractif ; localisation géographique au sein d’un carrefour de l’Europe, facilitant les interactions avec les autres sites McPhy, mais également les activités d’approvisionnement et livraison ; support des parties prenantes publiques avec des mesures d’accompagnement sur les aspects tant économiques, techniques ou fonctionnels qu’administratifs pour faciliter la gestion et le déploiement du projet.
L’écosystème du nord Franche-Comté compte sur le centre mondial R&D sur les réservoirs hydrogène de Faurecia, sur le centre de certification Isthy, sur l’industriel Gaussin qui a pris le virage de l’hydrogène, mais aussi le FC Lab, plateforme de recherche dédiée à la pile à combustible et à l’hydrogène.
Un investissement de 30 à 40 millions d'euros
« Cette future usine aura vocation à jouer un rôle majeur dans le passage à l’échelle industrielle de l’électrolyse, condition indispensable pour que l’hydrogène vert atteigne les objectifs de décarbonation fixés par le gouvernement français et les autorités européennes », salue Pascal Mauberger, président de McPhy. « Ce centre d’excellence dédié à l’industrialisation et la production en série nous donnera les moyens de nos ambitions technologiques et industrielles sur le segment des électrolyseurs, observe de son côté Laurent Carme, directeur général de McPhy. Le groupe transformera l’avance qu’il détient dans l’électrolyse alcaline pressurisée, technologie mature et éprouvée pour les projets hydrogène de grande taille, en un avantage compétitif et industriel durable. »
McPhy a notamment déposé un dossier pour obtenir un financement européen, l’IPCEI hydrogène. Ce fonds vise à soutenir la R&D et l’industrialisation pour accélérer le déploiement de la filière hydrogène. L’obtention de cette aide conditionne cet investissement massif confirment plusieurs sources. L’industriel espère confirmer définitivement son implantation à la fin de l’année 2021.
Le choix de Belfort permet à l’industriel de bénéficier également de 10 millions d’euros de la part du fonds Maugis (notre article), un fonds de 50 millions d’euros chargé de ventiler la pénalité de 50 millions d’euros de General Electric pour non création de 1 000 emplois après le rachat d’Alstom énergie en 2015. Cette aide a été “décisive”, selon Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté.
Conforter la place de Belfort dans l'hydrogène
“Le choix de Belfort conforte l’écosystème de la Vallée de l’Energie et illustre pleinement l’attractivité pour les porteurs de projets du Nord Franche–Comté. Il témoigne également de notre engagement, aux côtés de la filière, pour la diversification de l’activité du territoire et pour le conforter comme un des pôles européens en matière d’ingénierie de la transition énergétique », commente Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. Pour Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée, en charge de l’industrie, cette implantation est “un nouveau témoignage de l’émergence d’une véritable filière française de l’hydrogène qui maîtrise toutes les briques technologiques pour produire et utiliser de l’hydrogène bas carbone”. Marie-Guite Dufay relève : “Ces importants investissements publics permettent de faire de l’hydrogène une filière structurante, forte et pourvoyeuse d’emplois. Belfort, poumon industriel de la région, est ainsi enfin conforté.”
Pour Jean-Marie Girier, préfet du Territoire de Belfort, ce choix vient “conforter le positionnement pionnier du Territoire sur l’hydrogène, et récompense un travail étroit et inédit entre les services et opérateurs de l’État,Grand Belfort Communauté d’Agglomération (GBCA) et la région Bourgogne Franche-Comté”. Un travail de concert salué par Damien Meslot, maire Les Républicains de Belfort et président du Grand Belfort. “Tout le monde a travaillé dans le même sens”, apprécie-t-il, glissant également que l’Aéroparc de Fontaine est désormais plein, avec cette nouvelle implantation. “Une action collective” félicitée aussi par Christophe Grudler, député européen MoDem. Ce dernier veut agir à l’échelle européenne, « tout particulièrement dans le cadre du Projet Important d’Intérêt Européen Commun (PIIEC) sur l’Hydrogène qui devrait aboutir fin 2021 avec la France, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne et la République Tchèque ».