200 personnes ont manifesté, ce jeudi 22 avril, contre le plan social dans la filière nucléaire de General Electric, à Belfort. Les salariés ont décidé d’envoyer une lettre à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, lui demandant d’organiser une table ronde pour négocier l’avenir de l’entité.
Sihame Saady
200 personnes ont manifesté, ce jeudi 22 avril, contre le plan social dans la filière nucléaire de General Electric, à Belfort. Les salariés ont décidé d’envoyer une lettre à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, lui demandant d’organiser une table ronde pour négocier l’avenir de l’entité.
Les premières notes de musique retentissent et c’est le moment pour la foule d’entamer une marche d’un pas déterminé. Il est 10 h 15. le cortège s’ébranle depuis le bâtiment 329, à Cravanche, vers la porte de la Découverte à Belfort. Orange, rouge, noir, rose: chaque syndicat arbore ses couleurs, preuve d’un engagement affirmé à la cause.
Pour les salariés de General Electric, ce n’est pas une énième manifestation, mais une action décisive pour sauver la filière Steam de General Electric. “L’objectif, c’est de sauver la totalité des emplois”, confie Céline Marconnet, salariée de la branche concernée par le plan. Malgré les visages fermés, qui témoignent de la longue attente d’un dénouement en leur faveur, tous veulent se battre pour conserver les 144 emplois encore menacés par le plan de sauvegarde de l’emploi. Ils peuvent également compter sur le soutien de collègues d’autres secteurs qui ont décidé de défendre la cause. “On se doit de les soutenir”, déclare Elena Ballet, contrôleur de projet chez GE.
À la fin de la manifestation, les salariés approuvent l’envoi d’un courrier à Bruno Le Maire, ministre de l’Économie. “Nous vous demandons donc, monsieur le ministre de l’Économie, […] de bien vouloir réunir une table ronde comprenant, outre vous-même, General Electric, les représentants du personnel et les collectivités du territoire, pour examiner la solution d’un moratoire du PSE”, demande l’intersyndicale à travers la lettre. Un moratoire qui doit permettre de revoir ce plan au regard de l’activité et surtout de discuter un éventuel rachat par EDF.
Un plan social de 45 millions d’euros
Selon l’intersyndicale, le plan social met à mal la réalisation de plusieurs projets. La potentielle construction de 6 nouveaux EPR, réacteurs nucléaires de troisième génération, et la poursuite du projet d’Hinkley Point C, en Angleterre, en sont les parfaits exemples. Et pour elle, la décision de General Electric de lier cette suppression de postes à la volonté d’arrêter les projets charbons n’est qu’un prétexte. “La conversion progressive des équipes du Charbon vers l’îlot conventionnel nucléaire est largement avancée. Nos équipes travaillent encore marginalement sur les dernières commandes Charbon enregistrées. Notre carnet de commandes nucléaire neuf représente environ six années de chiffre d’affaires, et le chiffre d’affaires prévisionnel de notre société n’est pas impacté par le plan, donc pas impacté par la sortie du charbon, ni d’ailleurs par les réductions d’effectifs prévues”, expliquent-ils.
Un rapport du cabinet Secafi atteste d’ailleurs que le plan avait pour seul visée une dimension économique. “Un changement majeur du modèle économique pour garantir une forte profitabilité en 2023, dans lequel le prix payé par les salariés est important”, avancent les experts.
Les représentants des salariés s’indignent également du manque de considération de projets futurs dans la branche nucléaire par la direction.
« Inacceptable »
“Cela est inacceptable” affirment Damien Meslot, maire Les Républicains de Belfort et président du Grand Belfort, Marie-Guite Dufay, présidente socialiste de la région Bourgogne-Franche-Comté, Florian Bouquet (LR), président du conseil départemental du Territoire de Belfort, le député Ian Boucard (LR) et le sénateur Cédric Perrin. Soucieux de la situation que traversent les salariés de General Electric, ils s’engagent chacun de leur côté à écrire au ministre de l’Économie. “Les élus apportent leur soutien aux organisations syndicales et exigent un moratoire sur toutes les suppressions d’emplois”, confirment les élus. Ils ont reçu une délégation de l’intersyndicale, ce jeudi matin.
“Le temps presse avant que l’irrémédiable ne soit commis, à savoir faire courir un risque industriel majeur sur les affaires déjà en cours ou enregistrées, et, par extension, sur la pérennité de nos activités”, s’alarme l’intersyndicale dans le courrier. La fin de la procédure d’information et consultation est prévue le 18 mai.
Selon les syndicats, General Electric a prévu de dépenser près de 45 millions d’euros pour mettre en place ce plan de restructuration, en France. Une somme que les syndicats aimeraient plutôt voir investir dans une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, dispositif qui a pour but une transition plus respectueuse pour les salariés. L’intersyndicale appelle à une nouvelle journée de mobilisation en fin de semaine prochaine.