300 salariés de General Electric Steam Power (nucléaire et charbon), à Belfort, ont manifesté ce vendredi matin. S’ils ont obtenu la sauvegarde de 94 postes sur les 238 suppressions, comme nous l’avons relayé ce jeudi, ils poursuivent la mobilisation.
300 salariés de General Electric Steam Power (nucléaire et charbon), à Belfort, ont manifesté ce vendredi matin. S’ils ont obtenu la sauvegarde de 94 postes sur les 238 suppressions, comme nous l’avons relayé ce jeudi (notre article), ils poursuivent la mobilisation.
« PSE 1… PSE 2… PSE 3… PSE 4… À qui le tour ? Plan de saccage de l’emploi » peut-on lire sur l’une des banderoles des manifestants de la branche nucléaire de General Electric, à Belfort. Ce vendredi matin, 300 personnes ont manifesté au cœur des sites de General Electric. Ils sont menacés par la suppression de 238 postes, sur les 1 788 salariés de l’entité en France (le plan en chiffres ici). « Nous ne sommes pas dans une entreprise où il n’y a pas de travail et où il n’y a pas d’avenir, mais nous avons un actionnaire qui veut réduire la voilure », dénonce Christian Mougenot, de la CFDT.
Jeudi, « les discussions menées ont permis de conserver 94 postes sur les 238 concernés par le projet », note General Electric dans un communiqué de presse. Ce sont des efforts « significatifs, mais pas suffisants », commente Laurent Humbert de la CFE-CGC. « Il faut rester ferme, et maintenir la mobilisation », ajoute Christian Mougenot. « On ne peut pas gérer l’avenir du nucléaire comme un boutiquier, au trimestre pour GE, et en fonction des élections pour le gouvernement », alerte Laurent Santoire, de la CGT, devant les manifestants. « Les propositions soumises permettraient à Steam Power de rester l’un des principaux fournisseurs d’îlots de turbine pour les nouvelles centrales nucléaires », confie, au Trois, un proche du dossier. Les syndicats n’en sont pas convaincus et vont poursuivre la mobilisation. « Nous sommes utiles à la transition énergétique », insiste Laurent Santoire.
Les salariés de @generalelectric diffusent le discours de @EmmanuelMacron au Creusot en visite à @Framatome_ pour parler du #Nucleaire pic.twitter.com/VwJ18ZuaPX
— Le Trois (@letrois_info) April 16, 2021
Les risques « de perte de compétences » sont toujours forts, dixit Laurent Humber, et « dans certains départements, la charge est trop importante pour les effectifs ». Et de citer le département électrique, ceux des devis, de la construction ou encore des supports administratifs. Justifié par le retrait de la construction de centrales à charbon neuve, le plan met à mal les compétences de l’intégration nucléaire française, estime l’intersyndicale. « Nous sommes des gens utiles à la transition énergétique », rappelle Laurent Santoire. « Avec la mise en œuvre de ce projet, la France resterait le pays où se trouve le plus grand nombre d’employés de Steam Power dans le monde, y compris une importante expertise en ingénierie nucléaire et en chaîne d’approvisionnement à Belfort. Steam Power s’attendrait à avoir environ 2 300 employés en France à la suite du plan actuel », insiste un proche du dossier.
« Monsieur Le Maire, vos amis vous attendent »
Les salariés ont justement approuvé l’organisation, le jeudi 22 avril, d’une nouvelle manifestation. Ils demandent aussi l’organisation d’une table ronde avec les élus, la préfecture, voire le gouvernement. « Venez ici, monsieur Le Maire (Bruno Le Maire, ministre de l’Economie – NDLR) », a invité Laurent Santoire, demandant aux élus présents de prendre leurs responsabilités. « Vous avez dit que vous n’aviez que des amis à Belfort, a poursuivi Laurent Santoire. Nos amis vous attendent. » Laurent Humbert a aussi fait un clin d’œil, au président de la République cette fois-ci, en diffusant le discours d’Emmanuel Macron au Creusot à Framatome, pendant la descente du cortège vers la porte de la Découverte. « Mais avant de commencer, je voudrais avoir une pensée amicale et engagée pour vos collègues et compagnons de Belfort », avait-il dit au début de son allocution.
Des élus ont été invités à prendre la parole. Le micro a d’abord été donné à Muriel Ternant, pour le Parti communiste français, Laurent Santoire le justifiant, avec le sourire, car ne connaissant pas trop « l’ordre protocolaire ». « La meilleure garantie immédiate pour les emplois actuels et l’outil industriel, ça reste le retour en maîtrise publique », a-t-elle insisté. Et d’ajouter : « Une nationalisation au service des emplois et de la transition écologique, avec des droits d’intervention des salariés et des élus, et des leviers d’investissement. » Damien Meslot, maire de Belfort, a glissé que les salariés pouvaient « compter sur sa totale mobilisation ». Samia Jaber, de l’opposition de gauche à Belfort, a déploré « un énième feuilleton du démantèlement de General Electric et de notre politique industrielle ». « Il y a un grand absent: l’État, a-t-elle ajouté. En tant qu’élus, notre responsabilité est de rappeler l’État à ses engagements. »
Les salariés ont approuvé la reconduction du mouvement, le jeudi 22 février. « Il faut rester ferme et maintenir la mobilisation », insiste Christian Mougenot. « On va se battre sur chaque poste », promet Laurent Humbert.