Le constructeur automobile PSA (Peugeot, Citroën, Opel) et l’énergéticien Total ont annoncé jeudi la création d’une société commune de fabrication de batteries, un projet annoncé en janvier qui vise à créer une filière européenne face à la concurrence asiatique.
Avec l’AFP
Le constructeur automobile PSA (Peugeot, Citroën, Opel) et l’énergéticien Total ont annoncé jeudi la création d’une société commune de fabrication de batteries, un projet annoncé en janvier qui vise à créer une filière européenne face à la concurrence asiatique.– mis à jour le 3 septembre à 20h36.
La co-entreprise à 50-50 réunit PSA et sa filiale allemande Opel avec le spécialiste français des batteries Saft, filiale de Total. Ce projet est parfois surnommé « Airbus des batteries » en raison de sa dimension politique et franco-allemande. La société, baptisée Automotive Cells Company (ACC), sera dirigée par Yann Vincent, qui était jusqu’ici le directeur industriel du groupe PSA. Il sera remplacé dans ses anciennes fonctions par Arnaud Deboeuf, ancien cadre dirigeant de Renault, qui avait rejoint PSA en septembre 2019 comme directeur de la stratégie industrielle. Le président de Saft, Ghislain Lescuyer, est nommé président du conseil d’administration d’ACC.
« PSA/Opel et Total/saft ont signé un accord pour la création de la co-entreprise ACC« , ont annoncé les deux parties dans un communiqué commun. Le projet représente un enjeu de souveraineté industrielle. En Europe, les ventes de véhicules électriques sont en plein essor sous la pression de réglementations environnementales toujours plus sévères.
Un acteur mondial de référence
Or, les batteries représentent à elles seules un tiers de la valeur ajoutée des véhicules, et aujourd’hui, elles sont la chasse gardée de champions chinois, japonais et sud-coréens. L’Europe représente seulement 1% de la production mondiale. « Avec cette association, les partenaires mettent en place un acteur mondial de référence dans le développement et la fabrication de batteries pour l’industrie automobile au meilleur niveau de performance dès 2023 », ont précisé PSA et Total dans leur communiqué. Total/Saft apporte son expertise en matière de R&D et d’industrialisation, tandis que PSA apporte sa connaissance du marché automobile et son expérience de la production en grande série. Cette alliance doit également accueillir ultérieurement le constructeur français Renault, comme l’avait annoncé fin mai le président de la République Emmanuel Macron.
Dans un communiqué, le syndicat CFE-CGC rappelle que le projet a reçu le soutien financier des gouvernements français, allemand et des institutions européennes, à hauteur de 1,3 milliards d’euros. ACC « produira dans deux unités de production basées à Douvrin (Pas-de-Calais) et Kaiserlautern (Allemagne), rappelle le syndicat. La conception et la ligne de test [sont] basées à Nersac dans la région bordelaise. » Nersac est « déjà en phase de démarrage », confirme Total et PSA, « pour permettre la mise au point de nouvelles technologies de cellules lithium-ion de haute performance ».
Un million de véhicules par an
La production, progressive, se fera en trois temps : 8 GWh en 2023, 16 GWh pour 2025 puis 24 GWh en 2030 pour chaque usine. Cela correspond à « une capacité totale de 48 GWh », soit 1 million de véhicules par an, c’est-à-dire plus de 10% du marché européen. Selon le syndicat, cette co-entreprise représente un investissement de 5 milliards d’euros et une ligne de production de 8 GWh devrait générer entre 400 et 500 emplois.
Pour FO, premier syndicat de PSA, la naissance d’ACC est « une bonne nouvelle », qui « garantit au site (de Douvrin) une activité à moyen et long terme, ainsi que des emplois ». Ce site est « cohérent avec le projet industriel et l’ambition portée par ACC de contribuer à la transition énergétique », a estimé FO. La CFE-CGC, deuxième syndicat de PSA, a salué un projet « vertueux » pour « l’indépendance technologique », la « maîtrise des coûts » et l’« empreinte CO2 de la chaine d’approvisionnement ». Le site de Douvrin est « un bon choix car la région possède le savoir-faire et les mains-d’oeuvre industrielles nécessaires », a-t-elle ajouté.