Le tribunal de commerce de Belfort a validé, ce vendredi 5 décembre, l’offre de reprise de Technitube, à Étupes, par l’entreprise Mirabeau Industry, dont le siège est dans les Bouches-du-Rhône. L’entreprise du Doubs est spécialisée « dans le formage et le cintrage complexe de tubes en acier, inox et aluminium, de l’assemblage par soudure robotisée et le brasage au four au défilé », comme elle l’indique sur son site Internet. L’usine s’étend sur 7 500 m2, dont 4 500 m2 d’atelier, très robotisés. Elle dispose d’outils numériques de contrôle qualité 3D. Technitube produit notamment des tuyaux de refroidissement de boîtes de vitesse.
Sur les 75 salariés, seulement 23 sont repris par le repreneur, indique Djamila Hassani, déléguée syndicale Force ouvrière (FO). « L’entreprise ne va pas fermer », se console l’élue syndicale. Pour les 52 licenciements, des volontaires seront trouvés facilement indique-t-elle. Le repreneur a « les reins solides », croit savoir Djamila Hassani, qui a visité l’une de ses entités dans les Ardennes, NPL. « Il a aussi des usines au Maroc et en Tunisie », ajoute-t-elle. « L’essentiel, c’est que l’activité continue », poursuit-elle.
C’est que l’affaire était mal embarquée. Fin 2023, l’exercice de l’entreprise se clôt avec un chiffre d’affaires de près de 16 millions d’euros. L’usine tournait 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Fin 2024, ce chiffre d’affaires descend à 9,8 millions d’euros. « Le marché s’est écroulé », commentait, au mois de juillet, Jean-Pierre Moret, encore dirigeant. Début 2024, 50 % de l’activité s’arrête, alors que l’entreprise venait de produire 8 millions de pièces, l’année d’avant. Les clients sont des équipementiers automobiles, comme Eurocast ou l’Allemand ZF Friedrichshafen.
Technitube à l'image "d'une filière automobile qui va mal"
« Le monde de l’automobile va mal », déplore Éric Peultier, trésorier de l’union départemental du Territoire de Belfort de Force ouvrière. « Les Chinois bouffent tous les marchés », ajoute-t-il, presque résigné. « C’est le résultat de l’écroulement d’une filière par incompétence collective », complète Louis Deroin, président de la CPME 90, qui a suivi le dossier.
Depuis 2020, l’industrie automobile française a perdu plus de 40 000 emplois, selon la plateforme automobile ; on compte aujourd’hui 336 000 emplois dans le secteur. Et d’ici 2035, on estime que 75 000 emplois vont encore disparaître. Concomitamment, selon Le Monde, 30 à 50 % de la production française de composants pour l’automobile vont disparaître d’ici cinq ans.
Technitube était en redressement judiciaire depuis le mois de juillet. Une diversification a été tentée, mais les volumes n’ont pas compensé le repli du secteur automobile. Technitube détient, par ailleurs, à 100 % l’entreprise Metal Service, à Varennes-Changy (Loiret). L’entreprise est spécialisée dans la production de boulons d’ancrage, pour le secteur minier. Elle compte une dizaine de salariés. La société se porte très bien.

