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Imbroglio juridique entre syndicats et direction à General Electric

Salariés de General Electric, lors du blocage de site de Belfort, en mars 2021.
La direction de GE Vernova a engagé un recours contre le comité social et économique de l'entreprise. | ©Le Trois – archives

GE Vernova veut dégraisser ses effectifs. 42 postes sont visés à Belfort. Les négociations sont dans l’impasse entre direction et syndicats. Et en parallèle, General Electric a engagé un recours contre le comité social et économique (CSE). Audience, jeudi 9 octobre. Ambiance.

Ne dites plus General Electric. Ça agace en hauts lieux de la multinationale de l’énergie. Et elle dépense beaucoup d’énergie à le rappeler à ses interlocuteurs. On doit dire GE Vernova, entité née de la scission du conglomérat américain, en 2024. L’ancienne entité ne doit plus exister. Bientôt, le GE disparaîtra sûrement. S’achetant « une belle virginité », moque un salarié.

General Electric veut supprimer 600 postes en Europe dans ses entités dédiées à l’énergie, dont 123 en France et 42 à Belfort. Une information dévoilée par Le Trois (lire notre article). Objectif fixé : 600 millions d’euros d’économie, soit l’équivalent du tiers du bénéfice enregistré en 2024. On cherche « à limiter l’impact des tarifs douaniers, à optimiser les sources d’approvisionnement et à créer des centres d’excellence », indique Christophe Carignano, de la CFE-CGC, en citant les arguments de la direction. Certaines activités de Belfort vont donc être transférées vers des centres d’excellences… en Inde et Égypte indique le délégué syndical. Des transferts de technologie ont déjà été déplorés en 2024, vers l’Inde (lire notre article).

Recours jugé le 9 octobre

Les 42 postes ont bien été confirmés à Belfort, dont 21 postes dans le service Finance (sur 26). Dans la gestion de projet, 13 postes sont supprimés dont deux en génie civil. Sur les onze autres, six sont des postes de chefs de projet. Dans les ressources humaines, trois postes supprimés, sur les sept du service. « On observe que des sous-groupes sont totalement supprimés. Ou sinon, on garde quelques personnes. Les personnes qui vont rester, c’est le burn out assuré dans 6 mois », met en garde le délégué syndical. À Belfort, l’entreprise a opté pour une rupture conventionnelle collective (RCC).

Face à ce projet de restructuration, le comité social et économique (CSE) de l’entreprise a estimé que l’on aurait dû classer ce projet comme « projet important ». Un élément qui permettait de solliciter une expertise. Il a pris alors une décision pour mandater une expertise sur cette restructuration. L’expert a sollicité des documents qu’il n’a pas eu. Il envisageait de porter un recours en justice, pour requalifier la procédure de rupture conventionnelle collective (RCC) en « projet important ». Mais la direction a dégainé plus vite. Elle a refusé l’expertise. Et elle a engagé un recours contre le CSE et sa décision de mandater une expertise, impossible dans le cadre d’une RCC, bloquant mécaniquement la mission de l’expert. Le recours sera jugé ce jeudi 9 octobre, à 14h, par le tribunal judiciaire de Belfort, informe la CFE-CGC.  

En parallèle de ce recours contre le CSE, les négociations ont débuté entre la direction et les délégués syndicaux, comme le prévoit le cadre des RCC. Deux réunions ont eu lieu. « Et les négociations ne se passent pas très bien », déplore Christophe Carignano. D’ajouter : « Nous posons énormément de questions, mais nous n’avons pas beaucoup de réponses. » Les syndicats veulent une visibilité sur la future organisation. « On ne sait toujours pas comment on va fonctionner après », confirme Arnaud Elslander, de Sud Industrie. La direction répond qu’elle ne sait pas non plus car elle ne sait pas combien de personnes partiront finalement avec le RCC. « Nous sommes dans une impasse », déplore le délégué syndical. La CGT confirme l’attente d’un accord.

« Les RCC, c’est le plan de licenciement des boîtes riches »

Les conditions de départ sont alléchantes. Et placent les syndicalistes dans une posture instable. Les syndicats ont identifié ont vingtaine de personnes de plus de 60 ans, dans l’entreprise, qui voit ce RCC d’un bon œil. « Ils sont dans les starting-blocks », avoue un délégué syndical, qui reconnait qu’il y a « une opportunité ». Elles pourraient partir rapidement et être « portées » jusqu’à leur retraite. Les délégués syndicaux comprennent. Mais pensent aussi « à ceux qui restent ». « Tout le monde a envie de se barrer de cette boite », comprend, par ailleurs, un salarié de General Electric… de GE Vernova. « Des gens veulent partir », abonde Cyril Caritey, de la CGT.

« Les RCC, c’est le plan de licenciement des boîtes riches, critique un salarié de GE, qui veut garder l’anonymat. C’est un moyen d’acheter le départ, sans faire trop de vague médiatique et sans attirer l’inspection du travail. » Surtout, il remarque que les entreprises peuvent supprimer les postes et les re-pourvoir immédiatement, contrairement aux licenciements. Avec des profils beaucoup moins onéreux. « En quelques années, t’es gagnant », souffle cette même source.

« Il n’y a aucune stratégie derrière, ni aucune vision », déplore toujours Sud Industrie, qui estime que le timing est dicté depuis les États-Unis. Arnaud Elslander d’ajouter : « C’est quoi le coup d’après, si on n’accepte pas ? »

Sollicitée, la direction de GE Vernova n’a pas souhaité répondre à nos questions. 

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