Article rédigé par l’ATMO BFC, association en charge de la qualité de l’air – PARTENARIAT
Pour mieux comprendre la pollution de l’air intérieur, l’Observatoire de la qualité des environnements intérieurs (OQEI) a publié en juillet dernier les premiers résultats de la seconde Campagne nationale logements (CNL2), menée entre 2020 et 2023. Le bilan : la qualité de l’air intérieur des logements en France métropolitaine s’est globalement améliorée en quinze ans, notamment grâce à de nouvelles réglementations. Mais une part non négligeable des habitations présente encore des niveaux élevés de pollution, selon les premiers résultats de l’étude. Cette campagne vise à fournir aux décideurs des données fiables pour orienter les politiques publiques et améliorer la qualité de vie dans les logements français.
Contrairement à l’air extérieur, régulièrement contrôlé pour de nombreux polluants, l’air intérieur reste moins surveillé. Or, selon l’étude de l’OQEI, de nombreux polluants sont présents dans au moins 50 % des logements. Certains, comme les particules fines, le limonène, les xylènes ou le dioxyde d’azote (NO₂), sont détectés à des concentrations parfois préoccupantes.
Pour plusieurs substances — particules fines (PM2,5), radon, formaldéhyde, NO₂ ou benzène — des dépassements de valeurs de référence sanitaires ont été observés. D’autres composés, sans seuil sanitaire connu comme le benzo(a)pyrène ou le tétrachloroéthylène, appellent à une vigilance renforcée.
CNL2 : une vaste campagne nationale au cœur des foyers
Entre novembre 2020 et février 2023, l’OQEI a mené la seconde Campagne nationale logements (CNL2) sur tout le territoire métropolitain. La qualité de l’air intérieur a été mesurée dans 571 logements (maisons et appartements), en parallèle d’un questionnaire sur les habitudes de vie, le confort et la santé des 1 516 participants. Les résultats ont ensuite été pondérés pour être extrapolés à l’ensemble des 30 millions de résidences principales françaises.
Au total, 170 polluants et paramètres ont été mesurés, parmi lesquels :
- Composés organiques volatils (COV) : formaldéhyde, toluène, benzène…
- Composés organiques semi-volatils (COSV) : phtalates, muscs synthétiques, retardateurs de flamme…
- Particules fines (PM2,5)
- Dioxyde d’azote (NO₂)
- Radon (en collaboration avec l’IRSN)
- Dioxyde de carbone (CO₂)
- Température et humidité relative
Les concentrations observées sont globalement comparables, voire légèrement inférieures, à celles rapportées dans d’autres études menées en Europe ou en Amérique du Nord.
Une évolution positive depuis 15 ans
Comparée à la première campagne nationale (CNL1, 2003-2005), la qualité de l’air intérieur s’est nettement améliorée. Les concentrations ont particulièrement chuté pour les COV chlorés (plus de -80 %), utilisés dans les solvants et désinfectants.
Des baisses significatives sont aussi constatées pour :
- le formaldéhyde : -28 % (présent dans certains matériaux à base de bois),
- les particules fines (PM2,5) : -33 % (issues du tabagisme, du trafic routier ou de la combustion),
- le benzène : -47 % (trafic et combustion).
Ces évolutions s’expliquent par des mesures réglementaires (interdiction de substances dans les matériaux, étiquetage des émissions), une baisse du tabagisme domestique, ainsi que par les efforts de sensibilisation menés ces dernières années.
Des concentrations encore préoccupantes dans certains logements
Malgré cette amélioration, certaines habitations présentent toujours des niveaux supérieurs aux valeurs de référence :
- Particules fines (PM2,5) : plus de 70 % des logements
- Radon : 8 %
- Formaldéhyde : 6 %
- Dioxyde d’azote (NO₂) : 3 %
- Benzène : 1,4 %
- Trichloroéthylène : 0,05 %
L’OQEI appelle à rester vigilant, en particulier vis-à-vis des polluants aux effets cancérogènes comme le benzène, le tétrachloroéthylène ou le benzo(a)pyrène : « leur simple présence est source de préoccupation ».
Les bons gestes
La pollution de l’air intérieur est une réalité mais pas une fatalité : les moyens de la contrer existent. Ils portent à la fois sur la conception des bâtiments, sur l’utilisation de matériaux adaptés et sur le comportement et l’éducation des occupants :
- Aérer régulièrement (même en hiver) est la première des solutions pour évacuer les polluants intérieurs
- Ventiler pour renouveler l’air en assurant une circulation générale et permanente
- Identifier et agir sur les sources de pollution pour éliminer durablement les polluants
Pour chaque pièce ou activité, des gestes simples permettent de préserver la qualité de l’air intérieur, souvent sans coût ou avec peu d’effort. Par exemple :
- Je ne bouche pas les entrées d’air et je nettoie régulièrement les bouches d’aération et de ventilation du logement
- Je fais contrôler et entretenir régulièrement les appareils de chauffage (chaudière, poêle, cheminée…)
- Je sors du logement pour fumer
- Je dépoussière régulièrement avec un chiffon humide ou une serpillière
- Je respecte les précautions d’usage et les modes d’emploi des produits ménagers
- Je lave régulièrement les draps, couettes et oreillers, et j’aère souvent la literie
- J’enclenche la hotte ou j’ouvre une fenêtre pendant la cuisson des repas
- J’aère après une douche, après avoir cuisiné ou pendant le séchage du linge pour éviter la condensation sur les surfaces (murs, meubles, vitres…)
- J’évite les sources de combustion inutiles : bâtonnets d’encens, bougies parfumées, papier d’Arménie…
- Je limite l’usage de sprays ou parfums d’ambiance
- J’évite les travaux de bricolage en hiver, quand il est difficile d’aérer longuement
- Je porte des protections adaptées (masque, lunettes) lors du ponçage ou d’autres travaux émissifs
- Je ne ponce ni ne perce de matériaux susceptibles de contenir de l’amiante
- Je ne laisse jamais tourner le moteur du véhicule dans un garage fermé
- Je traite mes plantes d’intérieur à l’extérieur
- Je limite l’accès des animaux de compagnie, notamment dans les chambres