Le soleil cogne ce samedi 5 juillet, le ciel est sans nuage. Cette année, le temps est sec. Trop sec, peut-être. Déjà vendredi, la poussière s’élevait sur le site du festival. Mais sur le parking du camping, c’est une autre histoire : les voitures y sont recouvertes d’une pellicule ocre qui efface les marques, les couleurs, les plaques. À même cette poussière, des messages et dessins grivois apparaissent, à la craie ou au doigt. Un sexe ici, un numéro de célibataire là. L’ambiance est donnée.
En quelques minutes de marche, à travers les champs, les festivaliers rallient un autre monde. Caddys, brouettes, bouées flamants roses servent de chariots de fortune. Le cliquetis des bouteilles annonce le programme. Loin des scènes du festival, une vie parallèle s’organise : celle du camping.
Environ 15 000 personnes y dorment, y mangent, y vivent pendant quatre jours. Et tous ceux interrogés le décrivent avec le même mot : un village. Un village éphémère mais bien vivant.
Il y a bien sûr les tentes, des centaines, parfois montées à la hâte, mais souvent agencées avec soin. Plus loin, des camping-cars. Mais aussi un grand bar, une scène, des stands de nourriture, un city-stade, des stands de prévention, des babyfoots, du pentaglisse, des piscines de fortune, gonflables ou bricolées. Le matin, les odeurs remontent des toilettes. Les douches manquent, racontent les habitués. Mais cela ne freine personne.
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« On passe plus de temps au camping qu’au festival »
Julien, Roxane, Nicolas et Nathan, tous venus de Suisse, ont la routine bien en place : « Ce qu’on aime, c’est l’ambiance festive de la journée. On passe plus de temps au camping qu’au festival. » Pas besoin de courir entre deux scènes : ici, c’est le moment de l’année pour se retrouver entre amis.
Un peu plus loin, Perrine et Camille, respectivement de Besançon et de Strasbourg, l’admettent en riant : « On n’arrive pas à quitter le camping. On est là pour le relationnel, retrouver les copains. » Et elles attendent surtout la nuit : « On a hâte de rentrer pour profiter des afters. »
La plupart sont des habitués. Certains viennent depuis dix ans. Alexis et Louna sont clairs : « Le festival sans camping, ça ne m’intéresse pas. Ce n’est pas complet. » Ils ont le pass 4 jours… mais avouent sans gêne : « On a vu très peu de concerts. Même pas Iron Maiden ! Mais on est contents. »
Deux autres amis, du même groupe, l’expliquent avec nostalgie : « On habite dans le Jura et à Dijon. C’est le seul moment de l’année où on se retrouve. On était à l’école ensemble. »
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Piscine, apéro, 4h du mat — 9h debout
Au centre du campement, leur installation impressionne : tonnelle, table, piscine, packs de bière alignés. Ici, on se lève vers 9h, même si on s’est couché à 4h. « C’est pas un défi, c’est un plaisir », tranche Alexis. Et complète : « C’est une ambiance vacances presque chaque année. On vient depuis 2017. On fait des rencontres, on retrouve les mêmes têtes chaque année. »Pour tout ce petit monde, l’endroit a son nom : « C’est un micro-village. »
Thibault, qui fait partie de la régie du camping, le confirme : samedi matin, ils comptaient environ 9 000 personnes. 15 000 personnes sont attendues. Pour faire tourner cette mini-ville, 32 bénévoles sont sur le pont, épaulés par une dizaine de personnes en équipe relais, présentes jour et nuit.
« On gère la prévention, les conflits de voisinage, l’accès pour les secours. Il faut tourner en permanence », explique-t-il. Un chassé-croisé a eu lieu vendredi : « Avec Iron Maiden, beaucoup sont venus juste pour le concert, puis repartis. » Mais pour les vrais campeurs, le concert, ce n’est qu’un prétexte. La fête, elle, est ici. Dans un champ, entre copains, sous la tonnelle, dans l’eau tiède d’une piscine gonflable et au son des basses venues des tentes voisines.
