Avec Loéva Claverie
La décision a été actée ce mardi par un arrêté signé d’Alain Charrier, préfet du Territoire de Belfort. « Le sentiment d’appel à la haine ne me paraissait pas avoir sa place à cet endroit-là », a-t-il déclaré. « J’ai beaucoup échangé avec les organisateurs, mais j’ai pris cet arrêté en accord avec moi-même. » Et d’ajouter : « Le programmateur regrette que je prenne cette décision et moi je regrette qu’il ait programmé cela. On a respecté l’ensemble de la procédure. J’ai fait part de mes doutes la semaine dernière et les arguments de l’avocat ne m’ont pas convaincu. »
Le rappeur Freeze Corleone est régulièrement accusé d’antisémitisme et d’homophobie. S’il n’a jamais été condamné pour ses textes, plusieurs de ses concerts ont déjà été annulés. Après les réactions du député RN du Territoire de Belfort Guillaume Bigot et du conseil départemental, la préfecture avait lancé vendredi 27 juin une procédure contradictoire pour envisager l’interdiction du concert (lire nos articles). Quelques jours avaient alors été laissés à Freeze Corleone et à son équipe pour présenter leur réponse.
Sollicité samedi, Jean-Paul Roland, directeur du festival, indiquait que le dossier était entre les mains de la préfecture. « Le droit parlera, et c’est le mieux », commentait-il. Il saluait également la position du Département, qui, malgré sa contestation, avait adopté une posture nuancée (lire notre article) : « Ils ont rappelé que la liberté de programmation reste un principe artistique fondamental. »
Un recours de l’artiste est encore possible auprès du tribunal administratif. Un feuilleton qui pourrait se solder d’ici « la fin de la semaine », détaille le préfet. Sollicité ce jour, les Eurockéennes ne souhaitent pas faire de commentaire supplémentaire.
Inquiétude autour du concert de Kneecap ?
Dans l’arrêté d’interdiction du concert de Freeze Corleone, on peut lire que « le dispositif de sécurisation n’est pas dimensionné pour faire face à de tels troubles à l’ordre public qui pourraient se voir amplifiés par la tenue le même jour du concert du groupe controversé Kneecap ».
En effet, les Irlandais de Kneecap, attendus dimanche soir, arrivent auréolés d’une réputation sulfureuse. L’un des trois membres a été inculpé en Grande-Bretagne d’ « infraction terroriste » pour avoir arboré en concert un drapeau du Hezbollah et leur show au festival de Glastonbury le week-end passé a fait scandale outre-Manche puisque les artistes ont notamment accusé Israël d’être un Etat « criminel de guerre ».