L’activité se poursuit encore chez Gaussin, à Héricourt, à la suite de l’audience au tribunal de commerce de Vesoul (Haute-Saône), de ce mardi 5 novembre. L’entreprise est en redressement judiciaire depuis le 26 septembre. Deux pistes sont engagées : un plan de continuation de l’activité, même si l’entreprise enregistre un niveau de dettes très important (lire notre article) et est engagée dans de nombreux contentieux ; et un plan de cession. Même Christophe Gaussin, directeur général de l’entreprise, est mesurée de cette seconde issue. Il qualifie, par téléphone, le plan de continuation de « prioritaire », mais estime qu’il est « plus difficile à mettre en œuvre par rapport aux délais ».
Deux offres de reprise ont été déposées avant ce lundi 4 novembre, à 12 h. C’est ce qui a été acté ce mardi 5 novembre par le tribunal de commerce. Aujourd’hui, elles doivent être instruites confirme une source qui maîtrise le dossier. Dans celui-ci, les autorités judiciaires cherchent à pérenniser l’entreprise dans sa région, à maintenir le savoir-faire et les emplois explique-t-on au Trois. Les offres vont donc être étudiées, pour garantir ces éléments.
Gaussin formule une offre
La première offre a été déposée par Corail-SM, qui a repris l’entreprise Metalliance (lire notre article), au cœur de l’été, ancienne filiale de Gaussin chargée de fabriquer les véhicules de manutention destinés notamment au marché nord-américain de la logistique, comme ce qui était programmé avec Amazon ; le contrat de la plateforme a été largement revu à la baisse selon nos informations (lire notre article). L’offre implique également Blyyd, ancien partenaire commercial de Gaussin, avec qui il a rompu les liens, au printemps.
La seconde offre de reprise implique Christophe Gaussin, lui-même ! Elle réunit un consortium d’investisseurs indique le directeur général. « Je suis porteur du projet, confirme-t-il, mais je ne serai pas représentatif. » Il aura une part minimale dans le capital garantit-il. Selon lui, les investisseurs insistent pour qu’il soit de la partie. « Ils me font confiance », glisse-t-il, malgré “les difficultés”, pour « faire un nouveau Gaussin ». « Je ne nie pas mes responsabilités », avoue-t-il. Mais il ne veut pas tout porter. Il évoque une « série Netflix » pour qualifier les épisodes des derniers mois, débutés par un imbroglio avec sa filiale Metalliance, des difficultés à produire, une crise de la gouvernance et une prise du pouvoir des actionnaires de référence tchèques. Des associés tchèques « qui ne sont pas très actifs » de l’aveu même de Christophe Gaussin. « Il faut sauver l’emploi », insiste-t-il à plusieurs reprises, et « les savoir-faire ». Puis de rappeler son implication : « J’ai été nommé rapporteur par Bercy (le ministère de l’Économie, NDLR), PCO, sur la volonté de garder les fleurons français en France, dans le cadre d’une mission sur la souveraineté. »
Des résultats toujours pas publiés
Le directeur général confirme la poursuite d’une activité partielle pour une partie de l’usine d’Héricourt. Il confirme le maintien de « la motivation », « la force de la technologie » tout comme « le dégoût » de l’entreprise à l’égard de Blyyd et Metalliance, « qui veulent s’approprier à vil prix une propriété intellectuelle ».
Une société coopérative de production (Scop) a été envisagée. Un projet a commencé à être construit par des salariés. Mais il n’a pas été déposé et le tribunal n’a pas écouté la proposition selon nos informations.
Il y a quelques semaines, le tribunal de commerce a autorisé l’entreprise à ne publier ses résultats de 2023 qu’au 30 novembre 2024 ; c’est le deuxième report de publication qui avait été obtenu par l’entreprise. Le document doit permettre de connaître les éléments financiers de 2023 mais aussi établir un état des lieux du carnet de commandes. Comme le dévoilait au mois d’octobre Le Trois, l’autorité des marchés financiers met la pression sur l’entreprise pour transmettre la mise à jour des commandes, afin d’avertir les marchés financiers (lire notre article).
Sollicitée par l’intermédiaire de proches, la société Corail-SM n’a pas répondu. La prochaine audience au tribunal de commerce est programmée le mercredi 27 novembre.