La tension couvait depuis plusieurs mois. En février, alors que Mariane Tanzi, directrice académique des services de l’éducation nationale (Dasen), annonçait étudier les possibilités de fermeture de classes, Damien Meslot, maire de Belfort, dégainait un communiqué de presse pour annoncer et dénoncer 13 fermetures de classes à Belfort.
Finalement, le 4 avril, celle-ci a annoncé la fermeture de 9 classes à Belfort pour la rentrée 2024. En tout, dans le département du Territoire de Belfort, la Dasen doit « rendre » 14 postes au total. Le maire ne veut pas entendre qu’on puisse enlever des moyens à la ville. « Ces décisions ne sont conformes ni à l’intérêt des établissements, ni aux annonces du gouvernement », explique-t-il dans un communiqué.
Comme moyen de pression, il annonce sortir, à la fin de l’année, du dispositif « Cités Educatives ». Un dispositif qui permet d’apporter des moyens financiers et humains importants pour accompagner les jeunes des quartiers politiques de la ville (QPV) et qui a toute sa place lorsqu’on sait qu’un Belfortain sur cinq habite dans un de ces quartiers et que parmi eux, 40% ont moins de 25 ans.
Il y a deux ans, lors de la mise en place de ce dispositif, Damien Meslot avait déjà montré bien des réticences lors de la signature (lire ici). Mais cette fois-ci, le maire s’y attaque directement. Une manière de montrer son agacement alors que « sur les 9 fermetures de classe, 7 sont dans la Cité éducative alors même que les écoles concernées sont censées être prioritaires », rappelle-t-il dans son communiqué.
« La réaction de Damien Meslot n’est pas responsable »
Ce dispositif signait pour trois ans, entre l’Etat, l’Education nationale et la Ville, un accompagnement de 900 000 euros répartis sur 35 projets distincts. Le PCF 90 s’inquiète de ce stoppage. Tout comme le groupe de gauche En commun pour Belfort et les élus du groupe Gauche républicaine et socialiste du Territoire de Belfort.
« La réaction de Damien Meslot aux suppressions de postes annoncées par l’Education Nationale n’est pas responsable. Sa décision de suspendre le dispositif « Cité éducative » mis en place en partenariat avec l’Etat est un réflexe de rétorsion qui tape à côté de l’objectif : ce n’est pas l’Etat qui sera victime de ces représailles, mais les enfants et leurs familles qui bénéficient de ce soutien éducatif », expose le groupe de la gauche républicaine et socialiste.
Le groupe rappelle que cette baisse est liée au déclin démographique de Belfort, une commune dont « Damien Meslot est maire depuis 10 ans ». Les élus comprennent ce rapport de force mais exposent qu’il est urgent d’oeuvrer « au redressement de Belfort et de son attractivité ». Dans tous les communiqués transmis à la rédaction, les élus et syndicats déplorent une « rétorsion qui pénalise les populations les plus vulnérables ».
« Le dialogue reste ouvert »
Le maire contacté par téléphone, veut rassurer : « Les moyens seront conservés mais mis différemment, avec le label de la Ville seulement. On ne veut juste plus s’associer à un Etat qui nous déshabille et se gargarise de dispositif avec nous. » La messe est dite.
Il reviendra seulement sur sa décision si la Dasen accepte de revoir la carte scolaire « dans des proportions acceptables », précisant que les actions en cours seront poursuivies jusqu’à la fin de l’année mais que la ville ne participera plus au dispositif à partir de janvier 2025.
Quant à Mariane Tanzi, directrice académique des services de l’Education nationale dans le Territoire de Belfort, elle ne voit pas le rapport entre la Cité éducative et la carte scolaire. Elle affirme que le dialogue « reste ouvert », mais qu’au vu de la démographie actuelle, aucun changement n’est possible. En 2023, le Territoire de Belfort a perdu 336 élèves. En 2024, 283 élèves. Mariane Tanzi expose « comprendre la colère », de Damien Meslot comme celle d’autres maires qui ont pu la manifester (lire ici), mais que les choix de fermeture sont tous motivés par cette chute démographique importante et par un manque d’élèves.