Belfort vient de rejoindre les 200 cités éducatives déjà effectives en France, portées par le ministère de la Ville et du Logement, l’Etat et l’Education nationale. Une distinction qui doit permettre de mettre le paquet sur l’accompagnement des jeunes des quartiers politique de la ville (QPV), en leur apportant un cadre solide pour avancer dans leur parcours scolaire. Et ensuite, pour trouver un emploi. Pour se faire, les cités éducatives comptent sur un tas d’acteurs : écoles, services publics, entreprises, université, infirmiers et infirmières scolaires, conseillers d’orientation, associations, structures culturelles. Car pour les aider – tous les acteurs présents ce jeudi 7 octobre pour la mise en marche du dispositif dans l’une des maisons de quartiers à Belfort – s’accordent pour dire qu’il faut que tout le monde s’y mette. « Si on se cantonne à l’école, cela ne fonctionne pas. Les enfants ont souvent des difficultés qui dépassent le milieu scolaire. L’ouverture vers l’extérieur est nécessaire », expose Raphaël Sodini, préfet du Territoire de Belfort.
À Belfort, le dispositif est d’autant plus le bienvenu qu’un Belfortain sur cinq habite dans un quartier de la politique de la ville. Parmi eux : 40% ont moins de 25 ans. « La question de l’éducation et de la prise en charge des enfants et des jeunes est donc un enjeu majeur pour la cohésion sociale de notre département », avancent dans un communiqué de presse la préfecture, la Ville et le rectorat.
Concrètement, ce sont 900 000 euros sur trois ans qui sont attribués pour mener des projets pour accompagner les jeunes des QPV. 900 000 euros répartis entre 35 projets distincts, partagés entre 20 établissements, 2 536 écoliers et 1 330 collégiens.
Pour les définir, « un diagnostic très long » a été mené, explique Nathalie Albert-Moretti, rectrice de la région académique Bourgogne-Franche-Comté. Un diagnostic qui a permis de retenir six axes sur lesquels les jeunes avaient besoin de recevoir de l’aide. Parmi eux : l’accompagnement pour l’entrée à l’école. Une meilleure prise en charge psychologique. Un meilleur accès à la culture. Au numérique. À une bonne alimentation, notamment, en proposant des petits-déjeuners équilibrés aux enfants et jeunes les plus défavorisés. En encourageant les pratiques sportives. En mettant en place un parcours citoyen pour apprendre à respecter l’égalité femmes hommes. Tout ça avec un but : gommer les disparités et encourager l’égalité des chances.
Un an pour tirer des premières conclusions
Du budget, il y en a. Des bonnes volontés, aussi. Maintenant, le défi va être de faire coopérer toutes les structures ensemble pour assurer un suivi sur le long terme qui permettra « de lutter contre les discriminations », est-il expliqué lors d’une conférence de presse. Tant dès la maternelle que pour l’accès à certains emplois.
« C’est une politique de coordination qui ne vient pas se surajouter à des dispositifs existants », précise le préfet. Tandis que Damien Meslot, maire Les Républicains de Belfort et président du Grand Belfort, arbore un air sceptique. « Au début, je ne voulais pas le signer. On met déjà beaucoup d’argent derrière la maternelle et le primaire »,explique-t-il. Ne pas vouloir le signer, par crainte, justement, que ce ne soit qu’un dispositif de plus. Il l’a finalement fait. Pour autant, il met en garde à plusieurs reprises. « Nous voulons voir des choses concrètes », ajoute-t-il. Ce que le maire voit d’un bon œil, par contre, c’est que quatre zones bénéficieront particulièrement d’aides : les Résidences, les Glacis. Mais aussi les quartiers de la Pépinière et Châteaudun, qui ne sont pas en zone REP+ (réseaux d’éducation prioritaire renforcée), mais qui avaient aussi besoin d’un coup de pouce.
Chaque année, des évaluations seront effectuées sur l’année écoulée pour voir ce que les projets ont donné. Avec une attention particulière sur le cas « des jeunes filles », explique la rectrice, qui souhaite qu’elles puissent s’autoriser à se diriger vers des carrières scientifiques sans barrières.
Pour donner un peu plus de corps au projet, elle rassure. « Il y aura un suivi régulier. Les parents seront mis autour de la table.» On parle aussi de groupes de travail, de réunions. Du rôle du tissu associatif pour mener à bien les projets. Et de personnels mis à profit pour ces projets notamment du côté de l’État. On tâtonne encore. « C’est un projet qui commence à être mis en oeuvre. On fera le bilan dans un an », expose le préfet du Territoire de Belfort. Il reste quand même convaincu que cela peut marcher, pour avoir vu son application dans les Hauts-de-Seine et dans les Yvelines, ou cela a permis de mener « de beaux projets ». Damien Meslot, quant à lui, hausse les épaules : « Je jugerai selon les résultats ! » conclut-il.