Les Eurockéennes de Belfort ont annoncé à l’association Les Riffs du Lion, qui gère La Poudrière, qu’elles ne renouvelleraient pas leur mandat de gestion de la salle de musiques actuelles. Leur mission se termine au mois de février. Des deux côtés on salue l’expérience positive.
Les Eurockéennes de Belfort ont annoncé à l’association Les Riffs du Lion, qui gère La Poudrière, qu’elles ne renouvelleraient pas leur mandat de gestion de la salle de musiques actuelles belfortaine. Leur mission se termine au mois de février. Des deux côtés, on salue l’expérience positive.
« Ce n’est pas une rupture », certifie Jean-Paul Roland, le directeur des Eurockéennes de Belfort. À partir du mois de mars 2020, Territoire de Musique, l’association qui porte le festival, ne gèrera plus la salle de musiques actuelles La Poudrière, située au pied du Lion. Le mandat de gestion arrivait au terme de ses trois ans. Il était reconductible, mais les Eurocks ont décidé de ne pas poursuivre l’aventure. Depuis le mois de juin, elles réfléchissaient à arrêter. La décision a été confirmée au mois d’octobre au conseil d’administration de La Poudrière. « Elle a été donnée avec prévenance, apprécie Stéphane Mazerand, le président des Riffs du Lion. Pour que nous nous organisions. »
Les Eurockéennes de Belfort gèrent La Poudrière depuis 2017. Le projet « avait une énergie folle », adhère Stéphane Mazerand. Ce projet était aussi singulier. Les Eurockéennes venaient avec un groupe de quatre personnes. Des personnes qui n’étaient pas payées par La Poudrière. « C’était du travail supplémentaire », confie le président. En plus du festival.
« On l’a fait pour l’amour de La Poudrière et du territoire », justifie Jean-Paul Roland.
Ce format avait suscité des interrogations à l’époque. Il a sûrement eu raison de l’équipe. « Ils sont usés », estime Stéphane Mazerand. Ce que n’élude pas Jean-Paul Roland. La charge de travail était importante, sans ressources humaines supplémentaires au festival. Côté programmation, Kem Lalot gère dorénavant seul le festival, Impetus, La Poudrière ou encore GéNeRiQ. Titanesque. Les polémiques autour des coûts de la sécurité n’ont sûrement pas facilité les choses et les contraintes sur le budget sont délicates : hausse des coûts, notamment des cachets et de la sécurité, et baisse des subventions. L’équation est infernale pour le festival. Et les échéances décisives.
Mécénat, compétences
Des deux côtés, on retient l’expérience positive. La Poudrière a eu le sentiment de franchir un palier. « Ils ont mis dans la bouche de chacun : « On peut le faire ! » » salue Stéphane Mazerand. Le bureau réclamait notamment depuis plusieurs années un travail sur le mécénat. C’est chose faite. Les Eurockéennes ont apporté cette culture. Et l’enveloppe est passée de 9 000 à près de 50 000 euros.
Stéphane Mazerand apprécie également le travail mené autour de l’équipe de La Poudrière. Des postes ont été pérennisés. Des salariés sont montés en responsabilité. Des formations ont été organisées. Les missions de chacun ont été affinées et précisées. Il y a eu une culture du « management », valide le président des Riffs du Lion.
Côté finances, les fonds propres de La Poudrière ont été multipliés par trois. Les chiffres restent à confirmer, mais en termes de fréquentation, le public était au rendez-vous. « Dans notre projet, il n’y avait pas la volonté de multiplier jusqu’à satiété les concerts, prévient toutefois Jean-Paul Roland. Nous voulions aussi programmer hors les murs. » Dans les écoles, dans les établissements de personnes âgées, à la prison… En 2019, il y a eu trois fois plus d’opérations que ce qui était initialement envisagé se félicite le directeur des Eurocks. « Et j’ai vu un nouveau public à La Poudrière », se réjouit Stéphane Mazerand.
L’incertitude du label
« Pour prétendre au label, les structures labellisées « Scène de Musiques Actuelles-SMAC » doivent disposer d’un mode d’organisation permettant au moins à l’équipe de direction une gestion autonome et personnalisée pour la mise en œuvre du projet artistique et culturel », précise le cahier des missions et des charges du label des scènes de musiques actuelles. Ce nouveau cadre légal a été publié le 5 mai 2017, quelques mois après l’arrivée des Eurockéennes. Ce que cela suggère, c’est que le label est associé à une personne physique, en l’occurrence le directeur, et non pas à une personne morale, comme l’est Territoire de Musique. Si les Eurockéennes avaient poursuivi, La Poudrière aurait été dans une situation « à risque » vis-à-vis du label. Forcément, cet élément a compté dans les réflexions, même s’il n’est pas à l’origine de la décision.
Une nouvelle page
« Nous avons ré-éclairé une salle qui était au fond d’un parking », considère Jean-Paul Roland, satisfait du travail accompli. Ce que confirme Stéphane Mazerand. « Nous avons grandi dans de nombreux domaines, approuve-t-il. Nous avons fait de belles choses et nous préparons aujourd’hui une nouvelle page de La poudrière. » Les Eurockéennes se sont engagées à préparer la programmation jusqu’au mois de juin, pour faciliter la transition. « Les feux sont au vert pour cette salle historique, assure Jean-Paul Roland. Nous partons sur une bonne dynamique. »
Aujourd’hui, La Poudrière finalise la fiche de recrutement du prochain directeur. Le 10 décembre, la démarche sera présentée au conseil d’administration, ce qui lancera la procédure officielle de recrutement.