« Ce n’est pas le Graal, mais c’est un grand moment », sourit le sénateur Les Républicains (LR) du Territoire de Belfort, Cédric Perrin, peu avant de devenir le treizième président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées de la Ve République. « Je suis honoré », ajoute-t-il. À 49 ans, seulement. Pendant son mandat, entre 2008 et 2014, Jean-Pierre Chevènement n’avait été que vice-président de cette même commission. Il succède à Christian Cambon, également élu Les Républicains, parti majoritaire au Sénat, dont le président est Gérard Larcher, réélu ce mercredi.
« Depuis 9 ans, j’ai beaucoup travaillé dans cette commission », observe Cédric Perrin. Il a notamment été rapporteur du programme P146 du budget de la défense, qui concerne l’équipement des forces armées, doté de 15 milliards d’euros ; c’est l’ enveloppe la plus importante du budget de la défense. Il a rendu des rapports sur l’importance des drones, sur l’industrie de la défense, sa souveraineté ou encore sur les leçons de la guerre en Ukraine. Il a par ailleurs siégé à l’assemblée parlementaire de l’Otan. Son premier rapport, en 2015, concernait « les conséquences géostratégiques du changement climatique », replace le sénateur, « à un moment où peu de monde en parlait ».
« J’ai été biberonné au drapeau français »
Cédric Perrin a décidé de partir très tôt en campagne pour ce poste, en septembre 2022. « Je voulais que ma candidature s’impose et soit naturelle », explique-t-il. Au sein de sa famille politique, il a devancé Pascal Allizard, Roger Karoutchi et Philippe Bas. « C’étaient des candidats de grandes valeurs et de poids, souligne-t-il, des personnalités politiques incontournables. » Il a réussi à valoriser son profil, très marqué par les questions de défense, sans être déconnectés des affaires étrangères, insiste-t-il. Au Sénat, la commission regroupe défense et Affaires étrangères, alors que l’Assemblée nationale les sépare.
« Dans le Territoire de Belfort, nous avons une vision particulière de la défense », note le sénateur. « C’est un territoire marqué par la guerre », observe-t-il. Les sièges du XIXe siècle ont forgé une identité. La défense de 1870-1871 encore plus. Du côté de la Première Guerre mondiale, ce sont les noms du caporal Peugeot, premier mort de la guerre, à Joncherey, d’Adolphe Pegoud, premier as, abattu au-dessus de Petit-Croix, ou de Pierre Sellier, clairon de l’Armistice, originaire de Beaucourt, qui font résonner le département. La Seconde Guerre mondiale évoque un souvenir plus personnel au sénateur. Son grand-père a été arrêté le 23 septembre 1944 à Beaucourt, avec 42 autres hommes et femmes ; c’était une opération contre la résistance. Il a été déporté au Struthof puis à Dachau. Il fait partie de la dizaine de survivants. « Il a passé sa vie à travailler le devoir de mémoire”, confie Cédric Perrin. « J’ai été biberonné au drapeau français et à l’importance de transmettre », raconte le sénateur, qui se dit « fier » de cette présidence, qui est aussi celle du souvenir des disparus. D’hier et d’aujourd’hui. Il reprend ainsi le flambeau de son aïeul.
Il préside une commission de 49 membres, dans laquelle il veut conserver le travail en binôme. Il va superviser les travaux et garder un œil avisé, notamment sur le budget de la défense, qu’il connait très bien. Il veut participer aussi au renforcement de la politique diplomatique du Sénat, en Amérique du Sud, Afrique et en Indo-Pacifique, soulignant que la diplomatie de l’Élysée est aujourd’hui « une catastrophe ». Le mandat de Cédric Perrin court jusqu’en 2026. L’un de ses premiers rendez-vous en qualité de président de la commission sera un échange avec le chef d’état major des forces armées, le général Thierry Burkhard, originaire de Delle.