En septembre, la start-up belfortaine H2SYS va célébrer ses 6 ans. 6 années qui content une belle histoire. Celle d’une recherche scientifique locale qui convertit un savoir en applications. Dans les fondateurs, il y a des chercheurs. Ils sont toujours là. Pas loin. C’est le récit aussi, d’une filière, l’hydrogène, qui était une niche pendant 20 ans et qui devient une partie de l’avenir industriel d’un territoire. Et l’une des clés de la décarbonation de nos économies. De ces applications vont également naître des emplois industriels dans un territoire qui en a tant perdus. En 6 ans, les réussites de l’entreprise sont déjà légion, en témoignent ses récompenses, mais aussi ses réalisations, à l’instar de la production de la première semi-remorque frigorifique hydrogène avec l’entreprise manchoise Cherreau.
L’évènement qui s’est noué ce mardi 27 juin, dans les locaux d’H2SYS, au Techn’Hom, met en perspective tout ce chemin parcouru. Et trace aussi la voix à suivre. Celle d’une start-up qui effectue sa mue en PME industrielle. La marche est importante. Délicate. Mais l’entrée au capital d’H2SYS du groupe IDEC, à hauteur d’1,5 million d’euros, ne donne que plus de corps à cette dynamique ; c’est une prise de participation minoritaire, mais « significative » confirment les intéressés. D’autres levées de fonds sont envisagées.
Soutenir la transition énergétique
« L’hydrogène a un bel avenir », convient Sébastien Faivre, le p-dg d’H2SYS. Mais les volumes ne sont pas là avertit-il. Les besoins d’investissements privés et publics sont encore nécessaires. « Nous avons besoin que ces investissements soient synchronisés », ajoute l’entrepreneur. « Nous devons être à la bonne taille au bon moment », image-t-il. Et il n’est pas aisé de consolider un développement commercial dans un marché immature analyse Sébastien Faivre, annonçant son intention de faire d’H2SYS le leader européen des groupes électrogènes hydrogène.
Le Groupe IDEC est un acteur intervenant sur tous les segments de l’immobilier : aménagement, promotion, investissement, ingénierie, énergie, international. Le groupe, originaire de Blois (Loir-et-Cher), a enregistré un chiffre d’affaires de 521 millions d’euros en 2022 et compte 700 collaborateurs dans le monde, dont 550 en France. Il construit peu ou prou 700 000 m2 de bâtiment chaque année et aménage actuellement près de 1 000 ha de terrains.
« Depuis trois à quatre ans, indique Christelle Brougebief, directrice général d’IDEC Énergy, au-delà d’aménager des ZAC ou de réhabiliter des friches, notre rôle est de se préoccuper de l’énergie nécessaire à ces zones. » Selon elle, toutes ces zones ont le potentiel « d’être à énergie positive ». Dans ce contexte le groupe soutient « les entrepreneurs de la transition énergétique », ajoute-t-elle. Il a investi 45 millions d’euros dans 24 start-ups liées aux énergies vertes et à la décarbonation indique Raphaël Vallée, directeur administratif et financier du groupe. « L’ensemble de nos investissements se structurent autour de grandes thématiques, notamment la mobilité décarbonée, l’hydrogène vert, les technologies innovantes et le photovoltaïque », détaille pour sa part Lionel Mary, directeur général de groupe IDEC invest innovation, dans un communiqué de presse. H2SYS s’insère dans cet écosystème.
Dans ce partenariat, « nous apportons le terrain de jeu », précise Christelle Brougebief. Le groupe IDEC apporte aussi son expertise. Avec H2SYS, le groupe IDEC peut proposer à ses clients des solutions de groupe de secours, comme ce qui a été installé à la préfecture du Territoire de Belfort (lire notre article), mais aussi des groupes électrogènes de chantier, pour qu’ils soient plus propres, dans la même dynamique que le projet auquel il a participé avec Enedis.
Soutenir l’industrialisation
Le groupe IDEC apporte surtout un accompagnement dans les phases d’industrialisation… dans laquelle s’inscrit justement H2SYS. Il espère disposer de son usine (lire notre article) en 2025, pour être prêt à produire massivement lorsque le marché sera là.
Sur l’usine, H2SYS est lauréat France 2030 programme « première usine », qui permettra aussi d’avoir un accès privilégier aux services de l’État pour l’administration des dossiers. Des terrains ont déjà été identifiés par les collectivités belfortaines a annoncé Damien Meslot, président Les Républicains (LR) du Grand Belfort. Ce dernier a aussi confirmé l’achat de groupes de secours à H2SYS pour les centres de traitement des eaux, à la suite des évènements de l’automne dernier où l’alimentation a été coupée et 40 000 Belfortains menacés de ne plus avoir d’eau.
H2SYS propose des groupes électrogènes à hydrogène pour des usages temporaires ou de secours, mais aussi des prolongateurs d’autonomie pour les véhicules électriques. L’entreprise propose également des produits « pédagogiques » pour les écoles et les entreprises, afin de former aux nouvelles compétences hydrogène. La crainte du délestage l’hiver dernier a peut-être ouvert de nouveaux marchés. Les demandes ont été très nombreuses d’avoir un groupe électrogène pour s’effacer du réseau. Constituer un parc de groupes électrogènes et les mettre ensuite à disposition de clients pendant une période donnée, donc leur vendre du kwH, est une autre possibilité pour l’entreprise ; elle implique par contre d’investir dans un parc d’actifs. « C’est un travail de longue haleine que de développer cette offre hydrogène », confie Sébastien Faivre. Et l’innovation n’est pas toujours dans le produit.
Dans cette dynamique vers l’industrialisation, l’entreprise a besoin de renforcer la partie commerciale, la production, mais aussi la méthode, tout comme le service après-vente et le support client avec l’aide de mise en service. Au printemps, la souscription lancée par H2SYS (lire notre article) a permis de mobiliser 900 souscripteurs et de collecter près de 750 000 euros indique également Sébastien Faivre. Aujourd’hui, l’entreprise compte une trentaine de salariés.