Le Trois –

Entre Belfort et Besançon, dix jours d’entrainement intensif pour 300 militaires

Des artilleurs de l'avant observent l'efficacité des tirs de mortier et apportent des corrections lors de l'édition 2021 de Royal Black Hawk, au camp militaire de valdahon (Doubs). | ©Le Trois – Thibault Quartier
Décryptage

La 10e édition de l’exercice militaire Royal Black Hawk, organisé par le 1er régiment d’artillerie de Bourogne, est programmé jusqu’au vendredi 23 juin, dans le Territoire de Belfort et le Doubs. On décrypte les enjeux avec le lieutenant-colonel Antoine, chef du bureau opérations et instruction du régiment.

400 militaires. Une cinquantaine d’aéronefs dont des avions de chasse, des avions patrouilleurs, des hélicoptères d’attaque ou de transport de troupes, des drones… Du 12 au 23 juin, le 1er régiment d’artillerie (RA) de Bourogne organise la 10e édition de l’exercice militaire d’aéro-combat Royal Black Hawk. Un exercice interarmes (artillerie, infanterie, aviation légère de l’armée de terre, génie, transmission…), interarmées (armée de terre, armée de l’air et de l’espace, marine nationale) et interalliés (France, Grande Bretagne, Belgique, Allemagne…), qui se déroule notamment en terrain libre, dans un périmètre compris entre Belfort, Besançon (Doubs) et le camp militaire de Valdahon (Doubs). Aux côtés des unités françaises, on compte ainsi la présence de militaires belges, allemands, britanniques, croates ou encore hollandais.

L’enjeu de cet exercice est de s’entraîner à la guerre de haute intensité, à l’image de ce qu’est la guerre en Ukraine depuis plus d’un an. On s’entraîne aussi « dans un milieu non-permissif », indique le lieutenant-colonel Antoine, n°3 du régiment, qui dirige le bureau opérations instruction. Ce type d’environnement n’est pas facile d’accès, notamment par une couverture aérienne, car il est protégé par des systèmes de défense sol-air. Un tel exercice implique aussi une importante profondeur de manœuvre, avec des unités d’incursion derrière les lignes, des capacités d’artillerie, notamment le lance-roquette unitaire du 1er régiment d’artillerie (notre article), ou des capacités de feux délivrés par des avions ou des hélicoptères.

L’exercice permet ainsi d’entraîner tout le monde, de travailler les procédures, d’affiner la coordination et d’éprouver particulièrement les qualifications des joint terminal attack controllers (JTAC), dont la mission est de coordonner depuis le sol le feu des aéronefs (lire notre article). Et c’était déjà l’objectif en 2013, lorsqu’il a été créé par deux jeunes soldats du 1er RA. Dont le lieutenant-colonel Antoine, qui était alors jeune lieutenant.

L’officier supérieur, aujourd’hui diplômé de l’école de Guerre, est de retour dans le Territoire de Belfort depuis le mois de septembre. Depuis la création, Royal Black Hawk a bien grandi. Il est reconnu. Les forces ont été décuplées. Et correspondent bien aux enjeux de la guerre actuelle, alors que sa mission, comme chef du bureau opérations instruction, c’est que ses soldats « soient au niveau », souligne-t-il. Le régiment est notamment déployé, aujourd’hui, en Roumanie, sur les frontières Est de l’Otan, dans le cadre de la mission Aigle. Il est aussi présent constamment au Liban.

Avec l’Ukraine, le retour en force de l’artillerie

L’un des enseignements de la guerre en Ukraine (lire notre article), c’est le retour du rôle de l’artillerie. On voit l’importance de mener des « feux massifs et brutaux », insiste le lieutenant-colonel, soit en saturant une zone soit en menant des frappes précises. « L’artillerie prend tout son sens », ajoute-t-il. Elle vise à orienter, si ce n’est contraindre, les actions de l’ennemi, à générer de l’attrition et à provoquer des vulnérabilités, par exemple sur sa logistique ou ses capacités de commandement. « On modèle l’ennemi », résume l’officier supérieur. Début 2023, selon les estimations, l’armée ukrainienne tirait 150 000 obus par mois et l’armée russe deux à quatre fois plus.

De cette guerre, d’anciennes pratiques sont aussi réétudiées et réapprises. Royal Black Hawk va donc réinvestir des actions dans la profondeur, qui visent à s’infiltrer, à identifier des cibles à « haute valeur ajoutée » et à les détruire, en recourant à la force aérienne par exemple détaille le lieutenant-colonel Antoine. Depuis la fin de la Guerre froide, les guerres asymétriques, notamment en Afghanistan ou dans la bande sub-saharienne, n’exploitaient peu ou pas ces méthodes militaires.

Cette manœuvre s’inscrit surtout dans un cadre international, avec des militaires étrangers. En Roumanie, les forces françaises sont intégrées à des unités de l’Otan, internationales. Il faut donc apprendre à se connaître et déployer des procédures communes. C’est ce qu’on appelle l’interopérabilité. Une donnée essentielle alors que l’éventualité d’un engagement majeur se ferait inévitablement dans le cadre d’une alliance internationale. Il faut que les procédures et la connaissance des armes soient maîtrisées pour disposer de capacités efficaces. « Nous avons besoin d’un haut niveau d’intégration pour être capable de mener des manœuvres de feu », insiste le lieutenant-colonel Antoine. Et c’est cette intégration que façonne le Royal Black Hawk depuis 10 ans. On se prépare à un conflit d’envergure. Face à un ennemi de force équivalente.

Le lieutenant-colonel Antoine, à la tête du bureau opérations instruction du 1er régiment d'artillerie de Bourrogne, un des deux créateurs de Royal Black Hawk en 2013 (©Le Trois – Thibault Quartier).
  • Jeudi 15 mai, dans la matinée : simulation d’un assaut sur la citadelle de Belfort.

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