Les faits remontent au 5 mai 2025. Ce jour-là, des rodéos en motocross agitent la ville. Le maire, engagé publiquement dans la lutte contre le phénomène de rodéos urbains, prend des photos pour documenter la situation. L’un des pilotes, sans casque, multiplie les accélérations. Voyant l’élu filmer alors qu’il est à l’arrêt, il s’élance dans sa direction et ne l’évite qu’au dernier moment. « J’ai réussi à prendre des clichés quand il était à l’arrêt. Puis il est reparti, droit sur moi, et je ne m’attendais pas à ce qu’il fonce ainsi », a témoigné Philippe Gautier à la barre. Identifié grâce aux photographies, l’étudiant a admis les rodéos. « Oui, c’est moi », a-t-il lâché, sourire nerveux. Mais il conteste toute volonté d’intimider le maire : « Ce n’était pas mon intention. Quand j’ai vu la caméra, j’ai paniqué. Je comprends qu’il ait pu le prendre comme ça. Mais je ne savais pas qui c’était. »
Trois heures plus tard, une motocross pénètre dans la cour du domicile du maire, alors que deux autres engins circulent devant la maison. Il n’a pas été possible d’identifier les individus. Pour le procureur de Montbéliard, Paul-Édouard Lallois, il s’agit d’une « mise en scène d’intimidation ». Le prévenu, lui, parle de « coïncidence ». Il dit ne pas avoir été sur les lieux ni commanditaire de cette opération et affirme avoir vendu sa moto quelques semaines plus tard pour se concentrer sur ses révisions du baccalauréat.
Après une plainte du maire, le jeune était poursuivi pour les rodéos, ainsi que pour violences sur une personne dépositaire d’un mandat électif.
« Message fort »
Le procureur a requis dix mois de prison avec sursis probatoire assorti de deux ans de mise à l’épreuve, ainsi qu’un stage de citoyenneté et de sécurité routière, de l’interdiction de paraître aux abords du domicile du maire et de l’inéligibilité pour cinq ans. « Il y en a assez de ces ‘petits cons’ qui brûlent de l’essence comme si les préoccupations mondiales en matière d’écologie ne touchaient pas la jeunesse. Il y a autre chose : il y en a assez de s’en prendre aux élus. Le fait d’avoir un comportement comme celui-là n’est pas entendable », a-t-il insisté, qualifiant l’acte « d’intimidation délibérée ». L’avocate de la défense a plaidé la relaxe sur les violences, estimant les accusations « capillotractées » pour un primo-délinquant « inséré et étudiant ».
Le tribunal a finalement écarté la qualification de « violences sur une personne dépositaire d’un mandat électif », le jeune affirmant ne pas connaître le maire. Un élément difficilement vérifiable. Les faits ont été requalifiés en « violences avec arme par destination ». Le jeune a été condamné à dix mois de sursis simple, à une interdiction de contact avec le maire et de paraître à proximité de son domicile, ainsi qu’à un stage de sécurité routière dans les six mois. Il devra également verser 500 euros au maire pour préjudice moral et 800 euros de frais d’avocat.
À l’issue de l’audience, Philippe Gautier a salué « un message fort : personne n’est au-dessus des lois. Jeune, vieux, primo délinquant ou non ». Le maire, qui a déjà multiplié les interventions médiatiques pour dénoncer les rodéos urbains — deux passages sur CNews, un sur TF1 — a indiqué avoir reçu, le 5 août, une réponse à ses sollicitations du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, lui promettant une visite à Valentigney « dès que son agenda le permettra », lettre à l’appui.
Il souhaite désormais faire de sa commune une ville test pour lutter contre le phénomène. De nouvelles caméras de surveillance ont été installées et des renforts de police municipale doivent prochainement être déployés.