Le Trois –

Valdoie : Territoire Espoir cherche désespérément un nouveau toit pour préserver le lien social

Mickaël Brentegani et Sophie Hazel, sont là chaque jour pour accompagner ceux qui poussent la porte à l'association Territoire Espoir, à Valdoie. | ©Le Trois - E.C.
Reportage

À Valdoie, l’association Territoire Espoir accueille chaque jour des personnes atteintes de troubles psychiques, leur offrant un espace de convivialité et de répit. Mais ce refuge est menacé : le bail arrive à son terme et les recherches d’un nouveau local restent vaines.

Dans une petite maison jaune, nichée dans un quartier pavillonnaire de Valdoie, des voix s’élèvent doucement sous le craquement des graviers. Mohammed, Nicolas et d’autres habitués arrivent au compte-goutte, cigarette au bec, échangeant sur tout et rien dans la cour. Dans la salle à manger, jouxtée de la cuisine voûtée de pierres, les discussions reprennent autour d’un café. Ce vendredi 7 février, comme chaque vendredi, c’est atelier cuisine. Un moment simple, mais essentiel pour ces hommes et femmes souffrant de troubles psychiques, accueillis ici par l’association Territoire Espoir. 

Depuis des années, ce Groupe d’entraide mutuelle (GEM) est un refuge. Deux salariés, Mickaël Brentegani et Sophie Hazel, sont là chaque jour pour accompagner ceux qui poussent la porte. Certains viennent pour discuter, d’autres pour jouer, cuisiner, ou simplement être là. Aucun engagement, aucune obligation. Juste une présence rassurante.

Mais ce fragile équilibre est menacé. Le propriétaire de la maison jaune souhaite vendre, et l’association, qui est locataire, devra partir d’ici début 2026. Depuis 2021, Mickaël et Sophie cherchent une solution. « On a tout tenté, mairie, diocèse, députés, sans succès », souffle Mickaël. Pourtant, il leur faut absolument un nouveau lieu : un T4 ou T5, de 80 m² minimum, accessible en bus, de plain-pied ou avec ascenseur, et avec un jardin si cela est possible. Avec un loyer, encadré par l’Agape, autour de 800/900 euros. Que ce soit à Belfort, ou dans les environs. Une maison où ce lien social précieux pourrait perdurer.

Ce matin-là, dans la cuisine, Mohammed s’active. Il épluche les pommes de terre du gratin dauphinois prévu pour le midi. « Ici, c’est chaleureux », répète-t-il souvent. « Je ne m’entends plus avec ma famille », raconte-t-il, les yeux brumeux. Ce lieu est devenu son repère. Nicolas, lui, prépare la crème au chocolat. « Avant, j’étais ingénieur en fonderie », confie-t-il. Une vie professionnelle mise à l’arrêt par la maladie psychique, qui l’a plongé dans un isolement profond. Chaque jour, il fait plus d’une heure de bus pour venir ici. « J’aime cet endroit parce qu’il est calme et en retrait. Quand on a besoin, il y a toujours quelqu’un, ça fait du bien d’être ici », expose Mohamed. 

Une personne sur quatre souffre

Le GEM, c’est bien plus qu’un simple local. Sur une étagère s’empilent les jeux qu’ils partagent : belote, Skyjo, Scrabble… Le vendredi, tous les volontaires cuisinent ensemble. Les autres jours, chacun vient selon son envie. Il y a aussi des sorties, des visites de musées, des balades en forêt, des séances de méditation, des séances d’écritures, des voyages. Gérardmer, Ribeauvillé… Autant d’escapades qui font briller les yeux de ceux qui y participent lorsqu’ils le raconte, ce vendredi 7 février. 

Marie-Jo Bittard, responsable de l’Unafam, pour le Territoire de Belfort, qui partage les locaux avec eux, est convaincue de l’importance de ce lieu. C’est elle qui a poussé à sa construction. Elle connaît bien la détresse des familles. « C’est un coup de tonnerre pour la personne et pour ses proches. Il faut faire le deuil des projets qu’on avait imaginés. » Elle rappelle une réalité brutale : « 20 % des personnes à la rue sont atteintes de troubles psychiques. »

Dans son travail, elle s’efforce de déculpabiliser les proches, de leur expliquer que ces maladies sont réelles, visibles à l’IRM, qu’elles ne relèvent ni de la folie ni du caprice. Elle rappelle qu’une personne sur quatre est atteinte d’un trouble : dépressions, troubles borderlines, troubles de la personnalité, de l’addiction, troubles bipolaires.  Elle anime des cafés-rencontres, des groupes de parole. S’efforce de déstigmatiser les troubles psychiques. Et elle se bat pour que des associations comme Territoire Espoir continuent d’exister. « L’expérience de la souffrance psychique est très difficile à comprendre pour les gens de l’extérieur. » 

Aujourd’hui, l’urgence est là. Un GEM, c’est un filet de sécurité, un espace où l’on peut retrouver du lien. Un espace aussi, pour réapprendre à apprivoiser la ville, comme lorsqu’ils vont ensemble au centre-ville de Belfort, nous racontent Sophie et Mickaël. C’est aussi un tremplin : certains restent quelques mois avant de reprendre un travail ou d’intégrer un Esat, d’autres y trouvent un repère plus durable. Mais, sans nouveau local, tout cela est menacé. Alors Mickaël et Sophie continuent de chercher, inlassablement. Parce qu’ils savent que, pour Mohammed, Nicolas et tant d’autres, cette maison jaune est bien plus qu’un simple bâtiment. Ils appellent à l’aide.  

[ En images ]

Photos prises par Eva Chibane – Le Trois 

> Pour les aider, les contacter : te90@orange.fr 03 84 58 98 12 

> Pour contacter l’Unafam (L’Unafam apporte une aide aux familles de personnes souffrant de troubles psychiques)90unafam.org 06 77 76 08 01 

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