4 mamans, 4 enfants, 31 enfants en micro-crèche…. La Maison de Jeanne, encore au stade de projet il y a quelques mois, est devenue un lieu de vie à part entière.
4 mamans, 4 enfants, 31 enfants en micro-crèche… La Maison de Jeanne, encore au stade de projet il y a quelques mois, est devenue un lieu de vie à part entière où sont accompagnées des mamans solos dans leur parcours vers la réinsertion sociale et professionnelle.
La Maison de Jeanne n’a plus rien de son visage d’antan, grisâtre et sans vie. Elle arbore désormais une belle façade bleue, d’où s’échappent les rires et les cris des enfants. Au rez-de-chaussée, une pancarte dirige vers le bureau de la directrice, Céline Souakria. C’est elle qui est à l’origine de tout cela (lire notre article). Aujourd’hui, le projet est devenu une réalisation, un travail à temps plus que complet pour la directrice et ses équipes. Dans la Maison de Jeanne sont désormais employées une auxiliaire de puériculture, 3 CAP petite enfance et une coordinatrice de parcours. « On donne beaucoup de nous, avec des horaires pas toujours faciles. Mais nous faisons partie d’une belle histoire, où l’on reçoit beaucoup », confie Sonia Séjour, coordinatrice de parcours.
La maison, elle, est presque au complet. Quatre jeunes mamans solo ont rejoint des appartements dans la Maison de Jeanne. Avec ces mamans, 4 enfants dont un bébé. Quant à la micro-crèche, il faut maintenant être sur une liste d’attente pour s’inscrire. Prévue pour les jeunes mamans, mais aussi pour des personnes extérieures – avec des horaires très flexibles allant de 6 h à 22 h du lundi au vendredi et de 6 h à 20 h le samedi – la crèche ne désemplit pas, avec 31 enfants inscrits. « On ne s’attendait pas à ça mais on s’adapte. Les horaires que l’on propose permettent une insertion plus facile dans certains métiers », se réjouit la directrice. Dans cette même idée d’aider ceux qui en ont besoin, la crèche a mis en place une tarification solidaire. Entre 5 et 9,50 euros de l’heure, contre 8 à 12 euros de l’heure pour une crèche classique. Avec en prime, les couches, la nourriture et les produits d’hygiène fournis.
Pas encore tout à fait finis, les travaux de la Maison de Jeanne vont prendre fin le 15 mai, après 9 mois de labeur. « Cela va nous faire bizarre de ne plus entendre de bruits », plaisante Céline Souakria.
Préserver la dignité
« La maison a une véritable organisation », explique Céline. Tous les lundis, les quatre locataires se réunissent auprès de Céline et sa coordinatrice de parcours. Au programme, contingence, ménage des communs, agenda des rencontres pour étayer l’offre de services. En plus de ce rendez-vous du lundi, chaque jeune femme est accompagnée quotidiennement pour préparer des lettres de motivation, gérer les démarches administratives. Pendant ce temps-là, les enfants sont accueillis à la crèche, gratuitement. « Pour nous, c’est tout à fait normal. Il faut que les mamans puissent gérer leur démarche dans la dignité, sans avoir leur enfant avec elles », expose Céline.
Des ateliers vont aussi prochainement démarrer avec des ateliers de parole, des stages de secourisme, des ateliers pour apprendre à prendre soin de soi psychologiquement et physiquement. Elles seront accompagnées par des coachs.
En clair, « nous mettons en place tout ce qui est en mesure de les aider à reprendre confiance en elles », détaille Céline. Il est aussi prévu de répondre à un appel à projet pour financer le permis des jeunes femmes qui ne l’ont pas encore. « On essaye de leur donner tout ce qui leur a manqué pour construire leur estime. »
« Ces mamans sont étonnantes », sourit Céline, qui explique que ce qui a joué dans leur sélection, c’est leur capacité à s’investir dans le projet, à être toujours à l’heure, de bonne volonté, à avoir de la ressource et de l’énergie pour s’investir dans le projet. Quant à l’âme de la maison, la coordinatrice de parcours, Sonia Séjour raconte : « On se réjouit de tout, de la belle histoire qu’on est en train d’écrire . » « Ce n’est pas tous les jours facile, mais on se construit ensemble », complète Céline.
Céline Souakria reçoit la médaille de l’égalité femmes-hommes
« Fin avril, j’ai reçu un appel pour m’inviter à déjeuner à l’Élysée », raconte, éberluée, la directrice de la Maison de Jeanne. Accompagnée de cinq autres personnes, elle raconte avoir vécu un moment « fabuleux ». « J’ai rencontré Elisabeth Moreno (ministre chargée de l’égalité femmes-hommes, de la diversité et de l’égalité des chances). C’est une personne empreinte d’intégrité. Cette rencontre a été la plus inspirante de ma vie », raconte-t-elle. À cette occasion, elle a été décorée de la médaille de l’égalité femmes-hommes. Une médaille qu’elle a ramenée dans la Maison de Jeanne, comme un trophée discret de l’exploit accompli. Mais son humilité ne la quitte pas : « Le but n’est pas de courir les honneurs mais de faire tourner la machine », pointe-t-elle.