Six membres du groupe d’ultras de la Tribune Nord Sochaux répondaient devant la justice, ce mardi 27 mai à Montbéliard, de faits de violences contre des personnes dépositaires de l’autorité publique et de dégradations au niveau du stade Bonal, au retour d’un match à Nancy. Le 14 février, alors que le FCSM perd un match contre Nancy (0-1), des supporters débordent, arrachent des sièges, dégradent le stade Marcel-Picot. Au retour du match, les supporters rentrent de leur déplacement en bus. Ils arrivent au stade Bonal, où les forces de l’ordre ont été dépêchées pour des contrôles d’identité. Des violences éclatent entre une cinquantaine d’ultras affiliés à la TNS et douze policiers. Parmi eux, le chef de file de la Tribune Nord Sochaux. Leur procès, initialement prévu le mardi 8 avril au tribunal de Montbéliard, avait été renvoyé à leur demande.
Interpellés le 2 avril sur instruction du procureur de la République Paul-Édouard Lallois, les six hommes avaient été placés en garde à vue avant d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire. Le parquet avait sollicité leur comparution immédiate, estimant nécessaire une réponse pénale « rapide » et « ferme » face à des faits qu’il juge « hautement inconcevables », commis par une « horde de sauvages ».
Ce mardi, après un premier report d’audience en avril, et au terme de sept heures d’audience, l’un des prévenus a été relaxé. Les cinq autres, âgés de 20 à 52 ans, ont été condamnés à des peines de sursis, de six à seize mois, 500 euros d’amende chacun. Mais surtout, à une interdiction de paraître au stade Bonal pendant un an. Le procureur avait requis deux ans d’interdiction.
« Tu violentes un flic, tu vas en prison »
« Je suis abasourdi », entend-on à la sortie du procès. Les regards sont hagards, les cinq hommes condamnés ressortent sonnés. Les yeux mouillés pour certains. L’avocate de l’un des prévenus, Me Nathalie Rey-Demaneuf, estime que la peine est « sévère, très sévère, une peine qui sert un peu d’exemple selon moi ».
Pourquoi une telle sévérité ? Durant le procès, Paul-Édouard Lallois, procureur de la République a évoqué une « scène de guerre » sur place, ce soir-là. Une douzaine de personnels des forces de l’ordre en sous-effectif, « pas préparés pour ce qui les attendait », ont été débordés par des ultras, habillés de noir, alcoolisés, qui « souhaitaient en découdre ». Il décrit une scène : un policier, dans une voiture, « pris d’assaut » par une dizaine d’individus, « une horde de sauvages », décrit le procureur. Ils secouent la voiture. Deux personnes forcent l’entrée dans le véhicule.
Il évoque ceux qui, traumatisés, « n’ont toujours pas repris le travail » ou « appréhendent la reprise de la saison prochaine ». « Notre chance à tous est d’être passés à côté d’un drame. Notre chance est que les policiers ont gardé leur sang-froid. On aurait pu avoir une sortie d’arme à feu dans le cadre de la légitime défense », relate le procureur de la République de Montbéliard.
Pour le procureur, il s’agit d’être ferme. « Tu violentes un flic, tu vas en prison, c’est aussi simple que ça. » Il a requis plusieurs peines de prison ferme pour trois d’entre eux. « Ils ont franchi une limite qui ne doit pas l’être dans un État de droit : la violence sur les forces de l’ordre », a-t-il poursuivi.
« On voulait juste parler aux joueurs »
Pour la plupart, les prévenus ont nié les faits. Ils expliquent ne pas comprendre pourquoi les forces de l’ordre étaient là à leur arrivée à Bonal. « On voulait juste parler aux joueurs et aux dirigeants du club, c’est tout », décrit l’un d’eux. Certains détaillent leur engagement au club, qui est toute leur vie, les actions caritatives menées par la Tribune Nord Sochaux, le temps passé par semaine pour faire vivre cette entité, parfois plus de 20 heures par semaine. Leur volonté de faire cesser les attroupements, également. La plupart atteste ne pas y avoir participé. Mais cela n’aura pas suffi pour convaincre les juges d’une peine moins sévère. La raison, notamment : une enquête qui a permis de mettre au jour de nombreux échanges sur WhatsApp entre les ultras, qui se questionnaient sur les possibles répercussions de leurs actes.
Dans le détail, les six supporters étaient poursuivis pour participation à un attroupement, participation à un attroupement armé, violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique, dégradations et rébellion en réunion. Ils encouraient jusqu’à trois ans de prison ferme et cinq ans d’interdiction de stade. Concernant les faits qui se sont déroulés à Nancy, l’enquête est toujours en cours, expose le procureur de Montbéliard.