Au cours d’une conférence de presse, le procureur de Montbéliard a évoqué “une activité sur internet, sur plusieurs réseaux sociaux, sur des plateformes de jeux vidéo en ligne, montrant un intérêt avéré, manifeste, de ce mineur pour des contenus à tendance religieuse radicale”, avec notamment des vidéos de tueries. L’enquête a aussi “permis de mettre en évidence un intérêt accru sur les explosifs, les armes en général”. “Le fil conducteur de toutes ces publications, c’est véritablement l’islamisme radical”, a ajouté M. Lallois, qui a échangé régulièrement avec le Parquet national antiterroriste ces dernières semaines sur ce dossier.
Le magistrat s’est dit “sidéré” par certains contenus consultés par le jeune garçon. Celui-ci a été interpellé il y a quelques jours et a reconnu les faits. “Ce qui est sans doute le plus notable, c’est l’extrême jeunesse de cet enfant”, a poursuivi le procureur. “J’avais vendredi face à moi un enfant, qui a beaucoup pleuré, et sur lequel se posent un certain nombre de questions quant à sa véritable compréhension de ce qu’il pouvait consulter et de ce qu’il pouvait écrire à travers ses plateformes de jeux vidéo en ligne, ses réseaux sociaux ou ses messageries cryptées.”
Les conclusions provisoires d’un expert psychiatre ont décelé une altération du discernement du garçon, a encore noté M. Lallois. Il est poursuivi pour apologie publique d’acte de terrorisme, commise au moyen d’un service de communication au public en ligne, via internet, et de l’infraction de provocation directe à des actes de terrorisme.
Etant donné son jeune âge, le garçon ne pouvait pas être placé sous contrôle judiciaire. “Le juge des enfants lui a notifié son placement sous mesure judiciaire éducative provisoire (…) qui est la seule mesure possible sur un plan pénal pour un mineur de moins de 13 ans”, selon le procureur. “Il comparaîtra au fond devant le juge des enfants fin août. Compte tenu de son âge, c’est le juge des enfants seul qui a compétence pour juger ce mineur, pas un tribunal pour enfants dans sa formation collégiale”, a encore précisé M. Lallois.
Il est impossible de dire si le garçon serait un jour passé à l’acte, a noté le magistrat. La mère de l’enfant et son compagnon ont été placés en garde à vue pour des vérifications, mais mis hors de cause. Le père du garçon a également été entendu. Il s’est dit “choqué” de découvrir les faits reprochés à son fils. Lui aussi a été mis hors de cause. Le procureur a évoqué un “conflit parental manifeste”, le père et la mère du garçon se renvoyant la faute.