La polémique autour du départ de trois médecins généralistes à Pont-de-Roide a ressurgi lors du conseil communautaire du 10 avril de Pays de Montbéliard Agglomération. Ces trois médecins (soit la moitié des effectifs de la commune) ont décidé de s’installer à Anteuil, à la suite d’une annonce de l’association « Action Philippe Streit » qui proposait de s’installer dans une partie d’un nouveau centre médico-sportif de plus de 1 000 m2 pour un loyer d’un euro par an.
Le maire, Denis Arnoux, note « un contexte difficile pour la santé ». Avec un premier départ en retraite, fin 2022, à Pont-de-Roide Vermondans, qui a demandé à la commune et à l’agglomération de mettre des moyens supplémentaires pour retrouver quelqu’un. Cela a été possible début 2024. « Et patatrac, le 29 mars, j’apprends par un ami que trois médecins vont quitter la commune. Ils partent le 10 juin en principe », s’énerve-t-il.
Il dénonce un « prédateur médical et des mercenaires de la santé ». Et demande de l’aide à l’agence régionale de santé (ARS), s’étonnant, d’ailleurs, que celle-ci n’ait pas empêché ce départ des médecins.
Négociation avec l’ARS
Le maire souhaite que Pont-de-Roide soit classé en zone permettant l’attribution de la prime pour l’installation et la défiscalisation. « Seuls, on y arrivera pas. Les trois médecins qui restent ont 60 ans et plus. Je ne comprends pas comment l’État a pu admettre le départ de ces trois médecins. »
Des propos soutenus par les autres élus. Renaud Fouché, vice-président en charge de la santé à l’Agglomération, s’alarme sur une situation plus générale, propre au pays de Montbéliard. « Il faut qu’on réponde à la demande des habitants du pays de Montbéliard. Or, aujourd’hui, cette demande n’est pas assurée. Il y a une grande proportion de gens qui se retrouvent sans médecin généraliste. On en tire l’alerte depuis de nombreuses années. »
Malgré un travail depuis cinq ans pour palier ce manque, il note : « Le pire est à venir ». Et énonce des chiffres édifiants : 36% des médecins de l’agglomération ont plus de 60 ans et 52% ont plus de 55 ans. « En d’autres termes, on va devant des jours encore pire que ce que nous vivons actuellement. »
Pour les élus, il faut trouver une solution pour en réinstaller et surtout éviter les fuites d’une commune vers une autre. Dans les discussions, l’agence régionale de santé est décriée, à plusieurs reprises. « Il est choquant que l’ARS ne mette pas un coup d’arrêt à ce qui se passe actuellement pour les départs des médecins à Anteuil. Il se voit proposer un pont d’or », commente encore Renaud Fouché.
Magali Duvernois, maire d’Exincourt, est encore plus tranchante : « l’Etat est absent voire même crée des déséquilibres territoriaux. Il les crée avec de l’argent public, c’est dramatique. »
Travailler au-delà des frontières communales
Contactée, l’agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté commence par rappeler que la situation à Pont-de-Roide concerne « des professionnels de santé libéraux qui, par définition, choisissent librement leurs lieux d’exercice ». Et explique que des dispositifs existent sur la commune de Pont-de-Roide pour permettre aux médecins de « gagner du temps médical et maintenir une offre la meilleure possible (assistants médicaux, infirmiers de pratique avancée…). » Elle détaille aussi que les zones de Pont-de-Roide comme d’Anteuil sont actuellement classées en zones d’intervention prioritaire (ZIP), éligibles à l’aide à l’installation versée par l’Assurance maladie.
Pour l’agence régionale de santé, l’objectif en termes d’accompagnement est de se placer « au-dessus des frontières administratives, départementales ou communales : l’objectif étant de parvenir à ce que les usagers puissent disposer de la meilleure offre au plus près », communique-t-elle.
Elle explique notamment que c’est ce type de projet qui se constitue notamment à Anteuil, où des échanges se déroulent avec les professionnels de santé pour travailler sur un projet de santé et ainsi « constituer une maison de santé. » C’est ainsi qu’elle conçoit l’attractivité du territoire. « L’accompagnement à toute forme d’exercice coordonné (maisons de santé, communautés professionnelles territoriales de santé, centres de santé, exercices regroupés….) est une des réponses les plus efficaces aujourd’hui pour attirer et fidéliser les professionnels de santé », expose encore l’ARS.