A l’occasion du dernier week-end des jeux olympiques, revenons sur le parcours atypique de l’un de nos champions locaux : Philippe Heberlé. Double champion du monde de tir à la carabine à 10 mètres, champion des jeux olympiques de Los Angeles en 1984, il revient sur ces années qui ont marqué sa vie.
À l’occasion du dernier week-end des Jeux olympiques, retour sur le parcours exceptionnel d’un champion belfortain, Philippe Heberlé. Double champion du monde de tir à la carabine à 10 mètres, champion olympique de Los Angeles en 1984, il revient sur ces années qui ont marqué sa vie.
Enfant, Philippe Heberlé raconte : « J’étais un enfant qui aimait la nature. A l’époque dans ma famille, on ne partait jamais en vacances. Avec mon père et ma sœur, on allait à un petit étang à Lachapelle-sous-Chaux. On était bricoleurs. On a construit une cabane : on passait nos deux mois d’été là-bas. Je me construisais des arcs pour tirer. J’ai commencé avec ma sœur, qui avait 4 ans de plus, à faire du tir. Mon cousin nous a emmenés à l’association de tir de Belfort. J’ai fait des concours de village, des stages nationaux, tout s’est enchaîné jusqu’à début 83 »
L’année 83 : « Un parcours du combattant »
Début 83, Philippe Heberlé devient champion d’Europe junior en équipe. Il arrive 3ème en individuel. Quelques mois plus tard, il devient champion du monde. « Dans le sport, on progresse par paliers, explique-t-il. Avant 83, j’ai passé plusieurs années à rester au même niveau, à ne pas gagner un seul point. Mais avec du recul, je suis persuadé qu’on emmagasine de l’expérience, de la méthode. Et au bout d’un moment, on passe le palier. » C’est ce qu’il s’est passé en 1983. « Il n’y a jamais eu de sorties pour moi, se souvient-il, jamais eu de boîte de nuit ou de grasse matinée. Il y a eu des entraînements très difficiles. Des footings tous les deux jours, qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il fasse beau. Certaines personnes se demandent comment on en arrive là. La vérité, c’est que c’est un parcours du combattant. Des centaines d’heures de souffrance pour quelques minutes de bonheur. Un bonheur tellement intense qu’il permet d’oublier tout le travail fastidieux qu’il y a eu derrière. »
L’année 1984 : « Tout le monde m’attendait au virage »
1984, c’est l’année des Jeux olympiques. L’année où il devient champion, à Los Angeles. Philippe Héberlé garde de très bons souvenirs. « Avec l’équipe de France, on est partis aux jeux olympiques la fleur au fusil. J’ai de superbes souvenirs de cette période. Des souvenirs bon enfant, presque Candide. C’était une vraie camaraderie. On échangeait tous beaucoup sur nos expériences entre compétiteurs français. Il y avait une bonne émulation entre nous tous. C’était la mentalité française à cette époque. » Il poursuit : « D’ailleurs, on était très observés les Français. Justement parce qu’on s’éclatait. Avec Jean-Pierre Amat, on n’a pas arrêté de faire des conneries. Ça a renforcé des amitiés formidables. » Sur la performance sportive, il avoue : « Tout le monde m’attendait au virage après la performance de 83. Plus on m’attendait, plus je voulais montrer que j’en étais capable. J’en faisais un jeu. Cela me permettait de nourrir un sentiment de contentement. »
1986 : « Passer de l’autre côté de la barrière »
Après sa victoire aux Jeux olympiques de 1984, Philippe Heberlé continue sur sa lignée de grand champion. En 1985, il devient double champion du monde à Mexico. Il se confie : « A ce moment-là, la machine a commencé à être usée. Je n’étais plus à fond. J’aurais pu faire semblant et continuer mais on se ment à soi-même et on ment aux autres. La carrière de sportif peut être quelque chose de très pervers. Je me suis imposé certaines exigences. Ca en devenait presque une drogue. Et sincèrement : je me suis arrêté à temps. » La suite pour Philippe Heberlé, c’est sa carrière d’entraîneur d’équipe de France. De 1986 à 2005. Il passe de l’autre côté de la barrière : « C’était autre chose, mais j’ai construit de très belles amitiés avec mes tireurs. La relation entre tireur et entraîneur est très particulière. Elle doit être en « symbiose », car l’entraîneur devient le pilier de la vie du tireur et inversement : Dans la vie d’un sportif, un grain de sable peut tout perturber sur les qualités sportives. On se confiait sur tout : les problèmes de famille, d’argent ou encore les problèmes sexuels. » En 2005, l’entraînement s’arrête : « Que ce soit en tant que tireur ou en tant qu’entraîneur, la carrière nous fait passer au travers de beaucoup de choses. On ne vit que pour ça et j’avais envie de construire d’autres choses. Pour autant, je garde de nombreux contacts avec d’anciens tireurs comme Jean Pierre Amat ou Franck Badiou. »
Un autre sportif local s’apprête à décoller pour les JO…
Et il s’agit d’Alain Quittet, qui s’apprête à décoller pour Tokyo pour les Jeux Paralympiques, selon France Bleu. Originaire de l’Isle-sur-le-Doubs à 65 ans. Il participera à trois épreuves de tir à la carabine. Il est qualifié dans trois catégories : le tir 10 mètre couché -les coudes posés-, le 10 mètres couché -coudes non posés- et le 50 mètres couché.
Deux dates bonus qui ont marqué le sportif : 1994 et 1997
Passionné par les grands explorateurs, amateur de survie, Philippe Heberlé part avec ses tireurs en 1994 dans les marais Malgache et en 1997 en Alaska. Il en garde de précieux souvenirs : « C’était des moments incroyables. On apprend tellement sur nous même. On se rencontre, on se découvre, on se redécouvre en survie. On a eu pas mal de galère, mais ça nous a appris à relativiser sur tout. Sur le sport, sur nos vies, sur notre capacité à garder le cap dans le sport. »