Les élèves de l’institut de formation aux métiers de la santé (IFMS) du nord Franche-Comté n’ont pas de mal à trouver un emploi. Au contraire, à l’hôpital Nord Franche-Comté, on espère leur venue. Même si elle ne suffit pas à insuffler un nouvel élan.
Les élèves de l’institut de formation aux métiers de la santé (IFMS) du nord Franche-Comté n’ont pas de mal à trouver un emploi. Au contraire, à l’hôpital Nord Franche-Comté, on espère leur venue. Même si elle ne suffit pas à insuffler un nouvel élan face aux pénuries de soignants.
Petit pain, croissant, jus d’orange et café. Tout était prêt ce mardi 24 mai pour la venue de Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté, au sein de l’institut de formation aux métiers de la santé (l’IFMS) du nord Franche-Comté. Elle s’est rendue sur place pour rencontrer les étudiants de troisième année, prêts à décoller au mois de juillet vers différentes structures de santé dans le sanitaire et le social. Des étudiants qui vont jouer un rôle très bientôt, avec l’espoir qu’ils intègrent un centre de santé de la région pour répondre aux nombreux problèmes de pénurie.
Au sein de l’établissement, ils sont au nombre de 800 entre les étudiants, stagiaires et élèves. « Chaque année, le nombre d’étudiants augmente », rapporte Christine Meyer, directrice de l’établissement ouvert en 2019. Après leur formation, les étudiants formés pour le métier d’infirmier, d’aides-soignant et de masso-kinésithérapeute sont capables d’intégrer un grand nombre de structures : Ehpad, centre de soins, hôpital, cabinet, détaille la directrice. Est-ce qu’ils sont assez nombreux à être formés ? « On peut toujours former plus. Et dans les faits, il en faudrait que plus d’étudiants intègrent nos structures pour répondre à la demande », commente Christine Meyer.
Mais l’image du métier durant la crise sanitaire a créé des réticences à se diriger vers ces métiers, dont la professionnelle est consciente. « Le métier a souffert en fin de crise. Nous voulons plus d’infirmières mais nous n’avons pas le nombre. On essaye de motiver, en créant des passerelles par exemple », pointe-t-elle. Une étudiante en 3e année, Laurie, témoigne qu’entre le début et la fin du cursus scolaire, « il y a eu énormément d’abandons », justement, parce que les différents stages durant la crise sanitaire en ont découragé plus d’un.
La demande de recrutement, elle, est grande. Le directeur de l’hôpital Nord Franche-Comté, expose que parmi les élèves qui sortent de l’école, 80 postes sont à pourvoir. 80 postes qui n’ont pas encore tous trouvé leur signataire, mais le directeur l’espère. « Cela nous donnerait un bon élan pour repartir sur de bonnes bases pour septembre prochain », expose-t-il.
Cercle vicieux
Difficile de croire à un élan, selon Céline Durosay, secrétaire nationale de la coordination nationale des infirmières (CNI) et représentante syndicale au sein de l’hôpital nord Franche-Comté. « 80 postes permettront à peine de combler les trous. Il y a besoin de plus que ça même si c’est un début. » Elle déplore notamment le manque d’infirmiers et d’infirmières spécialisés. « Nous aurions besoin d’au moins 100 personnes de plus », commente la déléguée syndicale. Car aujourd’hui, Céline Durosay témoigne au sein de l’hôpital d’un fonctionnement avec le strict minimum. « Des lits sont fermés à cause du manque de personnel, l’absentéisme a augmenté. Tout cela c’est le reflet du mal-être », analyse-t-elle.
Des conditions, qui selon la déléguée syndicale, n’attirent pas les jeunes. « Les salaires ne sont pas attractifs. Les heures supplémentaires font désormais changer le revenu de référence sur les impôts, tandis que les vacations sont désormais imposables. Tout cela ne donne pas envie de s’investir ou de venir dans la profession.» À ce sujet, la directrice de l’institut de formation aux métiers de la santé, Christine Meyer, analyse: « Évidemment, pour rendre ces métiers plus attractifs, il faudrait revaloriser les conditions salariales, mais aussi les conditions de travail. Aujourd’hui, le critère des plus jeunes, c’est le bien-être au travail.» Elle poursuit : « Et le travail n’a plus la même orientation qu’à l’époque. Désormais, les jeunes, même s’ils sont motivés, se sentent plus libres d’arrêter, de prendre un an pour réfléchir, faire une pause. Et ce sont sûrement eux qui ont raison », sourit la directrice.
Sur la question du bien-être au travail, Céline Durosay en vient à parler de cercle vicieux. « Il n’y a pas de temps pour accompagner les prises en main des plus jeunes qui sortent d’école ou en stage, donc ce n’est pas facile pour eux et il y a plus d’abandons. Et si on ne peut pas les accompagner, justement, c’est parce qu’on manque de personnel. C’est un cercle vicieux dont on ne sait plus comment sortir.» Au sein de l’hôpital Nord Franche-Comté, des groupes de travaux sont mis en place pour répondre à ces questions, mais « la mise en place reste extrêmement compliquée », conclut la déléguée syndicale.