Dans une lettre ouverte au gouvernement ce 28 octobre, l’intersyndicale de l’HNFC ne mâche pas ses mots pour dénoncer les projets de loi en cours dans celle-ci, envoyée ce 28 octobre. Le premier point d’achoppement : le passage de un à trois jours de carence pour les agents hospitaliers. La mesure d’un jour de carence, instaurée en 2018 et visant à réduire l’absentéisme, n’a, selon les syndicats, montré aucune efficacité depuis son rétablissement initial. « Augmenter le nombre de jours de carence ne résoudra pas le problème, mais au contraire l’aggravera », préviennent-ils, en rappelant que de nombreux agents continuent de se rendre au travail malades, de peur de perdre des journées de salaire. Pour eux, cela aurait pour seule conséquence de favoriser la propagation des maladies au sein du personnel et des patients et de pousser les agents hospitaliers encore plus vers l’épuisement.
Le communiqué syndical souligne également le décalage entre l’augmentation des besoins de santé et les moyens financiers alloués aux hôpitaux. Bien que l’ONDAM (Objectif National de Dépenses d’Assurance Maladie) pour les établissements de santé ait été revalorisé de 3,1 % pour 2025, une augmentation de la cotisation employeur pour la Caisse nationale de retraite des collectivités locales (CNRACL) viendra rogner cette progression de 1,1 %, ramenant ainsi l’augmentation nette à 2 %. Une « équation impossible » pour les syndicats, alors que les dépenses de santé connaissent une croissance de 3,8 %.
Cette limitation budgétaire est perçue comme « intenable » pour les établissements de santé, à qui l’État souhaite impose des économies de 640 millions d’euros. Les syndicats listent les conséquences de cette politique pourraient avoir : une diminution des capacités de recrutement, une aggravation des conditions de travail, et une dégradation de l’accès à des soins de qualité pour les usagers. En septembre, la Fédération Hospitalière de France (FHF) avait pourtant estimé que seule une revalorisation de l’ONDAM à 6 % permettrait de répondre aux besoins de santé actuels et d’aider les hôpitaux à redresser leur situation financière.
« Ouvrez les yeux et revoyez votre copie »
Dans cette même lettre, les représentants syndicaux s’interrogent sur la finalité des réformes annoncées. « Parlons vrai M Kasbarian, que cherchez vous ? La fin de l’hôpital public ? La privatisation ? » Ils appellent les autorités, et notamment Guillaume Kasbarian, ministre en charge de la Santé, à venir constater sur place la situation critique des agents hospitaliers, les difficultés de recrutement, et les fermetures de lits et de services.
Ils appellent le gouvernement à reconsidérer ses décisions avant qu’il ne soit trop tard. « Ouvrez les yeux et revoyez votre copie avant d’en arriver là car sans modification de votre part, il est fort à parier que vous n’aurez plus que vos yeux pour pleurer et des regrets plein la tête lorsque vous aurez besoin de nous mais que nous ne serons plus là pour répondre », menacent-ils. Une mobilisation est annoncée pour le 29 octobre devant l’hôpital nord Franche-Comté dès 13h30.