Le Colisée a baissé le rideau le 15 juillet, par arrêté municipal. Géré par un exploitant privé, également propriétaire d’un cinéma à Colmar désormais fermé, l’établissement ne répond plus aux normes de sécurité. « Les sièges étaient éventrés, la mousse sortait. Les sièges ne tenaient plus sur leur assise », relate Marie-Noëlle Biguinet, maire Les Républicains de Montbéliard, lors d’une conférence de presse mardi 23 septembre. « Il y a eu des recommandations nombreuses issues de la commission de sécurité. Aucune n’a été respectée. Un avis défavorable a été émis par la commission. »
La municipalité estime qu’« il est inacceptable que la Ville n’ait pas de cinéma de proximité ». Le dialogue est rompu depuis début août, précise la maire, et aucun chantier n’a été engagé par le propriétaire. Montbéliard veut retrouver son cinéma. « On ne veut pas d’une friche en cœur de ville. On ne peut pas imaginer ça au pied du château. »
Face à cette situation, la Ville a décidé de saisir le tribunal administratif pour engager une procédure d’expropriation et devenir propriétaire du Colisée. « La procédure est en cours de rédaction », annonce la maire. Le tribunal devra se prononcer sur la « déclaration d’utilité publique », condition indispensable pour exproprier. Il statuera sur l’intérêt général et public de cette demande. L’objectif est ensuite de confier la gestion du cinéma à un nouvel exploitant. Mais la maire prévient : « La procédure sera très longue. On est désolé de la manière de gérer les choses. »
Des solutions provisoires
Un dernier appel est lancé au propriétaire : « Il n’est pas exclu que le propriétaire du Colisée réalise enfin les travaux attendus et obtienne l’autorisation de rouvrir les salles. Cela ne dépend que de lui. » Mais la maire laisse entendre qu’elle n’y croit guère.
En attendant, la Ville met en place des solutions de repli. Les projections scolaires auront lieu à la salle Jules-Verne, dans le quartier de la Petite-Hollande. Plus de 2 000 élèves doivent en bénéficier, à raison de deux séances par classe. Le dispositif sera opérationnel après les vacances d’automne. « Les séances vont pouvoir commencer. Mais le Jules-Verne ne peut pas tout accueillir. »
Pour les films destinées au grand public, une seconde option est envisagée : les Bains Douches. « Il faut qu’on s’assure que la salle peut accueillir du cinéma », précise la maire. Des études sont en cours pour voir si le lieu est adéquat et devraient aboutir d’ici fin 2025. L’agenda du cinéma devra se jouxter à un agenda déjà bien chargé entre la programmation en son sein de Ma scène nationale et celle du festival des Quatre saisons.
« La discussion existe depuis un bon moment », convient Jean-Claude Kieffer, l’exploitant. Lorsque les réflexions ont été lancées pour rénover le cinéma, la crise sanitaire a débarqué. « Ensuite, la profession a connu plusieurs crises, notamment Hollywood, ce qui a bloqué la production », justifie-t-il pour expliquer les délais. L’arrivée de « de deux monstres, des plateformes » a encore plus bousculé l’univers du cinéma ajoute Jean-Claude Kieffer, joint par téléphone. « C’est une période très délicate qui heurte sérieusement le cinéma », avoue-t-il, qui retarde les investissements. « Le cinéma sera pérennisé à l’endroit où il est », promet-il. En accordant toujours une place importante au cinéma d’auteur.