Plus de 830 millions d’euros vont être investis en Bourgogne-Franche-Comté dans les hôpitaux et les Ehpad, sur 10 ans, a annoncé le Premier ministre Jean Castex à Dijon, mardi. À l’hôpital Nord Franche-Comté, ce sont près de 71 millions d’euros qui seront fléchés, afin de faciliter les investissements. Premier chantier : l’agrandissement des urgences. Le point sur tous les investissements envisagés.
Plus de 830 millions d’euros vont être investis en Bourgogne-Franche-Comté dans les hôpitaux et les Ehpad, sur 10 ans, a annoncé le Premier ministre Jean Castex à Dijon, mardi. À l’hôpital Nord Franche-Comté, ce sont près de 71 millions d’euros qui seront fléchés, afin de faciliter les investissements. Premier chantier : l’agrandissement des urgences. Le point sur tous ces chantiers.
C’est un projet engagé. L’architecte sera choisi au mois de décembre. Et les travaux devraient débuter en 2022. L’hôpital Nord Franche-Comté (HNFC) va agrandir le service des urgences, à Trévenans. Une extension de 500 m2 est envisagée, pour une enveloppe totale qui devrait avoisiner les 6 millions d’euros TTC informe la direction de l’établissement. Les travaux seront menés alors que le service continuera de fonctionner ; les nouvelles urgences devraient être opérationnelles début 2024.
Les urgences de l’hôpital Nord Franche-Comté accueillent en moyenne 250 adultes par jour. Ce service accueille plus de patients que les centres hospitaliers universitaires (CHU) de Besançon (Doubs) et Dijon (Côte-d’Or) ; c’est le plus important de la région Bourgogne-Franche-Comté. Les soignants y sont à l’étroit, notamment au niveau des « surfaces d’accueil », confirme Pascal Mathis, le directeur général de l’HNFC. Il confirme « un vrai besoin d’adaptation » du service, notamment sur l’organisation des flux, pour limiter le risque infectieux. « On arrive à la saturation du système », abonde Jean-Baptiste Andreoletti, président de la commission médicale d’établissement (CME). « À chaque pic épidémique, nous sommes en difficulté », complète Pascal Mathis. Cette logique de repenser le risque infectieux se décline à tout l’hôpital, que ce soit dans les circuits de circulation que dans l’hébergement des patients et des résidents (pour les Ehpad), en privilégiant par exemple les chambre à un lit.
Réduire la dette
Ce projet s’inscrit dans un plan massif d’investissements engagé par le Gouvernement. 19 milliards d’euros sont sur la table, dont 830 millions en Bourgogne-Franche-Comté. « C’est un plan d’un volume inédit », souligne Agnès Hochard, déléguée territoriale nord Franche-Comté de l’agence régionale de santé (ARS). « Il y avait un sous-investissement dans la santé publique en France : la crise l’a montré. Donc il faut à tout prix réamorcer la pompe », a justifié le Premier ministre Jean Castex, ce mardi à Dijon, à l’occasion de la présentation de ce plan d’investissements du Ségur de la santé. “Parmi ses 19 milliards d’euros, 9 milliards sont des investissements, 6,5 milliards du désendettement de quelque 1 300 hôpitaux, 1,5 milliard iront aux Ehpad et 2 milliards à la transition numérique”, a détaillé le Premier ministre.
« Nous avons demandé aux établissements d’identifier les priorités », complète Agnès Hochart, pour expliquer la méthode. Et aucun projet n’a été écarté. Les fonds soutiennent les hôpitaux anciens, mais aussi neufs, comme celui de Trévenans. Tout comme des établissements « bien gérés », ajoute la déléguée territoriale, en regardant l’équipe de direction de l’hôpital Nord Franche-Comté. Si la crise sanitaire arrive comme un révélateur, les problèmes étaient déjà présents avant. « Les besoins ne datent pas de la crise sanitaire », insiste Jean-Baptiste Andreoletti, qui rappelle le « sous-dimensionnement » du nouvel hôpital par rapport au bassin de vie de 350 000 habitants sur lequel il rayonne. À cela s’ajoute une désertification de la médecine de ville et une population qui vieillit. Les besoins sont criants.
À l’hôpital nord Franche-Comté, 65,974 millions d’euros sont dirigés vers l’hôpital et 4,244 millions d’euros vers le centre hospitalier de soins de longue durée (CHSLD) Le Chênois à Bavilliers, également de son ressort. Sur la première enveloppe, 54 millions d’euros, répartis sur 10 ans, sont destinés à soutenir le remboursement de la dette. Aujourd’hui, son solde s’établit à 260 millions d’euros ; les annuités s’élèvent à 16 millions d’euros confirme le directeur. Avec ce soutien au remboursement, on diminue les annuités de l’hôpital et « on libère de la trésorerie », explique le directeur, permettant de reconstruire d’autres politiques d’investissement. Ce sont près de 5 millions d’euros d’annuité qui seront pris en charge par cette enveloppe de l’État.
Un nouveau bâtiment pour la cancérologie
Autre projet d’envergure, le regroupement de la filière de cancérologie sur le site de Trévenans ; un bâtiment spécialement dédié devrait sortir de terre. Il aura une identité propre, à l’image de l’institut régional fédératif du cancer (IRFC), à Besançon. « L’objectif en cancérologie, c’est la réactivité », insiste Pascal Mathis. Que favorise le regroupement et l’approche pluridisciplinaire. Cela doit donner « une nouvelle dynamique car il y aura une unité de lieux qui va faciliter le travail et la prise en charge des patients », estime pour sa part le président de la CME. Aujourd’hui, une partie est à Trévenans, l’autre au Mittan, à Montbéliard, dont la radiothérapie. Ce projet de regroupement de la cancérologie devrait coûter entre 15 et 20 millions d’euros.
Aujourd’hui, l’hôpital Nord Franche-Comté a « un vrai besoin de lits supplémentaires », poursuit Pascal Mathis. Une bonne centaine estime-t-il, notamment ce que l’on appelle des lits polyvalents. Ils devraient être installés au Mittan. Ce sont des lits destinés, notamment, aux personnes âgées, qui nécessitent une prise en charge globale car les pathologies sont multiples ; les temps d’hospitalisation sont également souvent plus long. Cela permettrait de libérer des lits dans les services de médecine spécialisée, à Trévenans. Ce site doté de lits supplémentaires permettrait enfin de disposer d’un relai pendant une crise épidémique. « C’est une évolution indispensable », assure Pascal Mathis.
Des investissements seront aussi engagés dans les Ehpad. Des rénovations sont confirmées, des reconstructions possibles. Les choix ne sont pas tranchés. Un réorganisation des filières gériatriques sera lancée. Une activité gériatrique complète sera développée au Mittan et une filière neuro-gériatrique sera mise en place à Bavilliers, pour une prise en charge, notamment, des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer.
Le programme complet de ces investissements, sur les 10 prochaines années, sera finalisé à la fin du premier semestre 2022. Cela permettra de définir la manière d’atteindre ces objectifs fixés par l’établissement, qui seront aussi liés à la capacité à recruter du personnel médical. « Ce sont des projets très importants pour notre établissement », conclut Jean-Baptiste Andreoletti.