110 000. C’est le nombre de passages enregistrés aux urgences de l’hôpital Nord Franche-Comté (HNFC), en 2024, selon l’établissement hospitalier, en hausse de près de 2 % par rapport à 2023 (108 000 passages). En hausse constante ces dernières années avec, régulièrement, des poussées de fièvre intense, dont la dernière vague épidémique, liée à la grippe, est une énième réplique ; le plan blanc a une nouvelle fois été activé pour faire face à l’afflux (lire notre article). On déplore une saturation des lits d’hospitalisation ou encore un allongement des durées d’hospitalisation. Le système de santé « se grippe trop rapidement », a convenu Pascal Mathis, directeur général de l’hôpital Nord Franche-Comté, à l’occasion d’une cérémonie de vœux, le vendredi 17 janvier.
Un système qui fait face à « la pression des risques infectieux et de leurs répliques saisonnières » d’une part et au « vieillissement de la population », d’autre part, explique-t-il. Les symptômes sont connus. Les réponses, difficiles à trouver. Les équipes sont « éprouvées », convient le cadre. Qui déplore un « déséquilibre constant entre la croissance de la charge de travail et le recul des ressources humaines disponibles ».
Le système est « à bout de souffle », acquiesce, de manière encore plus tranchée, le docteur Jean-Baptiste Andreoletti, président de la commission médicale d’établissement (CME), à l’occasion de cette cérémonie de vœux, à la salle des fêtes de Belfort, place de la République. Il regrette « une saturation chronique » et estime « qu’on n’a plus les moyens d’accepter la moindre surcharge ». Il a compté neuf ministres de la Santé depuis 2017, dont quatre pour la seule année 2024 ! Une situation qui empêche, estime-t-il, de construire une véritable politique de santé. Ces crises qui se répètent « portent un véritable coup d’arrêt à la dynamique institutionnelle et limite nos ambitions de développement », regrette, de son côté, Pascal Mathis.
Gériatrie
Malgré cette situation, l’hôpital va lancer le chantier de l’extension des urgences. Les conditions de gestion des patients au cours des différentes phases d’attente sont « problématiques » valide le directeur, tant « en termes de dynamiques de parcours-patient que de sécurité des soins et de respect de la confidentialité ». Au mois de décembre, un service post-urgence de 29 lits a été créé pour désengorger ce service, parfois confronté à un problème de disponibilité de lits en aval ; ça doit libérer les urgences en attente de libération de lits dans les services concernés.
Une unité gériatrique de soins aigus de 15 lits doit aussi être créée a annoncé Pascal Mathis « pour orienter à partir des urgences des patients âgés, polypathologiques, nécessitant un temps d’évaluation de 72 heures avant une orientation vers un service d’aval ou un retour à domicile », explique Pascal Mathis. Autre dossier sur la table : l’ouverture d’un hôpital de jour gériatrique. Autour de la gériatrie, on cherche surtout à éviter autant que possible « l’hospitalisation de la personne âgée », explique le directeur. Pour l’éviter, cela nécessite des liens entre tous les acteurs du territoire pour mieux prévenir, dépister et prendre en charge, afin de limiter l’expression d’une situation grave qui nécessite une hospitalisation.
Dans cette dynamique, les sites du Mittan à Montbéliard et du Chênois à Bavilliers sont « idéalement positionnés pour concentrer l’essentiel des ressources d’expertises humaines et techniques en gériatrie avec imagerie, biologie médicale, et permanence de surveillance 24 heures sur 24 ».
Hospitalisation à domicile
L’hôpital Nord Franche-Comté a, par ailleurs, créé l’association Santexel, chargée de gérer l’activité d’hospitalisation à domicile dans le nord Franche-Comté ; ce projet est construit en partenariat avec Santelys. 150 patients pourront ainsi être pris en charge, le double d’aujourd’hui, impliquant une trentaine de professionnels.
Depuis deux ans, l’HNFC est inscrit dans la création de la faculté dentaire du centre hospitalier universitaire (CHU) de Besançon. Dès septembres 2026, il pourra accueillir la 6e année de formation des chirurgiens-dentistes. Dix cabinets de consultations dentaires sont en cours d’aménagement pour répondre à ce besoin. Une quarantaine d’étudiants en formation pratique seront accueillis. Cela doit contribuer à de futures installations dans le territoire, à la fin de leur cursus.
Côté travaux, une extension est programmée au Chênois, qui dispose aujourd’hui de 390 lits. 60 lits de soins médicaux et de réadaptation seront relocalisés, deux unités d’accueil de 12 lits pour des patients avec maladies neurodégénératives seront créés, ainsi que 20 places d’hospitalisation de jour, pour un montant de 18 millions d’euros. Fin 2027, Bavilliers disposera ainsi de 520 lits et places. En parallèle, on reconstruira l’Ehpad « Les 4 saisons » de Delle, avec 92 lits, pour 16 millions d’euros.
L’hôpital Nord Franche-Comté, avec le centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) du Chênois, a une capacité d’accueil de 1 800 lits. En 2024, 126 000 séjours hospitaliers ont été enregistrés dans les deux établissements. 24 000 interventions chirurgicales et 250 000 consultations ont été assurées.
Le pôle cancérologique à Trévenans
Le projet médical de cancérologie a été présenté aux différentes instances de l’hôpital nord Franche-Comté, en 2024. Il prévoit « une organisation regroupée de toutes les activités qui concourent à la prise en charge du cancer avec l’objectif premier de donner au patient l’accès, en un seul lieu, à toutes les prestations dont il a besoin, alors qu’aujourd’hui, les organisations sont dissociées sur deux sites », replace le directeur général dans son discours de vœux. Ce projet vise « l’excellence » et le « maintien d’équipements de très haut niveau et un environnement garantissant l’exercice professionnel dans les meilleurs conditions de sécurité à toutes les étapes du parcours patients : prévention, dépistage, annonce, traitement oncologiques, hématologiques, chirurgicaux et radiothérapiques, ainsi que les soins de support ». Le projet architectural est à engager, tout en prenant en compte la croissance continue de l’activité. Le projet technique sera finalisé en 2025, pour recruter ensuite le cabinet de maitrise d’œuvre.