« On n’est jamais dans la bonne case », résume Isabelle Maignien, référente pour la Bourgogne-Franche-Comté de l’organisation nationale des sages-femmes (ONSSF). L’organisation réclame une réouverture du Ségur de la santé, où elle estime que la profession a été oubliée. Au-delà, elle pose la question de la reconnaissance du métier de sage-femme comme profession médicale à part entière.
Pour l’instant, elles se structurent, écrivent aux parlementaires, à l’ARS, et réfléchissent aux actions à mener. A la rentrée, elles pourraient passer à l’action. Les sages-femmes sont plus que déçues du Ségur de la santé et de ses résultats : « C’est de l’enfumage pour nous », dénonce Isabelle Maignien, référente pour la Bourgogne-Franche-Comté de l’organisation nationale des sages-femmes (ONSSF). « Nous avons obtenu 183 € par mois, soit l’équivalent d’une secrétaire médicale », constate-t-elle. Non seulement elle estime que les salaires des secrétaires auraient dû être mieux relavorisée, mais encore soutient-elle que les sages-femmes auraient dû obtenir des revalorisations au même niveau que l’ensemble des professions médicales. « Une fois de plus, on nous a classées dans les professions paramédicales, alors que depuis 1945, dans le code de santé publique, nous sommes une profession médicale. On n’est jamais dans la bonne case ».
« Devant les tribunaux, en cas de problème, nous sommes traités comme une profession médicale en termes de responsabilité », appuie-t-elle, avant de rappeler être « responsable de la mère et de l’enfant ». Donc, elle réclame d’être « dans la bonne case », et de bénéficier du statut de profession médicale.
« Et cela change tout, explique-t-elle, non seulement en terme de salaire, mais aussi de carrière, de formation. Ce qu’on demande, c’est de pouvoir travailler mieux. »
Des compétences élargies depuis 2009
Historiquement associées à la préparation à l’accouchement et à l’accouchement lui-même, les sages-femmes ont vu leurs domaines de compétences élargis en 2009 : elles peuvent désormais intervenir sur la prévention, sur l’information et le dépistage des maladies sexuellement transmissibles, sur l’IVG. Sans empiéter sur le rôle des médecins, la référente de l’ONSSF insiste sur le rôle qu’elles peuvent avec eux . « On est spécialistes en physiologie, mais il faut connaître la pathologie pour prévenir le médecin » si cela s’avère nécessaire.
Et avec la crise du covid-19, ce qu’elles perçoivent comme un manque de reconnaissance à l’issue du Ségur, passe particulièrement mal. Baisse de l’activité, mise en place des gestes barrière, absence de dotation en masques en début de confinement, difficultés aujourd’hui à se fournir en produits désinfectants : « On a été livrées à nous-même ; on a fait tout ce qu’on a pu, et on est au bord du burn-out », dénonce Isabelle Maignien.
Au-delà des salaires
Les revendications portées par l’ONFSS vont donc au-delà de la revalorisation salariales. Elle portent, pour l’exercice en libéral, sur la désignation d’une sage-femme référente lors d’un parcours de grossesse, la possibilité de renouveler les arrêts de travail pendant la grossesse, la mention des sages-femmes lors des compagnes de prévention, vaccination, dépistage des cancers en gynécologie, le suivi gynécologique… ; pour l’ exercice salarié, un statut d’agent public semblable aux autres personnels médicaux hospitaliers ; une révision des effectifs ; une revalorisation salariale.
En attendant septembre, les sages-femmes rejoignent le collectif « Santé en danger », dont la groupe Facebook a recueille déjà plus de 80 000 membres. Un collectif qui demande une réouverture totale du Ségur de la santé, pour toutes les professions et une renégociation globale.