Depuis le 16 mars, la Suisse a engagé des militaires dans la lutte contre le nouveau coronavirus. La police militaire et un bataillon de milice, soit près de 1 000 hommes, appuient notamment le service des douanes, le long des frontières.
Depuis le 16 mars, la Suisse a engagé des militaires dans la lutte contre le nouveau coronavirus. La police militaire et un bataillon de milice, soit près de 1 000 hommes, appuient notamment le service des douanes, le long des frontières.
« En raison du covid-19, le Conseil fédéral a décidé par étapes depuis la mi-mars d’introduire des contrôles Schengen aux frontières d’abord avec l’Italie dans un premier temps puis avec l’Allemagne, l’Autriche et la France, et de restreindre l’entrée en Suisse », confirme l’office des douanes de la Confédération helvétique, sollicité. Cette décision s’inscrit dans une volonté « de maintenir les capacités du système de santé suisse » et de « protéger la population ».
Le trafic frontalier s’est effondré de plus de 70 % par rapport au mois de février indique un communiqué de presse du 21 mars, de l’administration fédérale des douanes. En parallèle, Les petits postes de frontière ont été fermés et le trafic est canalisé vers les grands passages. « Au total, une soixantaine de postes frontières importants resteront ouverts sur l’ensemble des régions limitrophes de Suisse », indiquent également les douanes. Par contre, « les ressources en personnel disponibles ne permettent pas à l’Administration fédérale des douanes (AFD) de maintenir ces mesures renforcées à la frontière sur une longue période et les contrôles nécessaires dans le terrain », prévient l’office.
Le Conseil fédéral a donc autorisé l’armée à soutenir les douanes dans cette mission. « Depuis le 27 mars, 50 membres de la police militaire (personnel professionnel) et un bataillon de milice (militaires non professionnels) soutiennent l’AFD le long de la frontière suisse, actuellement à l’ouest, au nord et à l’est du territoire », précise l’administration fédérale des douanes, confirmant une information diffusée par France bleu Belfort-Montbéliard.
En formation à Bure, dans le canton du Jura
C’est le bataillon d’infanterie 19, de Neuchâtel, composé de près de 900 hommes, qui sera déployé pour soutenir l’administration des douanes. Cette semaine, il était en formation sur la place d’armes de Bure, proche de la frontière française, près de Boncourt. Il sera ensuite projeté sur les différentes frontières de la confédération.
« Les militaires sont actifs dans différents domaines, par exemple pour des tâches de sécurité dans le domaine de la circulation des personnes, des prestations de soutien pour la canalisation du trafic et de l’aide à la surveillance de passages frontaliers fermés et de secteurs de terrain (frontière verte) », détaille l’administration des douanes. Cet engagement a été autorisé sur la base de l’ordonnance du 3 septembre 1997 sur le recours à la troupe pour assurer le service de police frontière (RS 513.72).
Dans un reportage réalisé par le service communication de l’armée suisse sur ce dispositif, on précise : « En cas de doute, [les militaires] sont habilités à les arrêter et à contrôler l’identité des occupants. Si le soupçon d’entrée illégale se confirme, les policiers militaires font appel à une patrouille du Corps des gardes-frontière, qui prendra le relais pour la suite des investigations. » Selon les militaires, « la visibilité de la police militaire a notamment un effet préventif auprès de ceux qui ont la tentation d’essayer de passer par des chemins détournés ».
L’engagement du bataillon est pour le moment envisagé jusqu’au 29 mai. L’intervention de l’armée dans la lutte contre le nouveau coronavirus est inscrite jusqu’en juin.
Embouteillage à la frontière
Avec le renforcement des contrôles, les travailleurs frontaliers sont confrontés quotidiennement à d’importants embouteillages. « Jusqu’à six km aux heures de pointes », relève le sénateur Cédric Perrin dans un communiqué. « Le second poste de frontière de Boncourt Village étant uniquement destiné aux frontaliers travaillant dans les soins pour leur permettre un passage accéléré́, les nombreux autres frontaliers ne disposent que de cette plateforme douanière de Delle- Boncourt pour se rendre sur le territoire jurassien, soit un seul point d’entrée contre trois habituellement pour assurer le passage quotidien de plus de 3 000 frontaliers », détaille l’élu. Le sénateur a interpellé le préfet du Territoire de Belfort et le directeur régional des douanes, qui doit se rendre à la plateforme de Boncourt ce vendredi pour évaluer la situation. « La reprise de l’activité́ de certaines entreprises suisses représente un enjeu considérable pour l’économie de notre département et plus particulièrement le Sud du Territoire, remarque Cédric Perrin. C’est pourquoi, il est essentiel de faciliter le passage à la frontière des travailleurs tout en conciliant les mesures de précaution. »