« On espère que ce soir, les annonces vont nous permettre de débloquer la situation », témoigne Emilie Constant, coordinatrice de la mobilisation.Pour le moment, celles qui ont été faites ne sont pas suffisantes. Ce 31 janvier, des agriculteurs des trois départements (Territoire de Belfort, Doubs, Haute-Saône) ont reconduit une opération de blocage sur l’autoroute A36 dans le Territoire de Belfort de 10h à 14h. L’autoroute a été bloquée dans le sens Belfort-Monbéliard, entre les sorties 13 et 12 jusqu’à environ 15h.
Une nouvelle fois à l’appel de la fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles 90 (FDSEA) et des Jeunes Agriculteurs, les agriculteurs sont arrivés en masse avec environ 80 tracteurs. On a pu les retrouver dès 14h30 devant les services de la Direction départementale des territoires à Belfort, où ils avaient la volonté d’implanter une « zone humide ». « Tout est parti d’une blague. On s’est décidé à faire cela hier », sourit Emilien Richardot, agriculteur à Montreux-Château. Ils étaient une bonne centaine, en rang d’oignon, à voir le spectacle se dérouler. Devant leurs yeux, des bennes de terre sont déversées devant les locaux de la DTT. Le but : protester avec ce symbole contre les « tracasseries et lourdeurs administratives » liés à l’Etat. Ils souhaitaient notamment protester contre les normes imposés sur la jachère, « dans un monde où tout est de plus en plus macadamiser et où il y a de plus en plus de personnes à nourrir ». Mais aussi contre les normes pour « n’importe quel travail sur une zone humide, où il faut jusqu’à six mois pour obtenir une réponse après un dossier énorme à constituer », commente David Peterschmitt, agriculteur à Andelnans et trésorier de la FDSEA. « Il y a un décalage complet entre les normes et ce qu’on vit », complète-t-il. « Et aujourd’hui, alors que les gens ont besoin de nous trois fois par jour, l’Etat ne fait plus de nous une priorité. »
Paillage, déversement d’eau, le spectacle était observé par les agriculteurs, mais également par Olivier Chappaz, le directeur départemental des territoires, qui ne semble pas contrarié de la scène qu’il a devant ses yeux. « Je comprends leur mouvement. Ils doivent pouvoir vivre convenablement de leurs métiers. » Pour lui, la désolation des agriculteurs est renforcée par un sentiment de décalage avec la société : « Ce sont des gens qui travaillent tout le temps, beaucoup, plus que tout le monde. » Et qui sont face à des normes « sur lesquelles on peut s’interroger en termes de compréhension ». L’action en cours, qui vise le symbole de l’Etat, est donc « compréhensible », dit-il. « Ils veulent illustrer leur quotidien avec un exemple concret ». Le directeur estime qu’il faudra, au cours des négociations, trouver un équilibre entre préservation de l’environnement et production agricole. « Le point d’atterrissage de tout cela devra être un équilibre entre ces deux paramètres. »
L’opération s’est faite dans la bonne humeur. « Il n’était pas question de déverser des polluants ou de casser. On veut garder une bonne image auprès du grand public, si on veut être écouté, c’est comme cela qu’il faut faire », commentent des agriculteurs. Ce déversement de terres, de pailles, de graines et d’eau était un symbole, envoyé à l’Etat, en attendant l’annonce de mesures supplémentaires pour « vivre de notre travail et que les actions administratives soient simplifiées ». « Tout sera nettoyé d’ici demain matin », commente encore David Peterschmitt, agriculteur à Andelnans et trésorier de la FDSEA.
Les #Agriculeurs déversent de la terre devant la direction départementale des territoires pour symboliser leur mécontentement à Belfort pic.twitter.com/dmxhx7aQn9
— Le Trois (@letrois_info) January 31, 2024