PUB

Le procès de l’anesthésiste de Besançon captive les soignants à travers la France

Service réanimation à l'hôpital Nord-Franche-Comté.
Le procès est scruté par l'ensemble du corps médical, pour comprendre et éviter qu'une telle situation se reproduise. | © archives Le Trois

Le procès de l’anesthésiste Frédéric Péchier est scruté parles soignants qui cherchent à comprendre et à éviter qu’un situation semblable se reproduise.

Comment des patients ont-ils pu être intoxiqués ? Pouvait-on détecter ces malveillances plus tôt ? Le procès de l’anesthésiste Frédéric Péchier, pour trente empoisonnements dont douze mortels, captive le corps médical, soucieux d’en tirer les leçons. A Besançon, parmi le public de la cour d’assises, figurent de nombreux soignants venus suivre les débats qui ont débuté le 8 septembre et doivent s’achever le 19 décembre. « Une histoire qui touche autant de monde et autant de patients, ça paraît vraiment incroyable », témoigne Martin Marmier, 38 ans, gériatre au CHU de Besançon, ajoutant en discuter « régulièrement » avec ses collègues.

« Même dans le nord de la France, tout le monde est au courant de cette histoire. On en parle au bloc opératoire, à table, au travail », abonde Aline Bischoff, 32 ans, chirurgienne-pédiatre à Lille. Le Dr Péchier est accusé d’avoir volontairement empoisonné des patients à la clinique Saint-Vincent et à la polyclinique de Franche-Comté. Il comparaît libre, mais risque la prison à perpétuité.

Mourir lors d’une anesthésie, « c’est rarissime : cinq décès ou accidents graves pour un million d’anesthésies », indique à l’AFP le professeur Jean-Michel Constantin, président de la Société française d’anesthésie et de réanimation (Sfar). Mais l’affaire Péchier, « ce n’est pas un problème d’anesthésie, c’est un problème d’empoisonnement », souligne ce professeur d’université et praticien à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et à Sorbonne Université. Selon M. Constantin, « ce qui intéresse la communauté médicale, c’est comment faire pour qu’il n’y ait plus jamais une histoire comme ça ».

"Froid dans le dos"

« Un certain nombre d’anesthésistes se disent: « Ça aurait pu m’arriver à moi en tant que victime collatérale, ça aurait pu arriver à l’un de mes patients », témoigne Frédéric Le Saché, secrétaire général adjoint de la Sfar, à qui cette pensée fait « froid dans le dos ». « On est tous curieux de comprendre comment on est arrivés à ça et comment, si on était dans une structure où quelqu’un se comportait mal, on aurait pu l’identifier », explique M. Le Saché, qui exerce en libéral à Paris.

Les faits reprochés au Dr Péchier se déroulent entre 2008 et 2017, un grand laps de temps qui nourrit la colère des victimes.

Que cela ait pu durer aussi longtemps, le président de la Sfar « ne le comprend pas »: « C’est totalement ubuesque parce qu’il y a des filtres ». « Tout événement indésirable grave dans un établissement de santé doit faire l’objet d’une revue de morbi-mortalité [un retour d’expérience, ndlr] au niveau de l’établissement et être déclaré à l’Agence régionale de santé » (ARS), rappelle le professeur Constantin.

Personne n'y a pensé

Frédéric Douchez, avocat de la clinique Saint-Vincent, assure que « les processus de sécurité ont été respectés » et avance deux raisons pour expliquer ce délai. La première est « structurelle » et tient au « cloisonnement de l’information » entre les services où sont survenus les différents « événements indésirables graves » touchant les patients, ce qui a empêché de faire un lien entre eux. La seconde est « humaine », explique-t-il: « personne au sein de la clinique ne pouvait imaginer qu’un soignant, a fortiori un médecin, puisse commettre des actes criminels demeurés inexpliqués, actes de surcroît volontaires ».

Le Dr Jacques Pignard, dont deux des patients à la polyclinique de Franche-Comté ont subi des arrêts cardiaques en avril 2009, a rapidement envisagé « des gestes de malveillance » et tenté d’alerter. Mais ce n’est qu’au troisième cas suspect que la poche de perfusion de la patiente a été analysée. Elle contenait une quantité anormale de potassium et d’adrénaline. A l’époque, personne ne pensait possible d’introduire des produits dans une poche en amont d’une intervention. Et « la malveillance, moi, je n’ai jamais imaginé qu’elle pouvait venir d’un confrère », raconte à l’AFP le Dr Pignard, aujourd’hui retraité. « Je n’y ai jamais pensé, personne n’y a jamais pensé non plus à Saint-Vincent, c’est pour ça que ça a pu durer autant de temps », analyse-t-il aujourd’hui. « C’est à ça que peut servir le procès » espère le Dr Pignard: « S’il est condamné, ça va rappeler à tout le monde que ça peut exister ».

Nos derniers articles

Belfort devient propriétaire de 31 objets de Denfert-Rochereau

Belfort est devenue propriétaire d’une collection de 31 objets ayant appartenu au colonel Denfert-Rochereau, commandant la place pendant le siège de 1970-1971. Son descendant en à fait don à la Ville. Sa valeur est estimée à 45 410 euros.

Même s’il fait froid dehors, on aère !

Lorsque les températures chutent, le réflexe naturel est de garder portes et fenêtres fermées pour préserver la chaleur à l’intérieur. Pourtant, l’aération quotidienne est bénéfique en toute saison : elle améliore la qualité de l’air intérieur, limite l’exposition aux polluants, et contribue même à optimiser le chauffage. En effet, entre les matériaux de construction, les produits ménagers, les appareils à combustion, les activités humaines… les sources de pollution intérieure sont nombreuses, d’où l’importance de renouveler l’air quotidiennement.

Coupe de France : le FC Sochaux s’en sort aux tirs au but contre Pontarlier

Le FC Sochaux-Montbéliard s'est qualifié contre le Club athlétique de Pontarlier aux tirs au but, lors du 7e tour de Coupe de France, ce samedi 15 novembre. C'est une qualification in extremis.

Découvrez aussi

Accédez rapidement à une sélection d’articles locaux, proche de chez vous dans le Nord Franche-Comté

letrois articles

Soutenez Le Trois

Aidez-nous à installer et développer un site d’informations en accès gratuit dans le nord Franche-Comté! Letrois.info vous propose de l’info locale de qualité pour vous aider à comprendre les grands enjeux de la région de Belfort-Montbéliard-Héricourt, qui constitue un bassin économique et un bassin de vie au-delà des frontières administratives.

Le saviez-vous ?
Votre don est défiscalisable à hauteur de 66%.
En savoir plus

Newsletter

Recevez par email les principales
actualités du nord Franche-Comté,
ainsi que l’information « À la Une » à ne surtout pas manquer !

Vous pouvez vous désinscrire à tout moment. Pour en savoir plus, consultez la page des données personnelles

Proche de chez moi

Retrouvez les derniers articles en lien avec votre commune

Partout avec moi

Téléchargez notre application sur votre smartphone et restez informé !

Petites annonces immobilières

Toutes les annonces de nos agences partenaires

Kiosque

Retrouvez tous les hors-séries de la rédaction autour du nord Franche-Comté.
Emplois, immobilier, industrie… tous les sujets qui vous concernent !

Nouveau

Agenda

Retrouvez l’agenda des sorties, des animations, des spectacles, des expositions, des fêtes et des manifestations sportives dans le nord Franche-Comté.