La passation de commandement entre le colonel Jean Augier, chef de corps du 35e régiment d’infanterie de Belfort depuis 2 ans, et le colonel Thibaut de Lacoste Lareymondie, s’est déroulée ce vendredi matin, place de l’Arsenal. Reportage.
La passation de commandement entre le colonel Jean Augier, chef de corps du 35e régiment d’infanterie de Belfort depuis 2 ans, et le colonel Thibaut de Lacoste Lareymondie, s’est déroulée ce vendredi matin, place de l’Arsenal. Reportage.
Ouvrez le banc. La musique militaire résonne au rythme de la cérémonie qui se déroule place de l’Arsenal, ce vendredi matin. Sur cette place d’armes improvisée, que des gaillards, pas des traînards, pour reprendre la devise du 35e régiment d’infanterie de Belfort. Le régiment a été passé en revue par le colonel Jean Augier, le chef de corps du régiment depuis 2 ans, puis par le général de brigade Pierre-Yves Rondeau, commandant la 7e brigade blindée, dont dépend le régiment. La cérémonie a commencé par un hommage au drapeau, « qui ne porte pas encore la mention de Belfort 1870-1871 », rappelle la maîtresse de cérémonie. La ministre des Armées, Florence Parly, a confirmé que cette inscription allait être faite (notre article). Belfort sera tissé « en lettres d’or sur le bleu du drapeau », a indiqué le général Pierre-Yves Rondeau. Une mention obtenue grâce « au panache », du colonel Jean Augier apprécie le général, rappelant l’historien passionné qu’est l’officier qui quitte le 35e régiment d’infanterie.
« J’avais un sentiment d’injustice », confie le colonel Jean Augier après la cérémonie, même s’il précise que la décision de l’époque correspondait à un choix politique des dirigeants de la IIIe République, qui souhaitaient « tourner la page ». « Cette victoire, matérialisée par le Lion, par le Territoire de Belfort, n’avait rien qui la matérialisait dans le régiment. » Avec une équipe, il a collecté des preuves du lien entre le 35e régiment d’infanterie et les défenseurs de Belfort, puis sollicité des relais politiques, notamment des parlementaires locaux. « Aujourd’hui, on peut valoriser les défenseurs de Belfort », estime le colonel Jean Augier.
Cette mention trônera fièrement à côté d’autres faits d’armes du régiment belfortain. Le premier remonte à la bataille de Wagram, en 1809. La deuxième inscription mentionne la campagne napoléonienne de Russie, avec la mention « La Moskova 1812 ». Pendant la Première Guerre mondiale, le régiment peut inscrire 4 victoires supplémentaires à son drapeau : Alsace – L’Ourcq 1914 ; Champagne 1915 ; Verdun 1916 ; et Reims 1918. Cela traduit la prestigieuse histoire de ce régiment, créé en 1604. Il fut régiment d’Anjou, puis d’Aquitaine.
Le 35e régiment d’infanterie de Belfort a organisé ce matin la passation de commandement de son chef de corps. Le colonel Thibaut de Lacoste Lareymondie remplace le colonel Jean Augier. @35emeRI pic.twitter.com/y23DWAZ0WI
— Le Trois (@letrois_info) June 25, 2021
« Internet des champs de bataille »
Dans son allocution, le général Pierre-Yves Rondeau a replacé l’œuvre de l’officier sur le départ dans les traces du colonel immortel du régiment, l’alors colonel Louis de Maud’huy, de 1910 à 1912 (lire notre article). Il a salué, en Jean Augier, « le chef instituteur et le chef bâtisseur ». « [Vous avez eu] la volonté farouche d’instruire et d’éduquer vos gaillards », a-t-il salué, soulignant ses entraînements d’aguerrissement ou encore la labellisation d’un stage commando (notre article). Il a parfait « le niveau opérationnel de l’As de trèfle (le surnom du régiment, NDLR) », a loué le général Pierre-Yves Rondeau. « Le régiment ne vous oubliera pas », a-t-il déclaré, avant de présenter aux Gaillards leur nouveau chef, le colonel Thibaut de Lacoste Lareymondie : « Vous lui obéirez ! » a-t-il ordonné.
Le nouveau chef de corps n’est pas un inconnu du 35e RI. C’est son troisième passage, après avoir été commandant de compagnie, de 2007 à 2009, puis chef du bureau opération/instruction entre 2015 et 2017. Lui aussi place « l’entraînement » au-dessus de tout. Il veut « densifier et monter en gamme », afin de « se tenir prêt » face à une menace que l’on n’identifie pas forcément, mais qui implique toujours plus de réactivité. Il compte aussi mettre l’accent sur la mise en place du programme Scorpion, un nouveau système d’information, de commandement et de combat de l’armée de terre. « C’est l’Internet des champs de bataille », image le nouveau chef de corps.
Le colonel Jean Augier quitte Belfort pour Paris, où il rejoint le bureau emploi de l’armée de terre. La mission consiste à s’assurer « que l’ambition stratégique » correspond aux ressources de l’armée de terre. L’officier retient de son passage « une ville marquée par l’histoire militaire », où la population « est très attachée à la chose militaire et à l’esprit de défense ». Sur son commandement, il retient une « mission hors norme ». « Ce fut un honneur et un défi », confie-t-il, associant « ses subordonnés », qui ont mis en place ses idées. « Ils ont compris et mis en œuvre », félicite-t-il. Aujourd’hui, il passe le flambeau au colonel Thibaut de Lacoste Lareymondie. Dans un esprit « de filiation et de pérennité du régiment, comme institution garante de la défense de la nation », relève le nouveau chef de corps du 35e régiment d’infanterie de Belfort. Fermez le banc.