À partir du 7 novembre, la gestion de l’Ehpad de La Rosemontoise, à Valdoie, est transférée au pôle gérontologique Claude-Pompidou, qui gèrent notamment les résidences Vauban et Pierre-Bonnef à Belfort. Après des années d’instabilité, des mois d’incertitudes et une crise sanitaire qui a laissé de profondes séquelles, les nouveaux gestionnaires veulent reconstruire un projet. Avec les salariés. Pour les résidents.
À partir du 7 novembre, la gestion de l’Ehpad de La Rosemontoise, à Valdoie, est transférée au pôle gérontologique Claude-Pompidou, qui gèrent notamment les résidences Vauban et Pierre-Bonnef à Belfort. Après des années d’instabilité, des mois d’incertitudes et une crise sanitaire qui a laissé de profondes séquelles, les nouveaux gestionnaires veulent reconstruire un projet. Avec les salariés. Pour les résidents. Rencontre avec les responsables du pôle gérontologique Claude-Pompidou.
7 avril. 7 novembre. 7 mois d’administration provisoire. Une crise sanitaire. Plus de 30 victimes. Une période d’incertitudes. De doutes. Et une profonde crise de gouvernance au sein de l’association Servir. Cette dernière gérait l’Ehpad La Rosemontoise jusqu’à ce que les tutelles, le conseil départemental du Territoire de Belfort et l’agence régionale de santé (ARS), place l’établissement sous administration provisoire au début du printemps. Au début de l’automne, un nouvel acteur s’est immiscé dans la danse, le groupe au 12 000 employés Doctegestio. L’association Servir s’est adossée à ce groupe qui œuvre dans le médico-social, la santé, l’hôtellerie, le tourisme social et l’immobilier. Il voulait reprendre la gestion.
Dès ce 7 novembre, c’est une autre page qui s’écrit. Le Département et l’ARS ont retiré la gestion de l’Ehpad à Servir. Ils l’ont confiée au pôle gérontologique Claude-Pompidou. Avec une feuille de route ; les déficiences reprochées à l’association Servir et relevées dans l’arrêté de cessation d’activités doivent être gommées. On note notamment « la non adaptation des locaux impactant la prise en charge des usagers, les soins et pouvant mettre en danger les résidents ». On cite la problématique de légionnelle, persistante dans plusieurs bâtiments. « 3 baignoires de balnéothérapie sont inutilisées à cause de ce problème et les résidents sont douchés avec un flexible sans pommeau, cette technique n’étant pas respectueuse de la dignité des personnes accueillies », peut-on notamment lire dans l’arrêté. On cite des problème d’absentéisme, d’organisation, de gouvernance. Robert Creel, directeur général du pôle gérontologique Claude-Pompidou, qui a été administrateur provisoire de La Rosemontoise pendant deux mois, a convoqué l’image du « bateau ivre », pour qualifier le fonctionnement de l’établissement. À la dérive. Sans capitaine.
« Remettre au centre la personne âgée »
Le chantier est immense. La mission titanesque. « Nous mesurons l’ampleur de la tâche qui est la nôtre », acquiesce le docteur Jean-Bernard Braun, président du pôle gérontologique Claude-Pompidou. L’association a été sollicitée par les tutelles pour ce transfert ; son conseil d’administration l’a approuvée le 22 octobre. « Ce qui nous a poussés à le faire, confie le président, ce sont les valeurs qui sont les nôtres. » Des valeurs inscrites dans l’entraide, la proximité, la solidarité entre les générations, la préservation de la dignité des personnes rendues vulnérables et le principe de non abandon. « Il était difficile de refuser la demande qui nous était faite », confie l’ancien responsable des urgences de l’hôpital de Belfort. « Nous connaissons le personnel. Nous savons les épreuves que le personnel de cet établissement a traversé », poursuit-il. « Ils ont traversé cette épreuve avec une volonté, une implication et une compétence professionnelle qui nous a beaucoup rassurés », insiste le président du pôle gérontologique Claude-Pompidou.
Selon l’association, il est temps, surtout, de mettre fin à cette période d’administration provisoire. « C’est déstabilisant pour tout le monde et notamment les familles, assure le docteur. Il fallait proposer un avenir et de la stabilité à l’établissement. » Et Robert Creel de résumer l’esprit : « Nous allons travailler les uns à côté des autres pour un même projet. » Il se veut confiant sur l’avenir, avec comme volonté celle « de remettre au centre la personne âgée ». On parle de bien-être. De bien-traitance. Pour les résidents et pour les salariés.
Hommage aux victimes
« L’une de nos premières actions sera de rendre hommage », confie Robert Creel. Un hommage aux résidents disparus pendant la crise sanitaire. Mais aussi à Patricia Boulak, une aide-soignante de La Rosemontoise décédée de la covid-19. « Une salariée qui a donné tout son cœur », insiste le directeur général. Une plaque devrait être posée à La Rosemontoise. Pour se souvenir.
Tous les salariés transférés
L’ensemble du personnel qui dépend de La Rosemontoise, soit 82 équivalents temps plein, sera automatiquement transféré au pôle gérontologique Claude-Pompidou, dès le 7 novembre, conformément à l’article L1224-1 du code du travail. « Lorsque survient une modification dans la situation juridique de l’employeur, notamment par succession, vente, fusion, transformation du fonds, mise en société de l’entreprise, tous les contrats de travail en cours au jour de la modification subsistent entre le nouvel employeur et le personnel de l’entreprise », peut-on lire dans l’article de loi. Que ce soit le personnel dédié au soin, à l’administration, à l’animation et à la cuisine ; il n’y « aucune inquiétude à avoir », assure le pôle gérontologique. La cuisine sera maintenue. « C’est un élément central », insiste le président.
« Il n’est pas envisageable que nous baissions le taux d’encadrement », rassure-t-il également. Ce taux est aujourd’hui adapté à une résidence accueillant 117 personnes âgées. Mais il sera conservé même si l’Ehpad accueille moins de 90 résidents, les personnes décédées n’ayant pas été remplacées. Seules quelques personnes ont rejoint l’Ehpad, mais c’étaient des situations d’urgence.
Concernant l’abstention, relevée par l’arrêté de cessation d’activité, le nouveau gestionnaire de La Rosemontoise est, une nouvelle fois, confiant. « Il manque aujourd’hui un vrai projet. Il faut retrouver de l’envie », répond Robert Creel. Et c’est ce que veut insuffler le pôle gérontologique Claude-Pompidou.
« Nous serons vigilants »
À partir du 7 novembre, ce sera donc le logo de l’association Les Bons Enfants qui trônera en haut du bulletin de salaire des salariés. En attendant que la directrice de l’Ehpad ne revienne d’arrêt maladie, l’intérim sera assurée par la directrice générale adjointe du pôle gérontologique Claude-Pompidou, Marion L’Héritier. L’un des premiers travaux sera celui des plannings. Et tous les cadres du pôle gérontologique « participeront à l’aventure », indique Robert Creel, pour redresser la barre du navire.
Pas (encore) de réaction de Doctegestio
Sollicité, le groupe Doctegestio, auquel est adossée l’association Servir, n’a pas encore réagit à la décision du conseil départemental du Territoire de Belfort et de l’agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté de lui retirer la gestion de l’Ehpad La Rosemontoise. Les tutelles n’ont pas été convaincues par son projet de reprise (relire l’interview de Florian Bouquet, président du conseil départemental). La décision des tutelles peut-être contestée par Doctegestio devant le tribunal administratif dans un délai de 2 mois après sa notification, c’est-à-dire avant le 26 décembre 2020. Même si la décision est contestée juridiquement, le contentieux ne serait pas suspensif de la reprise par le pôle gérontologique Claude-Pompidou.
Jean-Bernard Braun a également écrit la semaine dernière à l’association fraternelle mennonite (AFM), propriétaire des bâtiments, pour envisager la suite, alors que le bail de location de l’Ehpad est transféré au pôle gérontologique. Un courrier a aussi été adressé à Servir pour faciliter la transition entre les deux gestions. Une transition qui peut être souple, notamment en termes de contrats de travail, de suivi des salaires et de comptabilité, car les deux structures utilisent les mêmes logiciels. « J’espère que nous aurons l’ensemble des comptes », confie Robert Creel, qui veut positiver. « Nous serons vigilants pour que soit payé ce qui est dû aux salariés », relève également le directeur général. Le solde de tout compte : les heures supplémentaires ; les congés payés ; les œuvres sociales. Il faut aussi récupérer les avances des résidents. De nombreux dossiers chauds à évoquer d’ici le 7 novembre pour repartir à zéro.
« Nous sommes face à une situation d’urgence », résume le docteur Braun. Il y a énormément de choses à faire, notamment en termes de sécurité des bâtiments, de rattrapage d’entretien, de réorganisation de certains locaux ; cette organisation fragilisait notamment le taux d’encadrement en dispersant le personnel. Ensuite, une réflexion sera entamée sur le renouveau. D’importants travaux sont-ils envisagées ? Une nouvelle construction ? « On ne va rien s’interdire », dit le président. Des priorités seront définies. « On va réussir », conclut Robert Creel.
Le pôle gérontologique Claude-Pompidou
La gestion de l’Ehpad La Rosemontoise est transférée à l’association Les Bons Enfants. Cette association, indépendante, est sous l’égide de la fondation Claude-Pompidou, laquelle autorise notamment l’utilisation de son nom. L’association Les Bons Enfants est la personne morale. De là, se décline, dans le Territoire de Belfort, le pôle gérontologique Claude-Pompidou, qui comprend la résidence Pierre-Bonnef (sur le site de l’ancien hôpital), la résidence Vauban, en vieille ville, la maison du répit et des aidants (accueil temporaire, halte du répit) et la plateforme départementale du répit, gérée avec la fondation Arc-en-Ciel. Dès le 7 novembre, l’Ehpad de la Rosemontoise rejoint le pôle gérontologique. Aujourd’hui, le pôle emploie 110 équivalents temps plein, auxquels s’ajoutent le 7 novembre les 85 ETP de La Rosemontoise. Le pôle disposait de 183 places (85 à la résidence Vauban, 73 à la résidence Bonnef, 25 à la maison du répit). S’ajouteront les 117 places de La Rosemontoise.