À Héricourt, au bout d’une impasse, se trouve une structure d’insertion initiée par la Ville en 2002 : les Jardins du Mont-Vaudois. Sur le même principe que les jardins de cocagne, ou encore que le jardin d’idée à Bavans, la structure à vocation d’insertion sociale et professionnelle cultivent des jardins ouvriers en maraîchage biologique. Préparation de paniers, livraisons à domicile, la structure a un carnet de commandes de 310 adhérents par semaine à Delle, Héricourt et dans le Territoire de Belfort, explique Marie-Agnès Rondot, directrice de la structure.
Pour mener à bien ces tâches, ce sont une quarantaine de salariés qui sont embauchés par an pour des contrats allant de 4 à 24 mois. « Dans la plupart des cas, les contrats durent 12 à 14 mois », rapporte la directrice. Les personnes embauchées ont entre 18 et 60 ans. Ce sont des personnes « qui ont souvent eu des parcours de vie difficiles, des carrières interrompues, des démarrages laborieux.» Ces quelques mois au sein de la structure leur permettent de « reprendre confiance en eux, de reprendre un rythme ». Ils se redirigent ensuite vers d’autres domaines, comme l’industrie, la logistique, le transport ou encore l’entretien d’espaces verts.
Une insertion loin d’être évidente, qui est gérée par trois encadrants et encadrantes. Qui eux-même font face à de nouveaux enjeux, tels que l’arrivée de plus en plus fréquente de séniors dans la structure qui sont « en fin de carrière et qui ne retrouvent plus de travail dans des endroits classiques.» Pour réussir à trouver une place à chacun, la directrice de la structure explique être « constamment en recherche de liens avec les entreprises et les acteurs économiques pour trouver des débouchés pour nos publics en difficulté. Mais c’est loin d’être facile.» Des rencontres sont organisées avec les entrepreneurs, notamment dans l’industrie « pour qu’ils puissent expliquer en quoi consistent leurs métiers et lever des freins.»
Rencontre avec Laurence, « le clown de la structure »
Laurence, 50 ans, est embauchée au Jardin du Mont-Vaudois depuis une année. Quand on lui demande ce qu’elle fait au sein de la structure, elle répond : « Le clown ». Livraisons, plantations, préparation de paniers, « ou encore embêter le personnel », Laurence est multitâche au sein de la structure. Elle raconte : « Ce que j’aime bien ici, c’est que je travaille avec des personnes très différentes. Qui ont des parcours tous différents, pas toujours faciles. Ce métier, je ne le connaissais pas du tout. Et maintenant, je regrette le temps de mon père où je ne voulais pas l’accompagner dans les champs.» Elle complète : « Après, c’est vrai que ce n’est pas facile. Quand j’ai commencé, j’avais mal partout. Mais ça m’a fait beaucoup de bien de reprendre une activité.»
Un nouveau modèle d’irrigation en projet
La directrice de la structure se dirige vers les onze serres de la parcelle d’Héricourt. « Tomates, courgettes, salades, choux, poireaux, poivrons », impossible de la suivre alors qu’elle énumère tous les légumes qui sont cultivés sous les serres. Le sol est encore humide des pluies du matin et des planches font office de route pour traverser les cultures. La structure travaille sur deux sites différents : à Héricourt où se trouve la parcelle historique. Ainsi qu’à Trémoins, sur une parcelle achetée en 2018, où se trouvent trois serres beaucoup plus importantes en taille. « Ici, l’arrosage est complexe. Le sol est sec et craque rapidement car la terre est argileuse », raconte Marie-Agnès Rondot. Depuis plusieurs années, la culture est devenue de plus en plus complexe à cause de la qualité de la terre et des sécheresses répétées. À Héricourt, un système de récupération d’eau de pluie a été mis en place avec des réservoirs pour s’en sortir. À Trémoins, la structure a décidé d’aller plus loin en creusant une retenue collinaire pour créer un bassin de 4 000 m3. Si le projet est vertueux, c’est parce qu’à l’inverse des bassines, les retenues collinaires ne puisent pas dans les sols et captent les eaux de pluies, notamment en été lors d’orages, lorsqu’elles ne servent pas à recharger les nappes phréatiques.
« C’est un bassin qui doit être raccordé au réseau de collecte d’eau pluviale, pour être repompé et redistribué sur les parcelles », détaille Marie-Agnès Rondot, qui précise que la situation économique est délicate et que les financements publics ont encore du mal à se débloquer. Si le bassin est prêt et le raccordement prévu par le Réseau de transport d’électricité (RTE), le projet ne voit pas le bout alors qu’il partait pourtant du bon pied. 60 000 euros sont nécessaires pour retrouver l’équilire. De même pour un second projet qui consiste à élargir les activités de la structure en proposant d’entretenir les rivières, de lutter contre les plantes invasives ou encore de la plantation et de la revalorisation des patrimoines fruitiers. Mais il manque encore environ 75 000 pour faire aboutir le projet, expose Marie-Agnès Rondot. Mais loin de se décourager, la structure continue d’avancer, pas à pas. Pour contribuer à son modèle économique, elle s’est lancée dans une vente de plants maraîchers bios, disponibles à la vente depuis le samedi 22 avril et jusqu’au vendredi 5 mai. À venir chercher sur place du lundi au vendredi de 9h à 18h, et sur les marchés de producteurs locaux samedi 29 avril.