Le nord Franche-Comté, qui comprend Pays de Montbéliard Agglomération, la communauté de communes du pays d’Héricourt, le Grand Belfort, la communauté de communes des Vosges du Sud ainsi que la communauté de communes du Sud Territoire, compte 300 238 habitants au 1er janvier 2021 (population de référence au 1er janvier 2024) ; ces données ne prennent pas en compte le village de Dampjoux, qui a rejoint Pays de Montbéliard Agglomération (PMA) le 1er janvier. Elle retrouve des niveaux de population observés au début des années 1980. La population au 1er janvier 2016, mise à jour en 2019, était de 305 099 habitants, soit une perte de 4 861 habitants. Cela correspond à la disparition d’une ville équivalente à celle de Mandeure (4 731), Beaucourt (5 005) ou encore Valdoie (5 236) en seulement 5 années. Dans cette période, c’est surtout le Grand Belfort qui a perdu des habitants. Entre les millésimes 2021 et 2016, l’agglomération a perdu 4 053 habitants, contre 331 pour le pays de Montbéliard. L’agglomération belfortaine compte près de 101 000 habitants et l’agglomération de Montbéliard près 140 000.
Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est la pente sur laquelle s’inscrit la dynamique démographique. Lorsque l’on regarde les projections Omphale de l’institut national de la statistiques et des études économiques (Insee), la courbe du nord Franche-Comté suit le scénario le plus bas. Il est même en-deçà. Selon cette projection, qui étirent des tendances actuelles, le nord Franche-Comté comptera 289 876 habitants en 2030 et 265 563 en 2050. Rien n’est rédhibitoire, mais la dynamique est particulièrement mauvaise. En 2023, et l’analyse est toujours pertinente aujourd’hui, un analyste avisé de la région pointait du doigt cette tendance (lire notre article). « Ce n’est pas la création de logements qui augmente le solde migratoire, c’est l’emploi », raillait cette même source, qui souhaite conserver l’anonymat, et qui dénonçait une logique communale de la démographie à défaut d’une réflexion d’envergure. Un personnalité politique de noter, avec sarcasme : « C’est une concurrence entre gens qui sont dans le même toboggan. » « Le défi démographique n’est pas un sujet du Territoire de Belfort, mais du nord Franche-Comté », soulignait, à ce titre, Raphaël Sodini, préfet du Territoire de Belfort, lors d’un temps d’échanges avec les journalistes.
265 563 habitants en 2050
La baisse de la natalité et la désindustrialisation expliquent en grande partie cette dynamique. En 2022, la région Bourgogne-Franche-Comté a enregistré un solde naturel négatif de – 7 500 personnes. On compte donc plus de décès que de naissances. La région perd des habitants depuis 2015. Le Territoire de Belfort bascule dans cette réalité un peu plus tard, en 2020. En 2022, seul le Doubs a un excédent du solde naturel (+ 310 habitants).
« Le nombre de naissances dépend à la fois du nombre de femmes en âge de procréer et de leur fécondité », rappelle l’Insee dans une note sur la démographie de 2022, publiée à l’été 2023. « Depuis plusieurs années, la population féminine âgée de 15 à 49 ans diminue chaque année (-0,8 % par an dans la région contre -0,2 % en France métropolitaine entre 2015 et 2022), relève le document, avant d’ajouter. De plus, le nombre moyen d’enfants par femme baisse de façon continue depuis 2015. Il est passé de 1,90 à 1,73 dans la région. » Le vieillissement de la population et l’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges avancés de forte mortalité accentue mécaniquement cette tendance.
Ce déficit se cumule à un déficit migratoire important – il y a plus de personnes qui quittent le territoire que d’autres qui y viennent – avec une dégradation forte de cette tendance ces dernières années, observent les démographes. Dans les années 2000, on perdait 100 à 150 personnes par an dans le Territoire de Belfort. Entre 2014 et 2020, c’est de l’ordre de 800 personnes par an, schématise un analyste.
L’atténuation de la tendance se fera par deux éléments, selon le préfet du Territoire de Belfort : la création d’emplois et le développement de l’enseignement supérieur. Une manière d’attirer de nouveaux habitants dans le territoire, mais aussi d’éviter que sa population ne le quitte. Il faut travailler l’attractivité. La création de la filière hydrogène est un élément de dynamisme. Mais il ne faut pas oublier, à rebours, la perte de vitesse de la filière automobile. Appréhender ce sujet à l’échelle du nord Franche-Comté permet aussi de se prémunir du mirage des migrations internes au territoire, satisfaisant à l’échelle d’une commune, mais loin de répondre aux réels problèmes, qui sont devenus structurels.