Le Grand-Est et la Bourgogne – Franche-Comté sont des foyers importants de l’épidémie. Premiers recours pour les patients, les médecins de ville sont les premiers exposés. Se repose la question des équipements de protection.
(AFP)
Le Grand-Est et la Bourgogne-Franche-Comté sont des foyers importants de l’épidémie. Premiers recours pour les patients, les médecins de ville sont les premiers exposés. Se repose la question des équipements de protection.
Avec quatre décès le week-end dernier, les médecins de l’est de la France paient un lourd tribut à l’épidémie de coronavirus qui avait déjà coûté la vie à un urgentiste de l’Oise. “Fantassins de première ligne” dans la guerre contre le coronavirus, les médecins exercent leur métier “à leurs risques et périls, comme on le constate malheureusement”, a relevé lundi avec amertume le syndicat de généralistes MG France, au lendemain de ce week-end particulièrement sombre pour ceux qui constituent “le premier recours pour de nombreux patients”.
Après l’annonce dimanche du décès d’un urgentiste de Compiègne (Oise),le premier médecin victime du Covid-19 en France, les décès de quatre généralistes eux aussi terrassés ce week-end par ce virus pulmonaire, ont été ainsi rendus publics lundi.
Proximité quotidienne
Une véritable série noire, alors que tous exerçaient dans l’est de la France, zone particulièrement touchée par l’épidémie : selon les derniers chiffres publiés lundi soir par l’agence régionale de Santé (ARS), 2 348 personnes infectées par le virus sont hospitalisées dans le Grand Est, où 335 décès ont été dénombrés. En Bourgogne – Franche-Comté, l’ARS dénombre 62 décès en établissements de santé enregistrés, 410 patients hospitalisés, dont 115 en réanimation.
Deux des médecins victimes du Covid-19 exerçaient dans le Haut-Rhin, l’un des principaux foyers de contamination depuis un grand rassemblement religieux fin février à Mulhouse, dont plusieurs fidèles, contaminés par le virus, avaient ensuite disséminé la maladie à travers la France et jusqu’en Guyane. Jean-Marie Boegle, gynécologue-obstétricien de 66 ans décédé samedi, exerçait dans une clinique de Mulhouse et avait contracté, selon l’établissement, le virus auprès de l’une de ses patientes. Généraliste de 70 ans, Mahen Ramloll est quant à lui mort dimanche à l’hôpital de Colmar après avoir, selon la presse régionale, confié à un confrère avoir été en contact avec des patients contaminés.
En Moselle, Sylvain Welling, généraliste de 60 ans dans la commune de L’Hôpital, est mort à Saint-Avold où il avait été hospitalisé dans l’unité Covid-19. Enfin, Olivier-Jacques Schneller, 68 ans, s’est éteint ce week-end à l’hôpital de Trévenans, selon Jean-Denis Perret-Gentil, le maire de Couthenans (Haute-Saône) où il possédait son cabinet. “Il était positif au coronavirus”, a précisé l’élu.
Très exposés du fait de leur proximité quotidienne depuis le début de l’épidémie avec des patients potentiellement porteurs du virus, les généralistes redoutaient d’en payer le prix et n’ont eu de cesse de dénoncer le manque d’équipement (masques, blouses) de protection. De nombreuses initiatives ont fleuri pour aider les médecins à faire face, comme les dons de masques de particuliers ou d’entreprises. Le président de la Région Grand Est, Jean Rottner, a par exemple lancé jeudi dernier un appel aux dons de masques pour les personnels des hôpitaux et les généralistes. Pas sûr pourtant que cela suffise aux yeux de MG France, alors que la distribution des masques par les pharmacies est contingenté à 18 par semaine pour les médecins et infirmiers.
"Nous continuerons à assumer nos responsabilités"
“L’absence d’équipements de protection va (…) contaminer un certain nombre” de médecins, a prévenu MG France. “Partout en France, les généralistes s’organisent, au sein de leur cabinet, de leur territoire, pour faire face à cette épidémie”, insiste encore le syndicat, qui salue leur “travail constant” et leur “combativité qui va indiscutablement sauver des vies”.
“Le rôle des médecins généralistes est primordial pour que les professionnels hospitaliers puissent concentrer tous leurs efforts sur les patients les plus graves”, note encore le Collège de la Médecine Générale. “Malgré les risques et leurs conséquences, nous continuerons à assumer nos responsabilités”, poursuit cette association qui rassemble syndicats et sociétés savantes de médecins généralistes. “Les services de l’État” doivent donner aux généralistes “les moyens” nécessaires, insiste-t-elle.