Le Trek’in Gazelles, dans le désert marocain. Trois habitantes du nord Franche-Comté se lancent dans ce défi du 8 au 15 novembre 2024. Elles font partie des 150 équipes féminines qui relèveront ce défi et ont un but : briser les tabous sur la souffrance psychique au travail. Elles s’appellent Cécile, Clémence et Laura. Deux d’entre elles travaillent dans le domaine de la psychiatrie. Clémence est psychiatre, Cécile est infirmière en hôpital psychiatrique.
Le défi est de taille : il s’agit d’une course d’orientation sans GPS ni téléphone. Les trois filles seront équipées de cartes topographiques, de boussoles, de règles et de coordonnées géographiques. Il faudra trouver un maximum de balises en un minimum de kilomètres (une vingtaine par jour), ce qui permettra à chacune des balises trouvées de reverser 5 euros au Secours populaire. En tout, 4 jours de marche les attend.
Autour d’un thé fumant, Cécile raconte le début de cette aventure. « C’était un vieux rêve d’aller marcher dans le désert. » Le concept lui a tout de suite plu. Acquérir de nouvelles compétences. Se dépasser. Il aura fallu une année de réflexion avant de se lancer et de trouver les personnes qui allaient l’accompagner dans cette aventure.
La participation de son ancienne collègue, Clémence, a été une évidence. Tout autant que la symbolique qu’elles ont voulu donner à ce trek. « Dans l’exercice de notre métier, on a toutes les deux pu voir le nombre de burn-out lié au travail. Que ce soient des professeurs, des étudiants, des ingénieurs, tout le monde est touché. Cela s’est amplifié depuis le Covid. Les travailleurs ne se sentent plus entendus, on leur en demande trop, ils s’oublient, ils s’usent », détaille encore Cécile. « Nous sommes forcément sensibilisées à cette question dans nos pratiques : des burn-out, des situations de harcèlement professionnel, on en a vu, soigné, on en a aussi été témoins au sein de l’hôpital parfois – souvent. »
Une aventure pour sensibiliser
La troisième acolyte, Laura, travaille pour sa part en tant que sellier maroquinier d’art. Arrivée en cours de route, le sens donné à ce trek lui a de suite parlé. Et lui a paru nécessaire, lorsque les filles, plus aguerries, lui ont détaillé les chiffres. Selon une enquête de l’observatoire de la responsabilité sociétale des entreprises (ORSE), 34% des salariés français seraient en burn-out, dont 13% en burn-out qualifié de « sévère », soit plus de 2,5 millions de personnes.
Depuis l’épidémie de Covid-19, les chiffres sont en constante évolution. « Près de la moitié des salariés français estiment que leur entreprise ne prend pas suffisamment en compte la détresse psychologique au travail », relate encore Cécile.
La visibilité médiatique qu’offre cet événement doit permettre de parler de ce sujet « encore tabou ». Et les filles ont décidé d’aller plus loin, en transformant le sponsoring. Plutôt que d’offrir « simplement » de la visibilité aux entreprises qui décident d’investir dans le projet, les filles ont décidé de leur proposer de la documentation sur la santé mentale et même une intervention de Clémence, psychiatre dans leur entreprise pour organiser des ateliers selon la prestation choisie. « Une manière d’aller encore plus loin et de continuer cette action à notre retour », sourit Cécile. À ce jour, elles sont encore en recherche de sponsors, pour boucler un budget de 9 000 euros avant le grand départ, au mois de novembre.
Quant à leur profil, les trois filles sont plutôt sportives : course à pied, vélo, randonnée. Toujours en quête de grands espaces, de défis. L’une d’elles, Cécile, est d’ailleurs la cofondatrice d’un blog où elle partage régulièrement ses randonnées : À la conquête de l’Est. « Mais là le défi est plus grand, randonner dans le sable, ce n’est pas tout à fait la même chose », raconte en riant Cécile. Très peu d’appréhension, toutefois. « Pour le moment, on est surtout très excités », relève-t-elle. Rendez-vous dans quelques mois pour suivre leurs aventures.
Pour les contacter : lesfouleespassageres@gmail.com