(AFP)
« On a dépiauté toute ma vie »: souvent décrié par les parties civiles pour son manque apparent d’émotion, l’anesthésiste Frédéric Péchier, jugé à Besançon pour 30 empoisonnements (dont 12 mortels) au bloc opératoire, s’est livré de manière inédite vendredi 5 décembre devant la cour d’assises, en évoquant notamment sa famille. Interrogé pour la première fois non plus sur les faits – qu’il a toujours niés – mais sur son parcours et sa personnalité, l’accusé de 53 ans a répondu aux questions, même dérangeantes, sans paraître sur la défensive. « Pas expansif », selon sa propre analyse, le quinquagénaire a paru à plusieurs reprises au bord des larmes, à l’évocation notamment de sa tentative de suicide en 2021 – quatre ans après l’éclatement de l’affaire – de la maladie de l’une de ses filles ou encore des répercussions sur sa vie de famille des accusations qui le visent. Il a dit comprendre les propos de son frère Marc, qui s’était dit prêt à lui « cracher dessus » s’il était coupable, et ne l’aurait plus considéré co
"Donner la mort ne fait pas partie de la formation d'anesthésiste-réanimateur"
Il a par ailleurs tenté de contrer le portrait dressé de lui ces derniers jours, celui d’un homme marqué par des failles psychiques, notamment un sentiment supposé d’infériorité par rapport à son père – anesthésiste comme lui. Ce dernier « n’était pas un père Fouettard », a répondu Frédéric Péchier, décrivant une enfance « heureuse dans une famille aisée » et écartant toute « soumission » au sein du couple qu’il formait avec son ex-femme. Les débats ont également abordé la période où le jeune Péchier faisait ses débuts de médecin au CHU de Besançon, dans les années 1998-2001 où quatorze cas d’euthanasie ont été recensés par la justice. Lui-même n’a jamais été mis en cause et l’affaire s’était conclue par un non-lieu en 2018. Un cas l’avait marqué, celui d’un « homme qui avait tenté de se suicider et se tirer une balle dans la tête », a raconté l’accusé. « Faute de place dans le service, il avait été décidé de le laisser partir, sans essayer de le sauver. Et lâchement, je n’avais rien dit », a-t-il poursuivi. Après cette période, un médecin avait dit de lui que cette affaire d’euthanasie avait « fait partie de sa formation », lui rappelle la présidente. « Non, ça ne fait pas partie de la formation d’anesthésiste-réanimateur de donner la mort à quelqu’un », rétorque le Dr Péchier
Le verdict est attendu d’ici au 19 décembre.

