Une centaine de personnes ont participé à la Nuit du droit le jeudi 2 octobre 2025. Cette manifestation est organisée chaque année à travers toute la France sous l’égide du conseil constitutionnel. A Belfort, c’était une première en raison des travaux de rénovation du palais de justice en cours les années précédentes.
La fille d’attente s’est formée un peu avant 19 h pour le public adulte Auparavant, des jeunes de l’école de la 2e chance, du CFA ou encore du conseil municipal des enfants de Belfort ont rencontré des professionnels du droit. Une rencontre sous forme de speed meeting au cours duquel les jeunes devaient deviner la profession exacte de leur interlocuteur, ce dernier ne pouvant répondre à leurs questions que par « oui » ou « non ».
A 19 h, les portes du palais de justice se sont ouvertes. Après la fouille de rigueur, les visiteurs ont pu visiter le lieu : les cellules pour les prévenus, la salle d’audience, la salle des délibérations. Visite suivie par la projection d’un numéro du magazine Justice en France, consacré aux affaires familiales. « Nous avons choisi ce thème parce que c’est celui qui est le plus susceptible de vous toucher », a expliqué au public Sandrine Batalla, présidente du tribunal de Belfort. Autre point important, les affaires familiales sont normalement à huis clos : montrer des audiences familiales afin d’expliquer et de décrypter ensuite ce que les participants ont vu présentait un intérêt pédagogique concordant à la raison d’être de la Nuit du droit.
Trois situations ont ainsi été visionnées : des divorces, une adoption, une demande de changement de genre. Après chaque séquence, la présidente du tribunal et la procureure, Jessica Vonderscher ont répondu aux interrogations des participants. L’occasion par exemple de souligner l’importance des éléments objectifs comme les preuves, y compris dans un divorce. Au-delà des déclarations de chacun, « on s’attache à ce qu’il y a dans le dossier, notamment les preuves », a expliqué la présidente en faisant référence à des photos produites par l’un des protagonistes dans le documentaire visionné. « Les gens ne mentent pas forcément, a complété la procureure. Simplement, ils n’ont pas vécu les choses de la même façon ».
La médiation avant le juge
L’occasion de souligner aussi que le recours à un juge pour trancher un conflit ne doit pas être le premier réflexe : les médiateurs et les conciliateurs de justice sont là. « Aller devant un médiateur fait progresser la réflexion », estime la procureure. Et dans deux tiers des cas, la médiation permet de trouver un terrain de conciliation, sinon sur la totalité du litige, du moins sur l’essentiel des points, raison pour laquelle elle est recherché dans l’organisation de la famille en cas de séparation.
La question de l’objectivité des juges a été soulevée par des participants. « Nous, on ne fait qu’appliquer les lois. Nous avons un devoir de neutralité, si besoin, on se déporte [transfert du dossier à une juridiction voisine – NDLR]. L’honneur de la profession, c’est de faire abstraction de ses opinions, de ses options religieuses », ont expliqué les magistrates. La collégialité des jugements est aussi un facteur facilitateur pour la neutralité de la justice. Le juge est assisté de deux assesseurs, et il se peut que les assesseurs ne partagent pas le point de vue du juge qui est alors mis en minorité ; la majorité l’emporte. Raison pour laquelle les délibérations sont strictement confidentielles. La possibilité d’appel est aussi un facteur qui réduit le risque de partialité de la justice.

