Les enseignants étaient en grève ce jeudi 13 janvier. Près de 300 personnes ont manifesté leur colère à Belfort face à la valse des protocoles sanitaires. Mais pas que : la crise est révélatrice de tensions antérieures.
Les enseignants étaient en grève ce jeudi 13 janvier. Près de 300 personnes ont manifesté leur colère à Belfort face à la valse des protocoles sanitaires. Mais pas que : la crise est révélatrice de tensions antérieures.
10 h, ce jeudi 13 janvier. Il fait très froid à Belfort. La température saisit. -6° C au compteur. Mais elle ne refroidit pas les ardeurs des manifestants qui se sont réunis après l’appel de une intersyndicale du corps enseignant. Selon les estimations de la police, ils étaient 270 à Belfort. Un long filet, place de la Révolution, a été installé avec des messages suspendus. “Masqués, mais pas muselés”, “2 ans de mépris, l’école craque”, ou encore “Blanquer, le méchant virus de l’Éducation nationale”. Les manifestants se hâtent pour écrire leur message. Dans la foule, beaucoup de colère. Aussi, à cause des derniers messages du ministre qui accuse les grévistes de faire la grève contre “un virus”. Des propos qui ne passent pas. Le mot d’ordre des manifestants quant au gouvernement et à l’Éducation nationale : « mépris. »

Mathilde Regnaud, professeure d’histoire-géographie au collège de Bethoncourt et maman d’élèves, était présente pour dénoncer un « protocole incompréhensible ». « La gestion de la crise, c’est une goutte d’eau par rapport à tout le reste. Le mensonge, le mépris, l’incompétence : voilà ce que l’on voit. L’Éducation nationale est dans un état terrible et cela date d’avant la crise. » Des propos partagés par Anne Forgerit, secrétaire du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire. « Il n’y a pas que la crise sanitaire. Non, ce n’est pas une grève contre un virus. L’Éducation nationale se moque de nous et nous sommes exaspérés de devoir tout gérer. »

La crise, selon les manifestants, est révélatrice de problèmes profonds. Elle est notamment révélatrice de la difficulté de remplacer les enseignants lorsqu’ils ne sont pas là. « On le voit au collège de Bethoncourt : il faut 3 mois pour remplacer un professeur d’histoire. Sans parler du lycée Courbet qui fait la une de l’actualité », se désole Mathilde Regnaud. Le problème, selon elle, est qu’aujourd’hui, rien n’est fait pour rendre attractif le métier de professeur, ni en termes de formation, ni en termes de rémunération. Des propos que confirme le syndicat SNUipp-FSU. « Nous sommes face à une pénurie de remplacement. » La CFDT dénonce les mêmes écueils, en arguant : « Au lycée Follereau, il y a seulement 2 infirmières pour 1 800 élèves, 4 CPE pour 1 800 élèves, ce n’est pas possible. »
Un protocole changé 4 fois en 10 jours
Les manifestants appellent le gouvernement à mettre un protocole sanitaire « viable », car « tout le monde est usé », affirme la CGT, qui dénonce des mesures « amateuristes ». « L’ouverture des écoles ne peut pas se faire à n’importe quel prix. La coupe est pleine, et cela fait déjà 10 ans que c’est comme ça », dénonce le syndicat. Dans le cortège, on trouve des enseignants, mais aussi des assistants d’éducation, des infirmiers et infirmières scolaires, directeurs et aussi parents d’élèves. C’est un ras-le-bol collectif.

« La situation relève du chaos. Le protocole est intenable, en 10 jours, il a été changé 4 fois », enragent les représentants du SNUipp-FSU.
De plus, pour les syndicats, le protocole n’est pas à la hauteur et ne permet pas d’assurer la sécurité des élèves et du personnel. Notamment sur les masques : ceux fournis par l’éducation nationale sont en tissu.
« On dirait du satin », se moque Anne Forgerit. « Même les masques, l’Éducation nationale n’est pas capable d’en fournir des corrects. » L’intersyndicale demande également des masques pour tous les élèves.
Après les discours, les manifestants se sont dirigés de la place de la Révolution jusque devant la préfecture, avant d’être reçus par le préfet.
Selon l’intersyndicale, 334 personnes étaient en grève aujourd’hui dans le Territoire de Belfort sur les 792 membres du personnel éducatif. Selon le rectorat, 39% du personnel aurait entamé une grève aujourd’hui dans le premier degré mais selon le Snuipp-FSU, le taux est plutôt de l’ordre de 60%. Conjointement, les syndicats ont appelé à prolonger la manifestation au-delà du 13 janvier, en manifestant « pourquoi pas un samedi », ainsi que le 27 janvier pour une grève interprofessionnelle.