À Belfort, l’intervenante, présente pour des cours de yoga, est intervenue trois fois dans une classe du dispositif Relais du collège Simone-Signoret. Ce dispositif permet un accueil temporaire d’élèves en situation fragile. L’Est Républicain révèle, dans son enquête datant du 5 mars, que l’intervenante se présente sur son site internet comme « une thérapeute du corps et de l’âme qui enseigne le yoga originel et les arts énergétiques hérités des sagesses et médecines ancestrales : taoïsme et médecine chinoise, ayurvéda, tradition essénienne et celtique ».
Stéphanie de Vanssay, conseillère nationale pour l’Unsa-Éducation, a été identifiée sur une publication Facebook de l’intervenante. On y aperçoit des adolescents étendus sur le sol avec des légendes de type : « Mon mémoire consistait à convaincre une structure institutionnelle des bienfaits des techniques de yoga ancestrales en milieu scolaire. » L’enquête détaille que la lanceuse d’alerte a signalé cette situation à la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires).
Ce jeudi 6 mars, Damien Meslot, maire de Belfort Les Républicains, a réagi dans un communiqué, se disant « outré » et pointant la responsabilité de l’Éducation nationale. « La présence dans un collège d’une intervenante qui se présente comme une thérapeute du corps et de l’âme, qui enseigne le yoga originel, les arts énergétiques, les médecines ancestrales, le taoïsme… est un scandale à plusieurs titres », critique-t-il. Il accuse l’Éducation nationale de préférer « financer des intervenants loufoques plutôt que de financer l’accueil des élèves dans les piscines du Grand Belfort ». Et en profite pour rappeler que l’intervenante est « d’extrême gauche » et qu’elle s’était présentée aux élections législatives en 2017 sous la bannière La France insoumise.
« Un cadre était posé »
Le maire demande l’arrêt immédiat des interventions scolaires de cette personne. Ce qui est déjà effectif, selon le rectorat, qui précise que trois interventions avaient été programmées et qu’elles sont désormais terminées. « Le dispositif Relais concerne des élèves ayant un parcours de vie compliqué. Un cadre était posé. Il s’agissait de séances de yoga pour aider les élèves à se sentir bien et à retrouver confiance en eux », indique le rectorat de Besançon.
« Des garanties ont été prises », poursuit le rectorat. « Les intervenants n’interviennent jamais seuls. Pour ces cours, un assistant d’éducation ou le coordinateur du dispositif Relais était toujours présent ». Ce fonctionnement est habituel et vise à prévenir toute dérive. « Sur ces sessions précises, il n’y a pas eu de problématique particulière. Mais nous n’avons pas de regard sur les activités que l’intervenante peut mener en dehors du cadre scolaire », précise encore l’institution. « En tout cas, il n’y a pas eu de dérive sectaire dans le cadre de ces séances. »
« De manière générale, de nombreux intervenants passent dans les établissements scolaires, notamment des associations qui ne sont pas toujours composées de pédagogues et peuvent tenir des propos inadéquats. C’est pour cela qu’un adulte de l’établissement est toujours présent pour contextualiser et encadrer les interventions », conclut le rectorat.
Que dit la loi sur les intervenants extérieurs ?
Selon le cadre légal, seuls les titulaires d’un diplôme ou d’un certificat de qualification enregistré au répertoire national des certifications professionnelles peuvent enseigner, animer, encadrer une activité physique ou sportive contre rémunération.
« Mais si un intervenant n’a pas un agrément délivré par le ministère ou l’académie, une validation interne (conseil pédagogique, chef d’établissement) peut suffire, à condition de respecter les principes de la circulaire », précise le rectorat.
Le cadre juridique général repose sur la circulaire n° 2017-116 du 6 octobre 2017 relative aux intervenants extérieurs, qui précise les conditions et modalités d’intervention en milieu scolaire. Elle rappelle notamment que l’intervention doit être en cohérence avec les programmes scolaires et le projet d’établissement. Le contenu de l’intervention doit être validé par les enseignants concernés et le chef d’établissement. Les enseignants restent présents durant l’intervention, car ils gardent la responsabilité pédagogique.