« Le symbole nait là où les mots s’arrêtent », a expliqué Ghislain Montavon, directeur de l’université de technologie de Belfort – Montbéliard (UTBM) lors de son discours à la remise des diplômes qui s’est déroulée à l’Axone à Montbéliard. « Et ce que nous célébrons aujourd’hui, au travers de cette cérémonie, s’inscrit pleinement dans cette logique symbolique. La remise d’un diplôme n’est ni une formalité, ni une coquetterie mondaine. Elle est un rituel. Et, comme tout rituel, elle a une fonction essentielle : marquer un seuil, signifier un basculement. Vous devenez diplômés. Vous étiez en devenir. Vous entrez désormais dans un monde qui attend de vous non plus des promesses, mais des actes », a-t-il averti.
Samedi, 519 nouveaux ingénieurs ont reçu leur diplôme de l’UTBM, ainsi que 49 diplômés de master, et 39 diplômés par la voie de la formation continue (lire l’encadré en fin d’article). L’UTBM se positionne à la 6e place des écoles d’ingénieurs françaises en nombre de diplômés par an. Parmi les ingénieurs de la promotion de novembre 2024, le taux moyen d’embauche était de moins de trois semaines après le diplôme. Plus de 21 % des diplômés ont trouvé un premier emploi à l’international, la Suisse, le Canada et la Chine étant les trois premières destinations de ces jeunes embauchés. Le taux d’échec est de l’ordre de 1 %, ce qui semble valider la politique de sélection à l’entrée de l’UTBM, non pas sur concours, mais sur dossier et sur la motivation des candidats (4600 dossiers de candidatures pour 300 places au niveau bac) : « On recherche le potentiel et la volonté d’engagement », résume Ghislain Montavon.
Une génération plus ouverte au monde
Pour Ghislain Montavon, les nouvelles générations d’ingénieurs vont être confrontés à « des défis incommensurablement supérieurs que ceux des générations précédentes », qui n’étaient au demeurant pas minimes (reconstruction de l’après-guerre, électronique, nucléaire). Il cite les défis écologiques (« Une croissance infinie dans un monde fini est impossible »), la transition énergétique, l’urbanisme, ou encore la déplétion des matériaux que les ingénieurs devront intégrer dès la conception.
La nouvelle génération est selon lui plus ouverte au monde, grâce entre autres à une période obligatoire de six mois à l’étranger (soit en université, soit en entreprise) en cours de formation et à un esprit d’ouverture supérieur à celui des générations précédentes. L’appréhension du numérique est elle aussi totalement différente que celle des générations d’ingénieurs antérieures, sans même parler de l’intelligence artificielle.
Plus créatifs
En revanche, le directeur de l’UTBM estime que les futurs nouveaux ingénieurs pâtissent des réformes des enseignements qui ont multiplié les disciplines au lycée au détriment des maths : tout en reconnaissant la hausse de niveau dans certaines matières (par exemple l’anglais), il estime qu’il y a un décalage d’une année en sortie de lycée par rapport vingt ans auparavant. Une différence qui doit être prise en compte dès la première année post- bac pour y remédier.
De leur côté, les entreprises attendent plus de « transversalisation ». Par exemple, un ingénieur mécanicien doit comprendre le codage informatique, connaitre les données et la valeur des données. Tout comme l’informaticien doit désormais être en mesure de dialoguer avec un ingénieur mécanicien. L’archétype de cette « transversalisation » est l’intelligence artificielle, née voici vingt—cinq ans et familière pour les informaticiens, mais qui, aujourd’hui, intervient dans toutes les disciplines de l’ingénieur.
L’autre nouvelle attente des entreprises, à laquelle l’UTBM s’efforce de répondre via le Crunch Lab, est la capacité à innover. Pendant des années, explique Ghislain Montavon, les ingénieurs ont été formés à optimiser l’existant et augmenter les rendements. L’attente porte aujourd’hui sur la créativité, afin « d’itérer rapidement à bas coût ».
Innover pour des femmes et des hommes
Pour Ghislain Montavon, cette remise de diplômes était la dernière en tant que directeur de l’UTBM : il arrivera en fin de mandat durant l’été 2026. S’il devait formuler un souhait pour l’avenir ce serait que l’UTBM continue à former des esprits critiques. Il estime que les futurs ingénieurs ne doivent pas être seulement dans « le faire », mais aussi dans le « pourquoi » : pour lui, chaque fait technique a des répercussions dans le quotidien des gens, y compris des répercussions sociale, sociétales, environnementales. Ainsi, il appelle les étudiants à l’altérité, la tempérance et l’humilité. L’altérité afin d’être à l’écoute de points de vue différents, la tempérance pour ne pas appliquer la technologie au « toujours plus », mais au « juste besoin », l’humilité pour avoir conscience de l’immensité de la connaissance et de ce qui est encore inconnu. Il les invite à s’interroger sur chaque technologie qu’ils développeront en se rappelant que « derrière chaque chiffre, chaque donnée, chaque composant, chaque machine se trouvent des femmes et des hommes ».
Des ingénieurs, de nouveaux titulaires de masters et des diplômés de la formation continue
La remise de diplômes de l’UTBM organisée samedi à l’Axone à Montbéliard concernait:
519 ingénieurs diplômés en 2025
- en informatique 127 dont 23 apprentis
- en systèmes industriels 91 dont 20 apprentis
- en mécanique 108
- en énergie 100 dont 15 apprentis
- en mécanique et ergonomie 93 dont 16 apprentis
49 étudiants diplômés d’un master en 2025
- Master Innovation, entreprise et société : 39
- Master informatique UTBM à l’Université de Lomé au Togo : 6
- Master informatique UTBM à l’Université de Lomé au Luxembourg : 4
39 diplômés par la voie de la formation continue 2025
- Styliste prototypiste de l’Ecole ESPERA Sbarro UTBM: 25
- Ingénieur par la validation des acquis de l’expérience: 2
- Diplôme d’Université en ergonomie: 12
