Une soixantaine de pompiers a défilé dans les rues de Belfort, ce jeudi, en fin d’après-midi. Ils ont rejoint le centre des congrès Atria, qui accueille pendant deux jours les députés Les Républicains.
Une soixantaine de pompiers a défilé dans les rues de Belfort, ce jeudi, en fin d’après-midi. Ils ont rejoint le centre des congrès Atria, qui accueille pendant deux jours les députés Les Républicains. Une délégation a été reçue par des parlementaires.
« Qui pour secourir les pompiers ? » interpelle la pancarte portée par un sapeur-pompier, ce jeudi, en fin d’après-midi, dans les rues de Belfort. Une soixantaine de pompiers professionnels, soit près de la moitié des effectifs professionnel du département, ont crié leur colère, menée par une intersyndicale composée de la Fédération autonome, de la CFTC, de FO et d’Avenir secours, rattaché à la CFE-CGC. Il y a de très nombreuses années que l’intersyndicale n’avait pas été réunie par les pompiers belfortains. L’heure est grave.
Quelques fumigènes ont été allumés devant la préfecture, pour marquer le coup. Des pétards ont éclaté tout le long du parcours, qui menait de la place de la République au centre des congrès Atria, en passant par le faubourg des Ancêtres, la rue Georges-Clemenceau et le quai Vauban. Au Novotel, une délégation de l’intersyndicale a été reçue par une dizaine de députés Les Républicains, dont Christian Jacob, président du groupe à l’Assemblée nationale. Cet événement politique organisé à Belfort a donné des idées aux pompiers. Ils ont saisi l’occasion.
Le secours à personne multiplié par deux
Les sujets de préoccupation des pompiers sont nombreux. D’abord, la prime de feu. La prime de risque des soldats du feu est fixé à 19 %, contre 26 % pour d’autres professions à risque de la fonction publique. « Sachant que notre métier est reconnu comme dangereux, mais pas comme à risque », s’étonne encore l’adjudant Mickael Terzaghi, de la Fédération autonome. Les pompiers alertent aussi sur la remise en cause de leur régime de retraite. Ils ont également attiré l’attention sur des aspects santé et sécurité : les incivilités dont ils sont de plus en plus victimes, mais également sur la reconnaissance des spécificités de leur métier. Ils inhalent de la fumée toxique. Et les pompiers sont une population qui contractent plus de cancers que la moyenne nationale.
Les soldats du feu ont aussi évoqué l’explosion du nombre d’interventions liées au secours à personne. Dans le Territoire de Belfort, ces interventions représentent 76,7 % de l’activité opérationnelle en 2018. Et elles ont même augmenté de 9 % entre 2017 et 2018. Entre 2003 et 2018, ces interventions sont passées de 4 198 à 9 266. La différence est saisissante. Forcément, cette hausse des interventions a des conséquences sur les effectifs, qui s’effritent. « Le système ne marche plus. Nous sommes les seuls à toujours se déplacer », déplore le commandant Francis Erard, d’Avenir secours. Pis, la réponse incendie est également contrainte par le poids de l’activité liée au secours à personne. Il manque du personnel.
Indirectement, on questionne le financement des services d’incendie et de secours, dont le poids repose sur les collectivités locales. Et on questionne aussi les missions pour lesquelles on sollicite les pompiers. Dans ce cadre, pourquoi ne pas recevoir des financements de l’agence régionale de santé (ARS) lorsque les pompiers sont engagés pour de l’assistance et non pas de l’urgence suggère un pompier. Une chose est sûre, ils attendent des réponses. Sont-elles venues des parlementaires Les Républicains ? « Mon ressenti est plutôt positif, confie le commandant Francis Erard, après l’entrevue. Ils nous ont écoutés et entendus. » Mais l’officier reste vigilant. Et les députés l’ont mis en garde : ils sont dans l’opposition. Ils envisagent tout de même de déposer des questions écrites au gouvernement.
« Il n’y a plus personne derrière les pompiers ! » alerte finalement un soldat du feu. Les pompiers sont au bord de l’asphyxie. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme.