L’association Adevam-FC, c’est le combat de Jacques Rambur, ancien salarié d’Alstom. Il a travaillé à l’usine pendant plus de 40 ans. Et a vu des collègues tombés malades. « On faisait des boules de neige avec l’amiante à l’époque. On n’avait pas conscience de la dangerosité », raconte-t-il, à l’occasion de l’assemblée générale annuelle de l’association le 29 mai.
Cela fait désormais sept ans qu’il défend les victimes de l’amiante dans le nord Franche-Comté, aux côtés de plusieurs bénévoles et d’une avocate du cabinet parisien TTLA, Me Fleury. L’association aide ses adhérents à remplir leur dossier pour des reconnaissances de maladies professionnelles par la sécurité sociale. Elle les accompagne aussi dans la phase judiciaire devant le tribunal des affaires sociales, pour réclamer la faute inexcusable de l’employeur et des dommages et intérêts.
« Nous avons chaque année 5 à 6 nouveaux dossiers », témoigne-t-il. En 2023, l’association en a gagné trois. Elle a notamment réussi à faire reconnaître la faute inexcusable de l’employeur Alsthom (lire ici). Au bout de cinq ans, leurs maladies ont pu être reconnues dans le cadre d’ « une faute inexcusable de l’employeur ». En 2021 aussi, un malade a pu être indemnisé par Peugeot à hauteur de 80 000 euros à la suite d’un cancer lié à l’amiante.
Faire reconnaître plus de maladies
« Les maladies dues au travail ont doublé depuis 20 ans », relève Jacques Rambur. Et si certaines sont reconnues du fait de leur existence dans le code de la sécurité sociale, d’autres, comme les risques psychosociaux sont moins reconnus. « Le syndrome de burn-out n’est toujours pas reconnu comme maladie professionnelle dans la loi, et quand un salarié obtient gain de cause, c’est après un véritable parcours du combattant », explique-t-il. C’est pour cela que l’association se bat. Désormais, plus que l’amiante, ce sont des salariés ayant tous types de maladies professionnelles qui viennent à l’association.
L’association se félicite que trois nouveaux « tableaux » aient été créés par la sécurité sociale : le cancer du larynx et de l’ovaire provoqués par l’inhalation de poussières d’amiante, les affections cancéreuses provoquées par le trichloréthylène, et le cancer de la prostate provoqué par les pesticides. Mais le combat reste encore long.
Pour l’année 2024, l’association s’est fixée plusieurs défis. Rencontrer la direction de la CPAM de Belfort, pour « faciliter les transferts de documents dans le cadre de dossier à monter ». Continuer d’aller rencontrer les gens à domicile pour les aider dans leur démarche. Recevoir les personnes qui le souhaitent à leur permanence, désormais ouverte à la Maison du Peuple tous les mardis.
Faciliter les parcours et sensibiliser les particuliers
Mais aussi et surtout, l’association veut informer la population sur les risques liés à la manipulation de l’amiante. « On veut aider les personnes que ce soit pour éradiquer l’amiante ou pour les sensibiliser. Aujourd’hui, beaucoup de gens ne savent pas ce que c’est. Les fibres d’amiantes sont 400 fois plus petites qu’un cheveu. Elles pénètrent facilement par les voies respiratoires », explique le président de l’association.
Pour cela, Adevam-FC a créé une brochure de sensibilisation sur l’amiante, qui sera distribuée dans tout le Grand Belfort. L’Agglomération finance l’opération d’imprimer 70 000 brochures et de les distribuer. C’est un premier pas important. Jacques Rambur veut aller plus loin en « rencontrant les présidents des autres communautés de communes » pour que la sensibilisation ait lieu dans tout le nord Franche-Comté. « Car oui, l’amiante tue encore. Et nous aimerions que ce ne soit plus le cas, mais la réalité est tout autre. » Dans sa brochure, Adevam-FC se positionne comme un « lanceur d’alerte ». Le 3 juin, l’association rencontrera d’ailleurs le Dr Nassoy-Stehlin, présidente de l’ordre des médecins du Territoire de Belfort. « Cela nous permettra d’échanger sur les difficultés que rencontrent les personnes atteintes d’une pathologie due à leur travail, avec les médecins, qui n’ont pas forcément tous les outils. » Et ainsi continueront les actions pour sensibiliser et mieux accompagner.