Certains étaient là dès 7 h, ce jeudi 9 mars, devant le lycée Courbet à Belfort, pour bloquer le bâtiment, en protestation contre la réforme des retraites. À 10 h, « nous étions environ 300 devant le bâtiment », raconte Alan Beley, lycéen en classe de terminale au lycée Courbet. C’est lui et son ami Michel qui ont eu l’initiative de lancer un grand rassemblement. Une idée qui a émergé mercredi 8 mars, en fin de journée. « Sur Instagram, j’ai mis un message à des amis. Qui l’ont eux-mêmes dit à des amis. Sur le groupe créé, nous sommes passés de deux à une centaine en l’espace de deux heures.» Pour sa part, Alan manifestait pour la deuxième fois. « La première fois, c’était mardi (7 mars).» Lui, comme ses camarades, se sont mobilisés pour leurs parents, leurs oncles, tantes, grands-parents, parfois. « Pour ma part, j’ai un père qui travaille à l’usine. Et je ne vois pas comment il pourrait tenir jusqu’à 64 ans; c’est juste impossible.»
En soutien au blocage du Lycée Courbet de #Belfort.
— ★L̾̾o̾̾ï̾̾c̾̾G̾̾B̾̾B̾ (@knackizzzard) March 9, 2023
On lâche RIEN ✊ pic.twitter.com/NBxu21yWzU
Si l’ambition première était de bloquer le bâtiment, les élèves se sont finalement rapidement ravisés. Des camarades devaient passer un examen de qualification de langue; ils n’ont pas voulu les en empêcher. Ce qui devait être un blocage a donc été un grand rassemblement qui a mêlé lycéens et syndicats. Un rassemblement qui avait pour but de se mobiliser contre la réforme, mais aussi contre la précarité étudiante.
Plus localement, les lycéens en terminale dénoncent aussi les conditions dans lesquelles ils passent le bac cette année. Les épreuves de spécialités, qui constituent un tiers de la note, vont être passées les 20 et 21 mars. « Nous avons eu très peu de temps et nous n’avons le droit à aucun jour de révision en amont, alors que cela se fait dans d’autres établissements », explique Alan. Au bout d’une heure de manifestation, ils ont été reçus par la proviseure. « Elle nous a assuré qu’elle allait conseiller à nos professeurs de ne pas nous mettre d’évaluations la semaine avant le bac », relate-t-il. Un discours qui ne les a pas satisfaits. Même s’ils « remercient leurs professeurs » pour leur soutien. Pour rappel, eux aussi dénoncent les conditions dans lesquelles s’organisent le bac et la future rentrée (lire notre article).
À 11 h 45, les étudiants ont remballé pancartes et slogans. Quelques minutes plus tard, plus aucune trace de leur rassemblement sur place. « Nous sommes contents pour ça. Pour quelque chose d’improvisé la veille, tout s’est très bien passé. Il n’y a rien eu de cassé; tout a été nettoyé à la fin.» Et le message est passé : les lycéens, eux aussi, ne veulent pas de cette réforme, « pour nos parents maintenant, et pour nous plus tard », conclut le lycéen.