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Belfort : au coeur de l’action coup de poing menée par Gafamazone

Un grimpeur déplie la banderole sur la citadelle.

13 kilos, 25 mètres sur 5. Voici les mesures de la banderole déployée sur les toits de la citadelle ce jeudi 24 mars pour protester contre l’implantation d’un second entrepôt Amazon à Fontaine. Récit de cette action coup de poing aux côtés des activistes. 

13 kilos, 25 mètres sur 5. Voici les mesures de la banderole déployée sur les toits de la citadelle ce jeudi 24 mars pour protester contre l’implantation d’un second entrepôt Amazon à Fontaine. Récit de cette action coup de poing aux côtés des activistes. 

Pour lutter contre l’implantation d’Amazon à Fontaine, rien n’est trop grand pour le collectif Gafamazone. Ce jeudi 24 mars, les opposants au projet (gafamazone, les amis de la terre, mais aussi d’autres associations comme Climat 3 frontières) ont protesté en menant une opération d’envergure : dévoiler une banderole de 25 mètres sur 5 mètres sur les terrasses de la citadelle au-dessus du lion. Les activistes se sont donné rendez-vous à 8h30, au pied de la citadelle de Belfort. Le ciel est bleu, les oiseaux chantent. Et le collectif décide de se faire passer pour un petit groupe de randonneurs pour accomplir sa mission. Mais dans les sacs à dos, harnais, lestes, attaches et pancartes sont prêts à être utilisés une fois qu’ils seront tout là-haut. 

« Plusieurs députés ont essayé de faire voter un amendement contre l’implantation de tous ces sites, même des députés LREM », expose Karel Trapp, porte-parole du collectif Gafamazone. « Mais ils se sont vus menacés de ne pas avoir l’investiture LREM pour les élections législatives s’ils continuaient dans cette voie », raconte-t-il en se dirigeant vers la terrasse panoramique de la citadelle. L’action menée par les associations aujourd’hui répond à un appel national coordonné par l’association Les amis de la terre, lancé pour protester contre Emmanuel Macron et sa gestion de l’implantation d’entrepôts Amazon. « Entre 2017 et 2022, nous sommes passés de 4 à 44 entrepôts », argue le chef de fil. 

Sur le toit panoramique, à 9h, tout le monde a une tâche. Il faut faire vite, pour ne pas éveiller les soupçons de la police. En dix minutes, top chrono, la banderole de 13 kilos, faite à partir d’une toile de parachute, est attachée à des liens et à des chaussettes remplies de sables. Deux grimpeurs, venus de Besançon, s’élancent dans le vide pour faire basculer la banderole. C’est l’heure. En deux-trois mouvements, elle est en place. Et on peut lire, d’en bas, depuis le parking de l’Arsenal : « Macron a livré notre région à Amazon. »

Une banderole retirée après seulement deux heures

Le soleil est pile au-dessus de la citadelle, entre 9h et 10h. La banderole se distingue difficilement depuis le parking de l’Arsenal. Et c’est sûrement ce qui a retardé l’arrivée de la police municipale. Mais dès 10h, plusieurs camionnettes de policiers municipaux sont arrivées pour surveiller la citadelle et l’action en cours. En tout, une dizaine de policiers était mobilisée.

Les activistes ont proposé de retirer la banderole à la fin de la journée et les échanges étaient plutôt cordiaux entre police et manifestants. Mais du côté de la préfecture, c’était une tout autre ambiance. Le préfet a donné l’instruction de faire enlever immédiatement la banderole, précise un agent de police. Finalement, ce sont les pompiers qui sont venus l’enlever. Juste avant midi. « Nous sommes contents, l’action a quand même bien tournée sur les réseaux sociaux », expose l’une des membres. 

« Cette action est hautement symbolique », explique Karel Trapp. Avoir choisi la citadelle avec le Lion de Belfort en contrebas, symbole de résistance, était la manière du collectif de montrer sa résistance, sa défiance vis-à-vis de ces implantations. « Notre région veut résister contre la multinationale qu’est Amazon. »

Ces protestations arrivent juste avant la communication de la décision du tribunal administratif de Besançon concernant l’implantation d’une plateforme de stockage de 76 000 m2 d’Amazon à l’Aéroparc de Fontaine (lire notre article). L’audience, qui s’est tenue il y a un mois, avait été soldée par la demande du rapporteur public d’annuler le permis de construire ainsi que l’autorisation environnementale. Mais le collectif n’est pas dupe. Même si cette condamnation aboutit, Vailog, qui est l’opérateur de la construction, pourra refaire une demande en respectant la procédure, puisqu’elle serait condamnée, pour le moment, selon eux, pour un vice de procédure. « Ce qui a compté dans le procès, c’est la forme et pas le fond », se désole Karel Trapp. Les actions entreprises depuis 2020 vont continuer. Les organisateurs réfléchissaient déjà, avant d’être arrêtés pour des contrôles d’identité au pied de la citadelle, à une prochaine date.

Parmi la classe politique, Thiébaud Grudler, coordinateur départemental de la majorité présidentielle, a envoyé un communiqué pour dénoncer un « happening purement démagogique » qui a pour raison « l’installation d’un entrepôt Amazon à Fontaine créateur de 300 emplois.» Il insiste sur le fait qu’il condamne cette action. Une position politique marquée sur un dossier belfortain, qui n’a sûrement rien à voir avec son ambition de se présenter aux élections législatives dans la première circonscription du Territoire de Belfort en juin 2022. Du côté du maire de Belfort, Damien Meslot s’est empressé de fustiger l’action lors d’une conférence de presse annonçant un nouveau projet de consommation autonome d’énergie sur le Techn’Hom : « Nous on ne déplie pas des banderoles, on agit », a-t-il rétorqué.

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