Il y a une semaine, à peine, un individu a été retrouvé mort à Audincourt. Paul-Édouard Lallois, procureur de la République de Montbéliard, a qualifié ce meurtre de possible « narchomicide » lundi 1er septembre lors d’une conférence de presse (lire notre article). Le lendemain, mardi 2 septembre, nouvel événement marquant.
Il est 22 h 20 quand plusieurs individus cagoulés et armés pénètrent dans un snack situé au 35 rue de Valentigney, à Audincourt. Une dizaine de personnes sont sur place. Plusieurs coups de feu retentissent. Et seul l’un d’eux est visé : le gérant, blessé aux deux jambes, au mollet et à un genou. Les individus prennent la fuite à bord d’un véhicule en cours d’identification. L’homme est transporté à l’hôpital Nord Franche-Comté, mais ses jours ne sont pas en danger.
L’événement bouleverse le maire d’Audincourt, Martial Bourquin (PS) qui considère que ces faits sont tous liés « au trafic de drogue ». Il dépeint une situation « inquiétante » et « alarmante », dans un communiqué transmis aux rédactions. « Je ne tolérerai jamais qu’Audincourt devienne le théâtre d’affrontements sanglants, enracinés dans le narcotrafic et le grand banditisme », poursuit-il.
L’édile a pris contact avec la préfecture du Doubs pour placer la ville sous le dispositif « Ville de sécurité renforcée » prévu par la loi anti-narcotrafic. « Cela permettra d’obtenir des renforts policiers, de mettre en œuvre des opérations de déstabilisation ciblées contre les narcotrafiquants et de lutter contre les commerces soupçonnés de blanchiment », explique-t-il.
La préfecture, sollicitée, précise que le préfet « a bien reçu la demande du maire ». Deux sections d’une unité de CRS, soit 45 agents, seront envoyées à Audincourt dès ce mercredi soir, confirme-t-elle, dans le cadre d’un dispositif d’urgence.
« Un pur hasard »
Lors d’une conférence de presse ce mercredi, le procureur de la République de Montbéliard explique que le gérant « était visé, comme le confirment toutes les personnes sur place et la victime elle-même, qui a pu être entendue dans la nuit ». Le gérant de pizzeria, âgé de 33 ans, a expliqué ne pas savoir pourquoi il était pris pour cible.
Paul-Edouard Lallois ne fait aucun lien entre le meurtre de la semaine dernière et les tirs au snack. « Le mode opératoire est assez différent », commente-t-il. Le procureur a ouvert une enquête en flagrance pour tentative de meurtre en bande organisée. La DCOS du Doubs (Division de la criminalité organisée et spécialisée) a été saisie. Aucune interpellation n’a eu lieu pour le moment. Seul point commun possible, mais pas encore avéré, entre les deux affaires : le mobile lié au narcotrafic. « On s’interroge sur cette possibilité », détaille le procureur. La victime n’a pas été condamnée depuis plus de treize ans. Sur son casier, une condamnation pour stupéfiants est recensée début 2010. Rien depuis.
Paul-Édouard Lallois, estime que « c’est un pur hasard que cela tombe deux fois sur Audincourt. Il n’y a pas de stigmatisation à avoir. La première se passe dans un quartier tranquille d’Audincourt, et celle-ci dans un commerce. Cela aurait aussi bien pu se passer à Valentigney ou à la Petite-Hollande. Le narcotrafic est présent en tout point. »
Trois saisies de la DCOS ont dû être faites en trois mois, ajoute-t-il : pour le meurtre à Sochaux le 29 juin (lire ici), pour le meurtre d’Audincourt la semaine dernière, puis pour cette affaire. « De notre côté, nous avons besoin de moyens pour avoir des enquêteurs. Ce nombre de dossiers est considérable pour un ressort comme le nôtre. C’est ça qui m’inquiète », conclut-il.